Où est le bouton ?

On est à coup sûr dans la même veine que « Alors heureuse... croient-ils ! : La vie sexuelle des femmes normales : La gent masculine et le plaisir des femmes », autre titre d’Elisa Brune largement commenté sur ce site. Mais en plus scientifique, du moins en ce qui concerne la première partie qui nous parle de l’orgasme dans le monde animal ou même de l’ « utilité » de l’orgasme en terme de préservation de l’espèce. Réponse : aucune utilité, ou presque. Tout ce que l’on a trouvé, c’est que l’orgasme empêche la femme de se relever trop vite, augmentant ainsi les chances de fécondation. Mais là aussi, gros doute, car, comme le dit Elisa Brune « si on veut vraiment parler de l’orgasme féminin pendant la pénétration, le moment où il a statistiquement le plus de chance de se produire, c’est lorsque la femme est assise sur l’homme, dans une configuration de gravité maximale, donc ». Et par « gravité », on ne veut pas parler ici de « sérieux » n’est-ce pas, mais de gravitation (la gravitation est ce qui attire les corps entre eux, donc, on reste dans le sujet…).

Tout le monde sait que l’orgasme féminin ne va pas de soi et que les messieurs peuvent être extrêmement maladroits. Pourtant – tenez-vous bien – on a aujourd’hui la certitude que les petites filles se masturbent à partir de 5 mois et qu’elles ont un orgasme ! Comme quoi la mécanique est bonne.

La partie ethnologique est très instructive elle aussi : les auteurs nous citent plusieurs cultures (souvent petites et insulaires) où les pratiques liées au sexe sont particulièrement savantes et épanouies. Autre chose que notre culture étouffée par le christianisme (mais pourquoi le bon dieu est-il aussi coincé ?) et par Freud.

Le romantisme, lui aussi, a fait beaucoup de dégâts. Et les tombereaux de sentiments jetés à la pelle sur l’acte sexuel. Eh non, l’amour ne facilite pas l’orgasme ! C’est parfois même le contraire tant il entraîne d’autres enjeux. Par contre, il favorise le désir, c’est toujours ça.

« Ce qui est sûr, c’est que si beaucoup de femmes ne jouissent pas pendant les rapports sexuels, ce n’est pas parce que la nature est mal faite. C’est parce que la culture est mal faite. Le plaisir féminin n’a pas été reconnu et cultivé d’une façon qui lui permette de s’épanouir facilement. Pendant des siècles, le désir féminin a été vu comme une preuve de folie, de maladie ou de sorcellerie, au point de faire adhérer les femmes aux représentations culturelles. L’ignorance a transmis (…) la peur, le mépris et l’interdit du plaisir des femmes. A cet égard, le romantisme n’a pas été la moindre catastrophe dans la surgélation de la libido féminine. Idéalisée, la femme est toujours niée, les sens anesthésiés dans sa robe de princesse qui la prive de son corps ».

Dommage, il n’y a pas un bouton qui permette de faire monter madame automatiquement au septième ciel. Il ne suffit pas d’appuyer sur le bout de leur nez (vous pensiez à un autre bouton ?) ; non, c’est à la fois infiniment plus compliqué et surtout beaucoup plus intéressant.

L’orgasme s’apprend et les femmes auraient tout intérêt à en parler entre elles : ce livre leur facilitera sans doute la démarche. Et peut-être permettra-t-il aussi à leurs compagnons de devenir un poil moins cons…

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  Le secret des femmes [Texte imprimé], voyage au coeur du plaisir et de la jouissance Élisa Brune, Yves Ferroul

  de Brune, Elisa Ferroul, Yves
  Odile Jacob
  ISBN : 9782738125422 ; 16,82 € ; 01/01/2010 ; 320 p. ; Paperback

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