La porte noire
de Michel Peyramaure

critiqué par DE GOUGE, le 1 novembre 2011
(Nantes - 68 ans)


La note:  étoiles
Grandiose !
Année 476, Trèves, sur la Moselle : le dernier "bastion" de l'empire romain en pleine déliquescence ! Un vieux (pour l'époque) médecin, politiquement très incorrect, observe ce lambeau d'humanité qui s'acharne, contre toute logique, à croire en un idéal moribond. Dehors, les barbares vont, sous quelques jours, venir tout détruire.... C'est inéluctable !
Ce livre est énorme dans la puissance évocatrice : cru, grossier souvent dans ce monde de militaires et de jeux de cirque, petit, dans la mesquinerie des quelques nantis qui veulent encore préserver leur misérable pouvoir, émouvant dans les yeux d'un enfant génie qui veut continuer à apprendre la philosophie gréco romaine, puissant dans ce personnage de femme gladiateur et farouchement indépendante ou de cette autre, déficiente mentale qui ne vit que pour le plaisir du corps...
On fuit le réel, et avant tout, on s'enivre et on bâfre, Mithra croise Jésus et le délire touche au sublime. L'espoir enraciné rend les personnages héroïques et/ ou pathétiques !

A part les portes de Gergovie, qui méritent aussi un éloge important, je n'ai jamais retrouvé chez Michel Peyramaure, une telle capacité à nous transporter. L'écriture est incisive, brutale, à l'image des personnages que l'on croise, violente et désespérément humaine.
Ce livre ne parle pas seulement de la chute de l'empire romain, il va beaucoup plus loin et nous relate avant tout l'incapacité tragique ou géniale qu'a l'être humain à vouloir croire ou à aller jusqu'au bout d'un idéal, même celui auquel on ne croit plus.
Une leçon de vie ou de mort ?
Une leçon d'intégrité dans ce qu'on croit être le vrai ?
Une leçon de fuite devant l'incontournable ?

Quoi qu'il en soit : une leçon ......................

Sans morale, à la fin ! Chacun y puise ce qu'il veut (peut?)