Dix-neuf contre la mer
de James Norman Hall, Charles Nordhoff

critiqué par Antinea, le 12 septembre 2011
(anefera@laposte.net - 45 ans)


La note:  étoiles
Les rescapés de la Bounty : l’autre partie de l’histoire
Alors qu’il faisait route pour les Antilles après six mois passés à Tahiti, l’équipage du sloop la Bounty s’est révolté contre son capitaine, l’impitoyable William Bligh. A la tête des mutins, Christian Fletcher, l’officier en second, qu’une dernière « brimade » a achevé de décider. Les mutins s’emparent du navire et abandonnent sur une chaloupe Bligh et dix-huit de ses plus loyaux marins. On connaît tous à peu près cette histoire véridique et ce qui est advenu ensuite des mutins, notamment grâce au film magnifique de Lewis Milestone avec Marlon Brando. Mais le devenir des hommes laissés en pleine mer sur leur chaloupe surchargée est moins ancré dans nos mémoires. Ils s’en sortirent. Mais à quel prix… C’est ce voyage de quarante et un jours que les auteurs se sont proposés de reconstituer à partir du carnet de bord de William Bligh. Nordhoff et Hall rapportent cette partie de l’histoire dans « Men against the sea » après avoir raconté la mutinerie et l’errance des mutins dans deux premiers volumes «Mutiny on the Bounty » et « Pitcairn’s island ».

L’histoire est rapportée du point de vue du médecin de bord, Monsieur Ledward, pour satisfaire au format du roman. Alors que la Bounty disparaît sur la ligne de l’horizon, Bligh, furieux, sait qu’il a la vie de ses hommes sous son entière responsabilité. Il organise un rationnement plus que sévère des vivres et de l’eau que les mutins leur ont laissé et, en marin aguerri, établit le plan de route le plus faisable : celle qui les conduira au Timor. Mais les contraintes sont difficiles : l’excès d’hommes et de chargement sur une si petite chaloupe, les obligeant à écoper sans cesse pour ne pas couler, l’océan indomptable de cette partie du globe, les îles peuplées de tribus inhospitalières qui limitent les occasions d’accoster pour chercher de quoi manger…

Que ces hommes aient survécu tient du miracle quand on lit ce qu’ils ont affronté, et on ne peut que reconnaître les mérites du capitaine Bligh, homme fort de caractère et meneur né, dans ce sauvetage. Il est dommage que la postérité n’ait retenu de l’homme que sa tyrannie, car il est incontestable, à la lecture de ce roman passionnant, que William Bligh avait pour ses marins le plus profond respect. Rien n’est blanc ou noir, ce serait trop simple…
Une histoire vraie 8 étoiles

J’avais su en finissant « Les révoltés de la Bounty » que le capitaine Bligh et ses dix huit hommes restés loyaux, entassés dans leur chaloupe, avaient presque tous survécu à une terrible traversée.
En ouvrant ce tome, j’ai découvert leur aventure et leurs souffrances pendant quarante jours où ils ont parcouru des milliers de kilomètres avant d’atteindre un comptoir tenu par les hollandais. Ce voyage inouï sur une chaloupe dotée d’un mat n’a pu être réalisé que grâce aux qualités exceptionnelles de marin et de meneur d’hommes de Bligh dont la discipline de fer, cause de la mutinerie, est ici la condition du salut.
Toujours une lecture plaisante, pleine de rebondissements.

Romur - Viroflay - 51 ans - 25 février 2017