Talk Talk
de T. Coraghessan Boyle

critiqué par Ori, le 8 septembre 2011
(Kraainem - 88 ans)


La note:  étoiles
500 pages, et tout ça pour ça ?
Après avoir été séduit par l'écriture et le sujet de son passionnant 'America', j'ai été tenté de lire un autre opus de cet auteur et suis tombé de très haut ...

Talk Talk, c'est l'histoire de Dana Halter, une jeune prof de Californie atteinte de surdité congénitale et dont la vie va basculer, l'espace d'un week-end. Stoppée par la police de la route pour une banale infraction, les autorités lui découvrent un dossier lourd d'une série de délits financiers perpétrés dans plus d'un état de l'Union, et c'est alors l'arrestation immédiate avec mise sous les verrous.

Heureusement que l'innocente héroïne, disposant du droit à un téléphone unique, appelle son petit ami, Bridger Martin et c'est le début d'une très longue aventure : comment, une fois reconnue la bonne foi de Lana libérée après plus de 48h de détention, le jeune couple va-t-il pister l'escroc, usurpateur d'identités multiples, dont celle de Lana ?

Mis à pied par leurs employeurs respectifs à la suite de ce week-end tumultueux et de ses suites, Lana et Bridger peuvent dès lors entreprendre la longue traque en vue de débusquer William Peck, le malfrat.

Celui-ci, ancien taulard, violent et jouisseur, mène grand train grâce à divers cartes de crédit et plaques de véhicules obtenus à partir de téléphones mobiles volés et de numéros de Sécurité Sociale détournés. William achète et vend froidement voitures et biens immobiliers tout en tenant sa belle Natalia dans la parfaite ignorance de ses agissements délictueux. Se sachant pisté par ses victimes, l'escroc fuit la côte Ouest pour rejoindre New-York et la région de son enfance.

Dana et son 'boy friend' parviendront-ils enfin à faire arrêter l'imposteur ?

Au travers de ce trop long roman, nous faisons connaissance avec les affres de la surdité et compatirons avec l'héroïne, et ses capacités de résistance dans l'adversité. En intitulant son roman Talk-Talk, T.C.Boyle nous réfère à ce mélange des genres associant tout à la fois la lecture sur les lèvres, et le langage codé à l'aide des signes de la main, le tout ponctué de sons rauques émis en réflexe par la malentendante.

Tout au long de ce roman-fleuve, véritable logorrhée torrentielle, qui cultive les détails et les longueurs au delà du supportable, le lecteur a le sentiment d'avoir également été une victime : celle d'un syndrome du Write-Write contracté par l'auteur ! : 500 pages qui n'en valaient vraiment pas le détour, même si le sujet, autrement traité, aurait pu être attachant ...
C'est pas du toc... 7 étoiles

L'usurpation d'identité: comme cela semblait alléchant surtout sur fond de road movie: une jeune femme sourde est arrêtée à tort et surtout très brutalement par un flic américain. ..chefs d'accusations multiples (impayés, infractions dans différents états,...)
L'usurpateur très adroit réussira-t-il toujours à s' en sortir pisté par la victime et son petit ami..??? A noter que le méchant est aussi quelqu'un d'attachant sous certains aspects et c'est là que le livre est intéressant car lui-même se sentira comme victime d'une confiscation de son propre bonheur...
Un polar qui n'en est pas un mais plutôt une réflexion sur la perte d'identité, sur l'isolement et la configuration de chacun par rapport au monde qui nous entoure.
Tout le monde est sourd à sa manière et chacun souhaite inconsciemment évoluer dans son propre univers même si il très difficile de s' en rendre compte...
T.C Boyle est toujours aussi fascinant pour moi après avoir lu: histoires cruelles, américa et water music; je continuerai volontiers à découvrir cet auteur si prolifique...

Pats60 - - 64 ans - 5 août 2015