Et te voici permise à tout homme
de Éliette Abécassis

critiqué par CHALOT, le 1 novembre 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une belle écriture pour une histoire dramatique...superbe !
« Et te voici
permise à tout homme »
roman d'Eliette Abecassis
Éditions Albin Michel
août 2011
198 pages
17 €

Une prison sans barreau !

Eliette Abecassis nous fait découvrir la réalité de la vie d'une femme juive orthodoxe, qui à Paris même subit des lois religieuses qui ne sont contraignantes que pour les femmes .
Anna et Simon sont divorcés. Cette séparation légale ne suffit pas pour permettre à Anna de fréquenter un autre homme et même de se remarier.
Si son ex mari ne délivre pas le « guet », elle reste religieusement mariée et si elle se remarie, ses nouveaux enfants seront considérés comme des bâtards ainsi que leurs descendants durant dix générations !
Si une femme attend le divorce religieux que son mari ne lui accorde pas : elle ne peut pas avoir de relations affectives et sexuelles avec un autre homme à moins de commettre un acte adultérin .
C'est une loi absurde et inhumaine qui ne s'impose qu'à ceux et à celles qui l'acceptent, certes mais tout refus de cet ordre religieux peut conduire la « contrevenante » à être bannie de sa communauté, voire de sa famille.
C'est le prix à payer !
Que faire ?
Avec talent, l'auteure nous conduit dans le sillage de cette jeune femme et nous fait partager ses doutes, ses craintes et même ses quelques espérances.
Elle aime intensément un autre homme Sacha.
« Le désir était une déchirure, une fulgurante, une onde, un frisson qui parcourait tout mon corps, montait, ne cessait de monter. J'étais une funambule sur un fil. »
Ce livre est à la fois une superbe histoire d'amour émouvante et tendre et à la fois une chronique sur l'esclavage « moderne » de ces femmes enfermées dans une prison moyen moyenâgeuse.
La quatrième de couverture de ce roman se limite à une seule phrase forte et pleine « Femme ? Épouse ? Non. Tu es Agouna. Enchaînée, ancrée, enlisée ».

Anna saura t-elle trouver le bonheur en faisant sauter le verrou de la bêtise ?
C'est un réel suspense dramatique et humain qui dès les premières pages donne l'envie au lecteur d'aller jusqu'au bout sans même s'interrompre.

Jean-François Chalot
Absolument magnifique. 10 étoiles

Eliette Abécassis a réussi un vrai chef d'oeuvre.
Elle a pu éviter le piège d'une histoire à la Douglas Kennedy (ceci étant dit sans aucune ironie car j'apprécie beaucoup DK), elle est parvenue à nuancer son récit et surtout à éviter une fin téléphonée.
Ce livre se lit avec passion et a été pour moi un véritable moment de grâce.

Cependant je tiens à préciser quelques points de détails. Ces "détails" sont avancés par l'auteure elle-même et je m'étonne que les critiques émises précédemment n'en aient pas tenu compte.
On peut hurler à l'obscurantisme des religions pour ces règles qui entravent et asservissent... mais n'en est il pas de même pour des partis politiques ? des syndicats ? et même des clubs de football ?
On peut hurler (c'est la mode) contre ces religions butées et des règles absconses... mais la bêtise et la méchanceté sont bien là ancrées en nous et les humains se débrouillent très bien sans la religion. Les hommes battent joyeusement leurs compagnes et les voisins détournent le regard. Les hommes harcèlent celles qui osent les défier sans avoir besoin des pasteurs, prêtre, pope ou imam !
Le judaïsme (première religion monothéiste) n'est-il pas une des rares religions qui permet à la femme de requérir le divorce ?

Ce roman riche en nuances et en délicatesses mérite largement ses cinq étoiles.

Monocle - tournai - 64 ans - 7 septembre 2014


Atteinte à la liberté 9 étoiles

Anna est divorcée depuis trois ans, mais son mari Simon refuse de lui donner le guet, de la délier selon la loi juive. Il exerce tous les chantages possibles sur Anna pour la garder sous sa coupe : il promet de lui rendre sa liberté si elle lui cède sa part de leur appartement pour lequel elle a payé pendant dix ans. Lorsqu’elle cède, il exige de l’argent en plus. Puis, il maltraite leur fille les WE où elle reste chez lui. Pendant ce temps, Anna tombe éperdument amoureuse de Sacha, qui lui permet de découvrir le véritable amour, le respect mutuel et qui la guérit de toutes ses blessures. Cependant, Anna est tiraillée, déchirée entre son amour pour Sacha et sa fidélité à son culte et à sa culture juive. Elle rêve de se remarier et d’avoir un enfant qui ne soit pas « mamzer », bâtard. Elle se cache et vit dans la peur. Son frère et ses sœurs, ses amis s’éloignent d’elle. Les rabbins refusent de l’aider.
Ce livre est un petit bijou, ciselé dans une langue très poétique. L’auteur nous fait ressentir la profonde détresse de son personnage et nous fait vivre intensément tous ses sentiments avec une extrême finesse. Ce livre ressemble fort à « La répudiée » du même auteur.
Très vite lu !

Pascale Ew. - - 57 ans - 13 août 2014


dramatique 8 étoiles

J'ai pris ce livre au hasard à la bibliothèque et quelle chance que mes yeux se soit posés sur cette histoire prenante et dramatique!
Je suis restée en haleine jusqu'à la fin.
J'ai découvert un monde inconnu et pourtant je n'ai pas pu m’empêcher de penser que son combat était le mien aussi.
je conseille à tout le monde ce livre fabuleux j'ai été très émue par cette femme qui se bat entre sa foi son amour et des règles érigées par des hommes pour les hommes.

Fanettepouet - agde - 32 ans - 20 juin 2012