Jayne Mansfield 1967
de Simon Liberati

critiqué par Antihuman, le 21 octobre 2011
(Paris - 41 ans)


La note:  étoiles
19/04/33
J'ai bien aimé, parce que au contraire de ces polars de James Ellroy (qui fait fantasmer, toutefois, bien des petits garçons) auxquels ce livre, ce témoignage inspiré de vrais documents, est communément comparé, il n'a en fait pas grand chose à voir avec, et, en outre, il ne joue pas de cette ironie à 2 francs 50 qu'utilisent par ailleurs bien souvent les bouquins branchouilles du même genre. Précis, morbid chic peut-être, mais réaliste: On ment, ou on ne ment pas.



« Aux basses heures de la nuit, le 29 juin 1967 sur un tronçon de la route US 90 qui relie la ville de Biloxi à la Nouvelle Orléans, une Buick Electra 225 bleu métallisé, modèle 66, se trouva engagée dans une collision mortelle.
Le premier témoin de l'accident et sa cause première se nommait Richard Rambo. Il conduisait un semi-remorque Western Star à dix-huit roues pour le compte de la société de fret Johnson Motor Lines. Le crash eut lieu [...]
Objets de désirs déchiquetés 7 étoiles

La voiture est encore l'objet de désir le plus fantasmatique de notre société, celui qui fait encore rêver, baver d'envie, délirer par excellence et ce malgré les alibis citoyens, écolos ou que sais-je encore que se donnent les fabricants pour vendre leur production, écouler leur camelote.
Les vedettes ou pseudo-vedettes, inutile d'avoir un quelconque talent pour l'être, sont les autres motifs de la concupiscence du grand « Barnum consumériste » (TM°) dans lequel nous vivons.

Le désir est un puits sans fond dans notre monde hyper-libéral, il ne peut y mener qu'au néant, au tragique, à la mort. De nombreuses vedettes, de l'écran, des lettres, se sont d'ailleurs tués au volant de bolides formidables et quasiment légendaires dans l'ivresse de la vitesse : James Dean, Albert Camus, Roger Nimier.
D'autres comme Sagan, qui conduisait sa Jaguar pieds nus ont failli y laisser leur peau plus d'une fois.
Jayne Mansfield meurt tout juste entre la fin de l'« Americana » triomphante des années 50, à la Norman Rockwell, et le début des étés de l'amour qui mèneront à la cruelle perte des illusions des années 70 : l'installation de la crise, les guerres inavouables, les totalitarismes atroces menés au nom de la liberté (Cambodge, Chili, Vietnam, etc...). Elle n'était plus que la caricature d'une caricature, une poupée Barbie tout en rose, choucroutée et décolorée, pour messieurs libidineux.
Simon Liberati, l'auteur du livre, est un peu sévère avec Jayne Mansfield, elle a quand même tourné un bon film, ou du moins pas trop mauvais, qui est « la Blonde et moi » (The Girl can't help it ») de Franck Tashlin, avec Tom « See my agent » Ewell qui joua quelques années plus tôt avec une autre blonde explosive, Marilyn Monroe, dans « Sept Ans de réflexion ».
Dans ce film, elle fait preuve d'un grand sens de la dérision, jouant les fausses idiotes avec la même intelligence que Marilyn dans les deux films qu'elle a joué pour Billy Wilder.
On y voit défiler plusieurs pionniers du Rock : Little Richard, Bill Haley entre autres.
Elle joue aussi dans un excellent polar de 1957 : « The Burglar » (« Le Cambrioleur »), de Paul Wendkos, où elle montre l'étendue de son registre qui était plus importante que celui de Marilyn qui lorsqu'elle joue des rôles dramatiques est percluse de tics « Actors Studio »..
Comme Marilyn, Jayne Mansfield, qui en était un succédané caricatural, est un produit, une blonde peroxydée sexy aux formes opulentes spécialisée dans les comédies un peu grivoises, pour l'époque, car elles paraissent maintenant bien innocentes. Jayne en rajoutait dans la caricature, elle s'habillait pour mettre en valeur son buste un peu plus que sa consœur précédente qui elle-même avait succédé à Diana Dors, qui était dans le même registre dans les années 40, elle était toujours en rose
Elle parlait cinq langues, et avait un bagage culturel imposant, qu'elle prenait bien soin de dissimuler sous le feu des flashs et des projecteurs.

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 8 octobre 2015


Flamboyant 9 étoiles

Ce prix Femina vaut vraiment le détour. Pour une fois, un prix littéraire vaut le détour. Les derniers mois de la vie de Mansfield, aussi.

L'écriture est inspirée, piquante et à la fois pleine de la complexité de la protagoniste et de la vie qu'elle a menée à et en dehors d'Hollywood quand elle tentait de prolonger la célébrité.

Mansfield était multiple et Simon Liberati essaie dans ce livre court et intense de retranscrire toutes les facettes de la bimbo à l'intelligence supérieure et aux cinq enfants... Paradoxale était sa vie, le livre de Liberati rend bien cette impression.

MEloVi - - 40 ans - 30 novembre 2013


Un début prometteur... une fin moins réussie 6 étoiles

« Elle avait choisi le rose, le bleu fut sa dernière couleur. Bleu gazeux des gyrophares qui éclairaient par flash toute la scénographie de l’accident ; bleu réglementaire des uniformes ; bleu métal de la Buick ; bleu lagon des garnitures intérieures. Bleu pâle, d’un azur tempétueux, d’une minirobe Barbie à col froncé cordon, boutonnage tissu et manches sequins en broderie lacée, qu’elle portait jambes nues sur une paire de bottes cosmonaute à fermeture éclair latérale en simili agneau laqué bleu outremer. Bleus des ecchymoses qui étoilaient son corps depuis sa rencontre avec Samuel Brody, moins d’un an plus tôt, en septembre 66. »
Après lecture d’un passage pareil, on se dit que Simon Liberati est sur le point de nous livrer un roman de très bonne facture. La qualité est bien présente surtout dans la première moitié du livre. En revanche dire que Jayne Mansfield 1967 est un roman relève du mensonge. Alors késako ? Ce n’est ni une biographie ni un essai. Avec ce livre, l’auteur met en lumière les derniers mois de cette Américaine davantage connue pour ses formes et sa pose sexy que pour ses talents d’actrice. Un coup de projecteur sur la déchéance d’une pin-up mais aussi sur la fin d’une époque particulière, les sixties. Rien de plus.

Le livre s’ouvre donc sur les quelques minutes qui ont précédé l’accident de voiture dans laquelle se trouvaient entre autres Jayne Mansfield et trois de ses enfants. Cet accident que l’on pourrait qualifier de bête mais dont les conséquences ont été tragiques a été épluché comme il se doit par Simon Liberati. Qui a effectué des recherches sérieuses pour reconstituer la scène d’après les points de vue des différents protagonistes. Intéressant. Nous vivons ce scénario en live. Nous apprenons le pourquoi de la rumeur de la décapitation par exemple. Intelligent aussi avec des mots magnifiquement utilisés comme l’extrait cité au début de la critique. La seconde partie sur la descente aux enfers de cette actrice qui collectionnait et classait toutes les coupures de presse la concernant est moins séduisante. Par son contenu qui devient ennuyant (Il faut dire que la pin-up se métamorphose rapidement en une écervelée ridicule telle une Loana ou une Paris Hilton pour ne pas les citer). Et par son style bien moins relevé. Alors oui, plus j’avançais dans l’ouvrage, plus l’envie de stopper la lecture grandissait. Finalement, ce qui m’a fait changer d’avis a été la liste de certains films et noms du cinéma américain de l’époque égrainés au fil des pages. Un moyen comme un autre pour approfondir mes connaissances dans ce domaine. Rien de plus.

Nomade - - 13 ans - 4 mai 2012


La seule et l'unique 7 étoiles

Etes-vous Jayne Mansfield ? « Oui, la seule et l’unique » et ce furent ses derniers mots rapportés par un témoin. Quelques minutes plus tard, la voiture où elle avait pris place avec chihuahuas, enfants et amant s’encastrait sous un camion.
Simon Liberati a longuement enquêté sur cette « star déchue à 34 ans avant même la consécration » pour écrire non pas une biographie exhaustive « à l’américaine » mais dessiner le portrait d’une femme, par les deux dernières années de sa vie où la déchéance est le prélude à la mort.
Le premier tiers du livre qui fait de l’accident une véritable autopsie est un texte remarquable par le choix des mots, la fluidité du style, les images qui s’entrechoquent, les attitudes qui révèlent. Il sait dire le stress des services de secours qui découvrent la notoriété de l’actrice ; il sait faire entendre le long cri inhumain des enfants ; il sait suggérer l’attraction irrépressible du voyeurisme ; il sait aussi surprendre la douceur d’un policier que pourtant contredisait la « croix perfide » du Ku klux Klan apparue dans un pli de sa poche. Par la minutie et l’exigence de son travail, il sait mettre un terme à la rumeur colportée par des journalistes peu scrupuleux qui voulait que Jayne Mansfield ait été décapitée.
La suite revient sur ses deux dernières années qui sont une inexorable descente aux enfers où trop de coïncidences, trop de faits troublants, trop de rencontres improbables, trop d’extravagances, trop d'alcool et trop de drogue, trop de médiocrité ne sont qu’une lutte maladroite contre son « obsession du vide » et sa peur de la mort qui l’attend patiemment aux petites heures d’un matin brumeux.
Liberati fait un portrait chaleureux mais nuancé de ce personnage au QI impressionnant (163) mais à « la mentalité de bébé », « sauvage, virevoltante, ultra violente » mais aussi plutôt bonne mère. Elle est passée à côté de la gloire moins par la médiocrité des films qu’elle a tournés (certains cinéphiles portent aux nues les comédies de Frank Tashlin où elle apparaît) que par ses caprices et son refus de se plier aux règles d’Hollywood. Son « absence d’être » la rapprochera du gourou d’une église (sic) satanique dont elle perçoit vite qu’il n’est qu’un prédateur mais peut-être aussi le messager de la mort. Obsédée par la volonté d’attirer l’attention, « elle avait fini d’être belle » et était devenue une attraction pour cabarets glauques, un peu comme Lola Montes était devenue, en d’autres temps, une attraction foraine.
Enfin Simon Liberati a eu raison de ne pas faire de JayneMansfield une sous Marylin. Elles sont trop différentes. Quand l’une s’ennuie avec son dramaturge de mari, l’autre met dans son lit « Monsieur Univers ». Seul les rapproche le même regard que les hommes leur portent.
« Jayne Mansfield 1967 » est un livre agréable à lire qui redonne à une femme déchue son identité et sa vérité tout en faisant revivre, pour quelques uns, un monde qui n’est plus, celui de leur jeunesse.
En 1968, l’administration américaine imposa aux transporteurs routiers la pose d’une barre anti-encastrement appelée « dot bumper » que l’on surnomme toujours « Mansfield bar ». On a la notoriété posthume qu’on peut !

Jlc - - 81 ans - 1 novembre 2011


Déçue... 2 étoiles

Déçue...très déçue par ce roman! Peut-être que j'en attendais trop! Simon Liberati nous fait vivre les derniers moments de la vie de Jayne Mansfield, starlette des années 60 qui n'a pas vraiment rencontré le succès, qui jouait plutôt dans des nanars et gagnait sa vie en se déshabillant. Cette femme m'a toujours rendu curieuse, cette mère de 5 enfants qui luttait pour la jeunesse éternelle a quelque chose de pathétique soit, mais aussi d'attendrissant! C'est pour cela que je me faisais une joie de lire ce roman mais voila, les 60 premières pages sont très passionnantes car elles nous relatent le crash de la Buick sur une route en pleine nuit mais ensuite... un enchainement de noms de l'époque oubliés... des références très précises qui vous larguent complètement... Simon Liberati s'est passionné pour Jayne Mansfield mais a écrit un livre pour lui mais qu'il a du mal à nous faire partager... Le seul point positif c'est que comme on est largué, on se renseigne! J'ai donc lu ce livre rivée sur internet pour essayer de surnager dans ce récit hollywoodien dédié aux aficionados, a mon avis!

Poki - - 50 ans - 22 octobre 2011