Les bébés de la consigne automatique de Ryū Murakami
( Coin lockers babies)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Une vision sombre et violente de la société japonaise.
On sort toujours un peu groggy de la lecture d'un livre de Ryu Murakami, et celui-ci ne fait pas exception. Une nouvelle fois, l'auteur livre une vision plutôt sombre de la société japonaise, en nous racontant le destin de Kiku et Hashi, deux enfants attachants qui vont se transformer en bourreaux. Kiku et Hashi ont chacun été abandonné par leur mère dans une consigne de gare. Ils s'en sont sortis miraculeusement mais les quelque heures passées à hurler dans le casier de la consigne ne peuvent que laisser un profond traumatisme, on s'en doute.
Les deux enfants, qui deviennent inséparables, sont confiés à un orphelinat. Pour calmer leur pulsions violentes, on leur fait suivre un traitement d'avant garde; endormis, ils sont exposés à un son rappelant les battements de coeur qu'ils entendaient avant de naître. Ce traitement efficace à court terme, laissera des séquelles.
Hashi, le plus faible des deux, deviendra obsédé par la recherche de ce son parfait, dont il ne connaît pas l'origine. Il part à la recherche de sa mère, échoue dans les bas-fond de Tokyo, se prostitue, se drogue puis finit rock star, vite déchue, avant de sombrer dans une folie meurtrière. Kiku, champion de saut à la perche, est exclusivement animé par son désir de violence et de vengeance. Il évolue dans le même Tokyo déshumanisé, à la recherche du gaz toxique qui lui permettra de nettoyer cette ville infernale de ces habitants.
On l'a compris ce livre est dans la lignée des autres de Ryû Murakami; sombre, il dépeint un monde vide de sens et d'espoir. On évolue dans une société anonyme, avec les drogués, pervers, prostitué(e)s de toute sorte. Les deux enfants du début, purs et attachants, se pervertissent sous l'emprise de cet univers et deviennent eux-même des bourreaux, animé par un désir de vengeance contre leur destin d'enfants abandonnés.
Un livre dur mais le récit ne manque pas de souffle.
Les héros, anges déchus, ne laissent pas indifférent. L'auteur dépeint avec beaucoup de réalisme et de sobriété une vision parfois apocalyptique de la société japonaise. Un livre intéressant mais ce n'est pas mon préféré de l'auteur. Son style se prête mieux aux cours récits qui caractérisent 'Bleu presque transparent' et 'Lignes', à mon avis. J'ai moins aimé aussi la touche de surnaturel qui dénature un peu le récit.
Les éditions
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Les bébés de la consigne automatique [Texte imprimé], roman Murakami Ryû trad. du japonais par Corinne Atlan
de Murakami, Ryū Atlan, Corinne (Traducteur)
J'ai lu / Roman
ISBN : 9782290050248 ; 2,98 € ; 04/06/1999 ; 509 p. ; Poche -
Les bébés de la consigne automatique [Texte imprimé], roman Murakami Ryû trad. du japonais par Corinne Atlan
de Murakami, Ryū Atlan, Corinne (Traducteur)
Editions Philippe Picquier / Picquier poche (Arles).
ISBN : 9782877303842 ; 10,70 € ; 23/04/1999 ; 521 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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De déviances en déviances
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 13 mai 2024
Ryu Murakami, à ne pas confondre avec son célèbre homonyme Haruki Murakami, est connu pour ses romans Gonzo, Miso soup et bleu presque transparent en tête.
Dans la pure lignée de cette mouvance artistique les bébés de la consigne automatique est un roman assez étrange. Etrange de par son ton, son style mais aussi et surtout pour l’histoire racontée.
L’auteur nous narre ainsi le parcours quelque peu chaotique de deux bébés sauvés d’une mort certaine après avoir été enfermés dans une consigne automatique. Une entrée brutale dans la vie qui ne sera pas sans conséquence.
Par la destinée de ces deux enfants Ryu Murakami nous plonge dans un Japon alternatif dans lequel la solitude semble exacerbée. Tokyo est totalement déshumanisée. Le récit est truffé de situations glauques et suivre l’évolution vers le néant de nos personnages principaux n’est pas sans conséquence sur le lecteur. Pourtant habitué à la noirceur, le côté malsain du récit m’a parfois mis mal à l’aise. Néanmoins les bébés de la consigne automatique se lit bien et c’est avec un certain soulagement que s’est achevée cette lecture.
Au final un sentiment mitigé, comme l'impression d'avoir vécu une curieuse expérience qui laisse un goût amer dans la bouche…
Les deux frères japonais
Critique de Koudoux (SART, Inscrite le 3 septembre 2009, 60 ans) - 16 août 2021
Cependant, c’est un roman de grande qualité, avec pour moi un peu trop de longueurs à certains moments.
On suit en parallèle les destins de deux enfants qui vont sans cesse revivre le traumatisme de leurs premiers jours.
Ils vont passer de victimes à bourreaux et la violence va monter crescendo.
J’en suis sortie un peu groggy et ne pense pas lire d’autres livres de l’auteur.
Bref ce n’est pas ma tasse de thé mais pour « le sujet » et non pas par rapport à la « qualité » du roman.
Pas pour des personnes sensibles !
Ne vaut que pas son titre et sa couverture
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 6 novembre 2020
Son frère de coeur qui, comme lui, a été trouvé dans une consigne automatique et a survécu, réussit à faire de nombreux morts, à quasi détruire la ville de Tokyo, il arrive au summum de la destruction qui, au final, ne fut que son obsession tout au long de sa vie.
On assiste au développement de la folie de ces deux enfants jusqu'à l'âge de jeune adulte.
Ce ne sont qu'enchaînements de comportements invraisemblables, de violences gratuites, d'agressions sanguinaires, de volonté de destruction, de cerveaux totalement hermétiques à un fonctionnement cohérent.
C'est épuisant, non pas en raison de l'écriture, qui reste correcte malgré une grosse faute de français répétée de la part du traducteur, mais en raison de cette déraison permanente.
Où est l'intérêt d'un tel récit ? On n'assiste pas à une descente aux enfers, ils y sont dès leur naissance.
Ce comportement destructeur se raccroche plus à l'abandon qu'à la consigne automatique. Ce phénomène sans être courant, n'était pas rare à cet époque semble -t- il mais ils sont des survivants qui ont passé une épreuve et dont le seul objectif est de détruire.
Comment la société ne se rend pas compte de ces problèmes psychiatriques.
La compassion, l'empathie à leur égard s'éprouvent pendant deux, voire trois pages et ensuite, ils deviennent détestables.
Bizarrement, pendant les quatre cinquièmes de l'ouvrage, sans que ce soit vraiment passionnant, je me suis accroché, trouvant des pistes susceptibles d'amener une solution pour ces deux êtres mais le dernier cinquième est un vrai pensum car on ne trouve aucune raison aux comportements et l'on a des incohérences dans le récit.
L'un d'eux est en prison et tout se déroule pour le mieux quand, soudain, au détour d'une page, on découvre qu'il a élaboré tout un projet d'évasion et qu'il a déjà réussi à mettre en place une certaine logistique, comme s'il avait suffi d'un claquement de doigt. Aucune évolution psychologique, aucun débat intérieure, aucune réflexion logistique et ça arrive comme un cheveu dans la soupe.
La petite amie de l'un des deux élève un crocodile adulte dans son apparemment, crocodile classique alors qu'au départ elle pensait avoir une version naine (adulte ça mesure au minimum 4.5m, pèse plusieurs centaines de kg). Elle quitte son appartement et emmène son crocodile... toute seule... pour le mettre dans sa voiture (petite). Finalement elle le perd sur l'autoroute....
Où réside l'intérêt d'un tel récit ? Il doit y en avoir un car il a été honoré d'un prix prestigieux dans son pays.
Est-ce cela la littérature japonaise ? Je n'en suis pas à ma première expérience et j'y ai déjà été confronté à ces milieux glauques mais avec moins de démence cependant (Les garçons de cristal). Ce dernier roman s'éternisait mais avait, en regard de celui-ci, une certaine cohérence.
Ce n'est pas le côté noir des choses qui me dérange mais ces comportements complètement incompréhensibles que rien ne vient expliquer, justifier. Si on comprend l'un d'eux, le suivant, ne se relie pas avec le précédent.
En conclusion : j'ai lu ce long roman (520 p) en étant soutenu par l'espoir d'une amélioration et finalement on se retrouve à la dernière page sans aucune réelle évolution en ayant nagé dans des élucubrations toutes aussi glauques les unes que les autres.
Le seul à peu près d'aplomb dans ce roman est le producteur de disques intéressé par l'argent et prêt à pressurer les gens pour cela.
Si vous voulez faire une idée de la littérature japonaise, cela peut être tenté en se préparant à n'avoir rien appris arrivé au terme, sinon, il ne vaut que par son titre et sa couverture.
Deux destins incroyables ...
Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 8 janvier 2013
Le mal être, le sexe et la violence alimentent leur quotidien morbide et déprimant même pour le lecteur. Ce roman est vraiment sombre et tragique. Les héros sont condamnés dès le début du roman et ne peuvent se libérer de certaines entraves.
Malgré sa longueur, le roman se lit facilement et est marquant. Le lecteur suit ces deux êtres perdus et quelque peu dangereux. L'univers de Ryu Murakami est particulier, presque apocalytique. Peu d'espoir, peu de sentiments nobles. Les personnages connaissent une déchéance morale. A force d'accumuler les scènes choquantes, le lecteur que je suis a pris de la distance avec ce roman. L'on sent trop cette volonté de marquer les esprits, les artifices de l'auteur. L'originalité est une richesse pour un roman, ici l'on se demande jusqu'où ira l'auteur pour frapper notre imagination.
Je ne regrette absolument pas ma lecture car le roman est atypique et l'écriture de Murakami me plaît, je regrette toutefois cette surenchère ...
Consigne vide
Critique de Perlimplim (Paris, Inscrit le 20 mars 2011, 48 ans) - 3 novembre 2011
No futur !
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 7 juin 2011
Succès quasi mérité
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 1 septembre 2009
“- Mais tu attends quoi ? Tu auras beau attendre, rien ne viendra jamais, ton attente n’est qu’un prétexte à ne rien faire, une illusion. Perdue dans un désert aride, tu avales du sable en croyant boire de l’eau.
Une illusion et alors ? Je vois des mirages, je sais, et alors ? J’en ai marre de l’eau, moi, j’en suis écœurée à mourir, plutôt qu’une vieille eau croupie je préfère mille fois des grains de sable qui grincent entre les dents et déchirent la gorge jusqu’au sang, je suis malade à vomir de respirer ce vieil air stagnant, mon ennui finira par recouvrir la terre et j’allumerai un feu avec , tandis que toi, pour retenir ton envie de vomir, tu écoutes toujours les mêmes vieilles chansons sans te rendre compte à quel point elle t’ennuient, comme un vieux qui va à la pèche pour passer le temps, mais moi mon ennui j’irai le brûler au soleil, il deviendra un énorme ballon d’air chaud qui se transforme en énorme nuage et quand ce nuage crèvera une pluie se mettra à tomber sans s’arrêter jusqu’à ce que tes poumons en pourrissent d’humidité, les trottoirs mouillés finiront par se fendre, les flaques s’élargiront en petites rivières coulant entre les buildings, le niveau de l’eau montera tous les jours jusqu’à ce que l’humidité empêche tout le monde de respirer et que les palétuviers poussent entre les fentes du béton, la villes les arbres s’écrouleront, pourriront dans l’eau et deviendront des nids d’insectes venimeux comme tu n’en as jamais vu, les insectes pondront des œufs d’où des larves sortiront en rampant et c’est alors que tes cauchemars d’alcoolique et d’overdose de sperme commenceront à se réaliser, les insectes viendront se nourrir de tes chairs pourries, ta chambre de malade deviendra un repaire de vers et d’araignées mais ce que j’attends le plus viendra seulement après tout ça, quand la pluie sera calmée : un soleil dix fois plus gros qu’avant se lève, et moi je vis avec Gulliver en haut d’une de ces tours restées debout et je regarde en bas et je vois des forêts tropicales et des fleurs de jungle et des gens brûlées par les fièvres, voila ce que j’attends, voila ce que je désire.”
Le style de ce livre se rapproche certes de celui de Ryû en général, mais pourtant il y a dans Les bébés de la consigne automatique quelque chose en plus. Mes petites habitudes de lecture font que lorsque je lis pour la première fois des écrivains renommés, je commence d’abord à parcourir leurs livres les moins connus pour découvrir ensuite les bestsellers, ou du moins ceux qui ont eu le plus de succès. C’est ainsi que je suis arrivée à la lecture de celui-ci après avoir lu 5 ou 6 œuvres du même écrivain. Ce qu’il a en plus ou de différent, ce sont ces phrases longues, parlées, qui se perdent en métaphores souvent simplistes mais vraies, sans faire réfléchir mais passionnantes, enivrantes.
J’ai vraiment des avis très mitigés en ce qui concerne les livres à succès, particulièrement à propos de ceux qui viennent du Japon, parce que le Japon est “à la mode”, qu’il inspire, et qu’il bénéficie ainsi peut-être de critiques moins poussées. Enfin ce préjugé est sans doute injustifié, notamment après la lecture des Bébés de la consigne automatique.
Deux nourrissons sont abandonnés dès leur naissance dans des consignes de gare et miraculeusement retrouvés vivants. Adoptés, leurs chemins n’arrêtera pas de se mêler et leur destin sera toujours lié. Leur existence sera comme celle qui semblait leur être promise lors de leur abandon : terne, effrayante, choquante. Ils seront toujours attirés par le sang, la violence, le cynisme, ils seront sadiques, cruels, vils. Et pourtant ces deux garçons sont bien différents. Hashi, peureux, influençable, popstar, Kiku athlète, admiré, attirant, courageux. Leur vie (comme le livre) sera rythmée par le sexe, la dépression, les désastres, les rencontres étranges, l’amour, la fraternité, bref, les ingrédients de toutes les dégustations de Murakami.
J’ai aimé ce livre, mais je ne vois pas pourquoi ses critiques sont si élogieuses contrairement à par exemple celles de Miso soup. J’y retrouve toujours le même refrain (dont je ne me lasse pas) mais l’histoire est en effet beaucoup plus détaillée, arrangée, maitrisée ; pas étonnant vu la longueur du roman.
Bref, je me tarde toujours à lire la trilogie de Ryu qui apparemment ressemble beaucoup à Bleu presque transparent, et qui risquerait dont de faire baisser énormément ce Murakami dans mon estime.
Compagnons d’infortune
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 6 juillet 2009
L’aspect le plus intéressant est le portrait du Japon contemporain, quoiqu’il soit difficile d’en croire l’authenticité. En quelque part, ce roman me fait penser à « L’Orange mécanique » de Burgess. Toutefois, l’utilisation de la violence et les passages provocants semblent forcés pour volontairement déranger le lecteur au lieu de soutenir le récit.
Nés pour tuer
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 3 mars 2009
Etonnant, inattendu, mais très dur
Critique de Méliemélo (, Inscrite le 19 mai 2004, 52 ans) - 19 mai 2004
L'écriture y est tranchante, et ce qui est très étrange, c'est qu'on sent dès le début du livre, qu'il n'y a aucun espoir et qu'au contraire, la violence et la détresse de ces 2 enfants vont aller crescendo.
Je trouve cependant parfois que les descriptions des lieux et des atmosphères manquent un peu de "réalité" ou de "précision" et qu'on tombe parfois un peu trop dans un univers un peu surréaliste... sûrement voulu par l'auteur, mais qui ajoute un côté obscur à l'histoire qui n'en avait sans doute pas besoin.
J'ai aimé ce livre mais je ne le conseillerai pas comme un excellent livre, mais plutôt comme un livre à découvrir ... qui ne laisse pas indifférent, c'est certain !
Noir c'est noir!
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 avril 2004
J'avoue avoir apprécié le fait que l'histoire ne commence pas par de bons et pieux sentiments face à ces deux bébés déposés dans une consigne. Un "Happy beginning" m'aurait peut-être poussée à clore trop rapidement ma lecture, mais là... je ne m'attendais pas à une histoire aussi terrible! Rien ne sourit à ces deux-là et c'est avec une froideur terrifiante que l'assassinat maternel est envisagé.
Très vite on comprend que c'est la vengeance destructrice qui les anime et ils iront jusqu'au bout, on se surprend à les encourager car on sait que rien de bien ne pourra leur arriver et qu'ils ne trouveront leur liberté que dans ces horreurs. C'est admirablement bien écrit et ce cynisme fait froid dans le dos.
Froid dans le dos
Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 13 mars 2004
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