Airborne 44, Tome 3 : Omaha Beach
de Philippe Jarbinet

critiqué par Vince92, le 19 septembre 2011
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Un scénario qui n'est pas a la hauteur des dessins
Si les deux premiers tomes d'Airborne 1944 avaient été pour moi une bonne surprise, ce troisième titre de la série ne présente plus le même intérêt et constitue même une déception étant donné la faiblesse du scénario.

Les bons sentiments sont omniprésents, il n'y a guère de nuances dans le manichéisme de la 2nd guerre mondiale, ce sont les salauds moches, cruels et violents contre les jeunes, beaux et héroïques héros.

Les dessins de Ph.Jarbinet sont en revanche toujours aussi élégants et agréables, la documentation iconographique est également (quasiment) irréprochable... comme le premier diptyque.

Un sentiment partagé donc , en attendant la seconde partie de cette aventure.
J'ai quand même bien apprécié... 8 étoiles

La première grande surprise quand on ouvre ce troisième album de la série est de se voir faire un sacré retour en arrière. Avec le premier diptyque, nous étions dans la bataille des Ardennes, en décembre et janvier 1944. Là, nous commençons par replonger dans les années d’avant-guerre, puis, comme nous avons lu le titre, nous attendons, sans même une trace d’impatience, le fameux débarquement de juin 1944. Pourquoi avoir fait les choses à l’envers ?

C’est Philippe Jarbinet lui-même qui explique tout. Son projet, au départ, prévoyait bien de traiter les évènements dans l’ordre chronologique, à savoir, le débarquement en Normandie, puis la grande bataille des Ardennes. Mais comme la série paraissait un peu lourde pour un marché qui n’était pas sûr, les éditions Casterman lui proposèrent de traiter sous forme de diptyque la bataille des Ardennes. Et, comme les choses ont plutôt bien marché, voici en second diptyque ce qui n’est en fait que le début de l’histoire. Pour ceux qui n’auraient pas encore lu les deux premiers volumes, vous pourriez bien commencer par le tome 3, puis le tome 4, puis le tome 1, enfin le tome 2… Un peu atypique, mais, en fait pas très compliqué car les deux diptyques peuvent se lire, aussi, de façon séparée….

Cet album, Omaha Beach, commence avec des soldats américains prêts ou presque à l’enfer du débarquement. Ils ne sont plus qu’à quelques encablures de la plage et Gavin, l’un d’eux, va se souvenir de l’été 1938. A cette époque, il est venu passer quelques semaines avec ses parents en vacances. Si son père est bien américain, sa mère, elle, est normande. Ce retour au pays lui fait du bien, lui permet d’oublier la maladie… Quant à lui, Gavin, cela lui donne l’occasion de tomber amoureux de Joanne… Mais l’été a une fin, les vacances aussi, et il reprend la direction des Etats-Unis. Quand il reviendra, ce sera pour débarquer en Normandie et participer à la défaite nazie. Parfois, les destins personnels et nationaux se rejoignent, se croisent, se confondent…

Mais si cet album est avant tout un hommage magistral à tous ceux qui se sont retrouvés en combattant dans cet affrontement final, il est aussi l’occasion de nous montrer comment des petits détails nous font prendre une direction ou une autre. Que faut-il pour devenir résistant ? L’agressivité d’un Allemand dans un contrôle ? La bêtise d’un Français qui n’a rien compris et qui relativise trop ces temps de guerre ? Oui, un peu de tout cela tandis qu’il faut une bonne dose d’insouciance aux jeunes Américains pour croire que la reconquête de l’Europe se passera sans trop de problème…

Un bon album, avec tous les éléments pour un drame en train de se construire. Il est certain que les lecteurs passionnés de la guerre seront déçus car il ne s’agit pas d’une reconstitution du débarquement dont nous ne percevons que quelques séquences, tandis que les amateurs de belles histoires sentimentales, eux-aussi, seront perturbés car il ne s’agira pas de se faire retrouver Joanne et Gavin trop rapidement pour un happy end larmoyant… en fait, seuls les lecteurs qui aiment les destins humains s’y retrouveront car ils savent que la guerre est toujours un drame qui ne finit jamais bien…

Un bon scénario, un dessin solide, une épopée de qualité !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 22 janvier 2012