La douleur du dollar de Zoé Valdés

La douleur du dollar de Zoé Valdés
( Te di la vida entera)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Saule, le 20 juillet 2002 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (56 168ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 7 945  (depuis Novembre 2007)

La Havane, ville sensuelle et obsédante.

Zoé Valdés est une écrivain cubaine exilée à Paris. La douleur du dollar est son roman le plus connu, et même si le livre trace essentiellement le portrait d'une femme à Cuba, la vedette principale du livre c'est la Havane, une ville obsédante et sensuelle, du moins avant la révolution.
La douleur du Dollar c'est l'histoire de Cuca Martinez, une jeune paysanne qui débarque à la Havane. Lors de sa première sortie en boite, elle y rencontre son grand amour, un personnage un peu dont elle tombe follement amoureuse. Après la révolution son homme, qui l'a mise enceinte, quitte Cuba pour l'Amérique et elle se retrouve seule avec un enfant à élever. Cela devient alors très dur pour Cuca Martines, il faut dire que la vie n'est pas drôle sous le règne de Castro. La Havane flamboyante, sensuelle, pleine de vie, de danses et de fêtes se transforme en un sinistre getho ou la pauvreté et les humiliations sont le quotidien des gens. A lire ce livre on a le sentiment d'un gâchis invraisemblable, évidemment c'est écrit par une exilée qui semble vouer une haine féroce à Castro et son régime.
Le livre vaut surtout pour sa description de la Havane, celui d'avant la révolution, dont l'auteur rend l'ambiance, la chaleur sensuelle et les senteurs de cette ville obsédante. Après c'est moins intéressant. J'aime bien le style de l'auteur, elle a une écriture parfois sensuelle (voir extrait plus bas) mais je n'aime pas sa manière de s'adresser directement au lecteur. Elle me fait parfois penser à Nancy Huston, surtout que son personnage principal est essentiellement féminin. L'histoire elle-même ne m'a pas tenue en haleine, d'ou un sentiment mitigé même si le livre et son auteur valent certainement la peine d'être découvert.
Un extrait, qui nous plonge dans l'ambiance particulière de la Havane. "Telle était la Havane, colorée, illuminée, quelle belle ville Seigneur ! Dire que je l'ai manquée parce que j'ai eu la malchance de naître trop tard. Telle était la Havane, avec ses belles filles à la chair ferme, aux cuisses fortes, longues comme des tours, aux jambes soyeuses, aux chevilles fines, aux pieds experts quand vient le moment de porter des talons hauts pour travailler, pour guincher, filles aux petits seins durs, ou bien gonflé et doux [...] La havane et sa moiteur saline, maritime, qui vous imprègne le corps. La Havane , avec ses corps après le bain, talqués, parfumés et cependant poisseux. Corps luisant de plaisir de la danse, la danse de l'amour. La Havane, avec ses regards échauffés, ses frôlements ou ses pelotages qui vous brûlent, ses dragues lubriques:,,"

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Les éditions

  • La douleur du dollar [Texte imprimé], roman Zoé Valdés trad. de l'espagnol, Cuba, par Liliane Hasson
    de Valdés, Zoé Hasson, Liliane (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres hispaniques (Arles).
    ISBN : 9782742710423 ; 21,19 € ; 04/01/1999 ; 343 p. ; Relié
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Eau de rose et castrisme

2 étoiles

Critique de Oburoni (Waltham Cross, Inscrit le 14 septembre 2008, 41 ans) - 10 mai 2010

Cuca Martinez, jeune adolescente naïve, débarque de sa campagne à La Havane où elle apprendra la vie. Elle travaille comme bonne-à-tout-faire, fait des rencontres excentriques, découvre une ville avant la Révolution castriste : effervescente, en plein bouillonnement intellectuel et culturel, dansante, festive. Elle y rencontre surtout l'homme de sa vie, un mafieux -rien que cela !- qui la collera enceinte, foutra le cams pour ne revenir qu'une fois par décennie, la laissant seule se dédier à son amour martyre. Voila pour l'histoire : de l'eau de rose assez guimauve, pas franchement intéressante.

L'écriture est quant à elle légère et simpliste. Zoé Valdés tente bien d'être originale ( elle est frivole au point de s'adresser au lecteur et à ses personnages ) seulement voila : elle n'y arrive pas. Elle s'égare en route, perd le contrôle de l'histoire et les derniers chapitres s'emballent même complètement, partant en sucette et rendant la lecture agaçante. Elle en fait trop, ce qui n'arrange pas les choses. On a même droit a quelques clins d'oeil aussi inutiles qu'ils sont ridicules...

Bref, le livre ne brille que par ses critiques du régime de Fidel Castro ( qu'elle rebaptise "XXL", ce qui lui va très bien ! ), des baffes anti-révolutionnaires certes faciles, mais qui sont très bien intégrées au récit et donnent un brin d'intérêt à un roman qui en a peu.

A oublier ?

Cuca Martinez

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 22 décembre 2009

Sous le couvert de nous narrer la vie misérable de Cuca Martinez, par un biais compliqué, Zoé Valdès se livre en fait à un réquisitoire sans appel et sans complaisances du régime castriste.
Cuca Martinez commence sa vie avant « la transformation du pays », à une époque où préparer un repas ne constituait pas un exploit quotidien, où « s’éclater » dans les boîtes de La Havane, à écouter Edith Piaf venue chanter était possible. C’est à cette époque que Zoé Valdès commence la relation de la vie de Cuca Martinez. C’est à cette époque surtout que Cuca Martinez, très jeune fille, tombe sous le charme, raide amoureuse, d’un jeune … aventurier ( ?), sans trop de scrupules, « le Ouane », relativement inconscient de l’effet produit.
Et puis les évènements vont s’accélérer, les « Barbudos » vont prendre le pouvoir, et « le Ouane » qui grenouille en eaux troubles, Mafia pas loin, a à peine le temps de venir faire une très rapide visite d’adieu à Cuca et surtout de lui confier un billet d’un dollar. Pas n’importe lequel, on s’en rendra compte par la suite, un billet d’un dollar qui aura le rôle vedette par la suite …
La suite est le chemin de croix d’une havanaise sous le régime castriste, amplement décrit par Zoé Valdès, et qui plus est avec son style onirique habituel. Difficile de démêler dans ces conditions ce qui relève de la stricte réalité de ce qui relève d’un style flamboyant. Il y a un peu de n’importe quoi dans tout cela. Il y a en tout cas un très violent réquisitoire sur la manière dont tout va se dégrader, et jusqu’à quel point.
Donc exit « le Ouane », jusqu’à la dernière partie du roman, où son retour en force, en chasse du fameux dollar, va apporter une fin trépidante. On revient vers un roman plus « actif » que contemplatif.
Tout le monde ne supportera pas les extravagances et l’exubérance du style Valdès. C’est la limite du genre.

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  La contre-révolutionnaire Zoé Valdés 15 Alandalus 29 septembre 2004 @ 20:17

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