Rommel. La fin d'un mythe
de Dominique Lormier

critiqué par Angel54, le 30 octobre 2011
( - 70 ans)


La note:  étoiles
Biographie objective ou partisane ?
Je termine, un peu dubitatif, le livre que Dominique Lormier a consacré à celui qui fut, entre autres, le chef de l'Afrika Korps, "Rommel : la fin d'un mythe".
C'est fâcheux, car tout au long de ma lecture, j'ai eu le sentiment que le sujet principal restait absent de sa biographie.
C'est comme si l'auteur avait peint un portrait "par défaut" de celui qui fut jusqu'en 1944 le chef militaire préféré d'Adolf Hitler et un modèle pour les bureaux du ministère de la propagande de Joseph Gœbbels.

Au moment de clore cette brève biographie (192p.), je ne sais toujours pas quels furent les ressorts psychologiques profonds chez cet homme que les nazis propulsèrent héros de la nouvelle Allemagne avant qu'il n'adhère, tardivement, à la dissidence au sein de la Wehrmacht et soit contraint au suicide par Hitler.

Son origine sociale et son éducation bourgeoise stricte - il n'était pas issu de la caste des officiers prussiens - mais aussi ses goûts musicaux, ses voyages et surtout, avant tout, son expérience qu'il écrivit enthousiasmante de la Grande guerre qui fut pour le jeune sous-officier une véritable révélation pouvaient être autant d'éléments pour éclairer le parcours et les choix d'un homme encore controversé aujourd'hui chez les spécialistes et les passionnés. Si les rappels historiques sont bien présents, l'homme Rommel reste flou.
On pouvait souhaiter une analyse plus pertinente des influences politiques, militaires et culturelles sur la formation de la sensibilité idéologique de Rommel. Comme tous ses collègues, il avançait son apolitisme, mais simultanément réclamait un ordre nouveau pour le "Vaterland". Dans l'Allemagne vaincue des années 20, la plupart des officiers de carrière vécurent les clauses du Traité de Versailles comme autant d'injustices et fustigèrent le pouvoir civil d'avoir participé au "coup de poignard dans le dos" de 1918. (un thème repris par le Chancelier Hitler et son Parti). Ils servirent sans conviction une république de Weimar, utilisant le traité secret avec l'Union Soviétique pour s'entraîner avec l'armée rouge, tout en espérant une renaissance de la Nation qu'ils crurent trouver dans le parti nazi et son Führer et déconsidérant les premières exactions du régime.

Si l'auteur revient sur les principales opérations militaires auxquelles Rommel prit part et/ou dirigea, en France et en Afrique, là encore, l'homme n'apparaît pas assez et on saisit mal ce qui amena le maréchal couvert d'honneurs par le régime à douter dès fin 1943 en la victoire finale.
J'escomptais une analyse de l'impact de la légende de Rommel sur les troupes alliées en Afrique du nord, et plus particulièrement auprès combattants britanniques dont quelques uns propagèrent des rumeurs infondées sur la duplicité du chef de l'Afrika Korps.