Faut-il pendre les architectes ?
de Philippe Trétiack

critiqué par Septularisen, le 18 octobre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
FAUT-IL PENDRE M. TRETIACK?
L’accroche de ce livre était vraiment pour me plaire, enfin un livre parlant des vrais problèmes auxquels les architectes sont aujourd’hui soumis. Pesanteur des règlements, maires mégalomanes, entreprises déficientes, concours biaisés, pots-de-vin, inculture des maîtres d’ouvrages…

Malheureusement, très vite je déchante, et découvre un livre aride, au style obscur, abscons, difficile à lire et dur à comprendre.
Premier problème à résoudre pour l'éventuel lecteur de ce livre, celui d'avoir des connaissances architecturales poussées afin de comprendre de quoi parle l’auteur, et surtout pouvoir visualiser les constructions dont il parle…. Ainsi P. ex. désolé de vous décevoir M. TRETIACK mais je n’avais jamais entendu parler de la "Tour Totem" à Paris, d’ANDRAULT et PARAT pourtant décrite par vous comme «superbe»…

Et puis, le livre dérape complètement.
Et voici donc M. TRETIACK, se prenant carrément le "MOODY'S" que dis-je le "STANDARD & POOR'S" de l'architecture moderne!... Distribuant les bons et les mauvais points, vouant à l’enfer tel ou tel architecte, en "sauvant" tel autre… Vouant à la vindicte populaire tel bâtiment, mais épargnant tel autre… Dénonçant tel bâtiment, mais "portant aux nues" tel autre!..

Mais de quel droit? Mais pour qui se prend ce Monsieur pour juger les autres architectes comme cela? Comment peut-il juger que tel bâtiment est «beau» et mériterait d’être sauvé, mais que tel autre est "nul"et "moche" et qu’il faudrait le raser!...
Sur quels critères? En vertu de quoi? En fonction de quoi? Comment peut-il juger objectivement?

Et puis surtout, se moque t-il du lecteur?
Quand il "descend en flammes" dans ce livre des architectes, qu'il n'hésitera pas à "encenser" dans son livre de 2007 sur l'architecture moderne? (Déjà critiqué par ailleurs sur CL)... Comment peut-on dire que le toit du Centre Pompidou Metz, des architectes Shigeru BAN et Jean de GASTINES est lourd!
Ou bien encore que l’extension du Musée d’Art Moderne de la ville de Nancy ne sont que des « cartons cubiques»!

Sans parler de ses «têtes de turc» sur lesquelles l’auteur tape, tape et tape encore à longueur et à longueur de pages (ce qui devient très vite très lassant, il faut le dire!), avec un malin plaisir, qui semble parfois plus se rapprocher de la basse vengeance personnelle que de la critique constructive et objective.
Parmi ceux-ci, citons entre autres : Dominique PERRAULT, Jean NOUVEL (pourtant prix Pritzker 2008), Rem KOOLHASS (pourtant prix Pritzker 2000), et surtout Christian De PORTZAMPARC (pourtant prix Pritzker 1994), qui est d’ailleurs à l’origine de la plus belle «bourde» du livre… Bourde (et je pèse ici mes mots!) qui illustre à merveille toute la futilité de ce livre !...

En effet, à la page 10 du livre l’auteur nous dit d’une des réalisations de PORTZAMPARC (dans un de ses «jugements» très directs et très "légers" dont ,hélas, le livre est bourré du début à la fin!...) … «la tour du Crédit Lyonnais de Christian De PORTZAMPARC surnommée la «chaussure de ski», ce bâtiment est d’une telle rigidité comique qu’on en vient à regretter que PORTZAMPARC n’en ait pas édifié la paire»!... Plutôt lapidaire non?
Alors, quelle ne fût pas ma surprise quand à la page 193, dans la postface du livre, (rédigée, il est vrai, 10 ans après…) on peut lire : «Ainsi de ma condamnation ironique de la tour que Christian De PORTZAMPARC avait édifiée à Lille. Formulée dans les premières pages de ce livre, je la compare à une chaussure de ski, regrettant qu’il n’en ait pas édifié la paire. Aujourd’hui, et à la réflexion, je trouve cet édifice remarquable. Bref, j’ai changé d’avis.».
S’il est vrai que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, j’ai surtout envie de demander à l’auteur que veut dire exactement pour lui le terme «ironique»?…
A-t-il jamais lu la citation du grand architecte Italien Renzo PIANO (prix Pritzker 1998) : «Savoir si un bâtiment sera apprécié ou non prend du temps».

Je n’ai en fin de compte pas compris la finalité du livre de M. TRETIACK, si ce n’est celle de penser que ce Monsieur ayant lamentablement raté sa carrière d’architecte, a voulu déverser son fiel sur ceux qui l’ont mieux réussie que lui!...
Rien à dire de plus!
Au final j’aurai vraiment mieux aimé lire un «vrai» livre d’architecture.
Sans tous ces jugements, partiels et partiaux, à l'emporte pièces, plus ridicules les uns que les autres… dont le livre est malheureusement constellé…
La prochaine fois avant d’écrire un livre je conseillerais à M. TRETIACK de méditer la phrase de l’ architecte Espagnol Rafael MONEO (prix Pritzker 1996) : «Pour vivre et comprendre un bâtiment, il faut prendre la mesure de la continuité existant entre une idée du monde et la construction en elle-même».

J’ai vraiment perdu mon temps en lisant ce livre… ne perdez pas le vôtre!..