Je mourrai pas ZOMBIE
de Diane Labrecque

critiqué par Libris québécis, le 18 avril 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Évangile des adolescents
Les adolescents se rient du sens de la mesure, cherchent à se soûler d'ersatz et cultivent, par-dessus tout, le sacrifice de soi, la souffrance et la mort pour éviter d'être des zombies, ces ectoplasmes qui ne carburent qu'à l'insignifiance. Ces jeunes ne voient pas que leurs réactions masochistes ne sont en fait que des prolongements de sentiments douloureux à travers des paradis artificiels, tels que l'alcool la drogue, l'anorexie et la mutilation.

Dib, une androgyne de Lévis, refuse de manger et se taillade les avant-bras pour se donner l'illusion d'exister. Exister selon son évangile autodestructif. Mourir au monde pour naître à un nouveau monde. L'adolescence, c'est l'âge de l'utopie. Les éphèbes sont en quête d'un point d'appui pour substituer à la médiocrité de la maturité, la pureté de leur jeunesse. Les monstres sont évidemment les parents. Il faut les fuir pour ne pas être corrompus par leur conformité aux normes d'une société vouée à l'argent et à la sexualité sans amour.

Avec François et Hubert, deux élèves de son école, Dib forme un trio platonique, qui voudrait réaliser le rêve de refaire le monde en s'inspirant de leurs lectures de Camus, de Sartre, de Nietzsche et de Réjean Ducharme.

Devenue adulte, l'héroïne a perdu ses deux copains de vue. Barmaid dans un bar de Montréal, elle tente de renouer avec eux grâce à Facebook. Elle veut savoir s'ils sont passés aussi lamentablement qu'elle à côté de leurs rêves de jeunesse. Les retrouvailles sont fort décevantes. Elle réalise qu'ils vivent d'expédients amoureux tout en ayant joint les rangs du conformisme débilitant..

L'auteure a réussi une brillante analyse de l'âme juvénile, une analyse d'une haute tenue littéraire, mais accessible à un vaste public, car elle est bien ancrée dans le terreau de Lévis et de Montréal.