La cabane : là où la tragédie se confronte à l'éternité
de William Paul Young

critiqué par Amnezik, le 2 novembre 2011
(Noumea - 56 ans)


La note:  étoiles
Une agréable surprise à découvrir de toute urgence...
Quatrième de couverture :

Fou de chagrin après que sa fille, Missy, ait été enlevée lors d’une excursion en famille dans le parc du lac Wallowa (Oregon) et que les recherches du FBI et de la police aient conclu à sa mort, Mack, le personnage central du livre, un Américain moyen, entre deux âges, se laisse écraser par ce qu’il appelle « La Grande Tristesse ». Quatre ans plus tard, il trouve, glissé sous sa porte, un message énigmatique d’un inconnu qui lui donne rendez-vous le week-end suivant à la cabane. La cabane où l’on a retrouvé la veste pleine de sang de sa fille. Après avoir hésité, il s’y rend.
Et là, tout bascule. À la quête policière se mêle une autre recherche, personnelle, littéralement initiatique. Mack devient celui qui veut comprendre, aller plus loin...
Du rationnel de la douleur, on plonge dans un fantastique message d’espoir. Une incroyable rencontre a lieu, impensable, que chacun pourra interpréter selon sa sensibilité. Ce n’est plus l’arrestation du coupable de l’enlèvement et du meurtre de Missy qui importe. Ce qui s’impose au lecteur est le merveilleux sentiment d’aller mieux grâce à ce roman.

Ma critique :

J'ai été intrigué par ce raz-de-marée littéraire (plus de 4 millions d'exemplaires vendus aux USA) mais d'un autre côté, étant viscéralement athée, je craignais de tomber sur ramassis de bondieuseries écrites par une grenouille de bénitier, ou encore d'un de ces trucs new-age qui vous promet monts et merveilles après leur lecture ; c'est donc avec une certaine appréhension que je me suis lancé dans ce bouquin, la curiosité ayant finalement pris le pas sur mes aprioris négatifs.
Et franchement je ne regrette pas de m’y être essayé car au final ce sont surtout les culs-bénits qui ont dû avoir les oreilles qui sifflent en lisant ce bouquin, le message est bien loin de celui transmis par l’église (et donc les hommes) ; au contraire c’est plutôt un encouragement à avoir la foi en s’affranchissant des préceptes humains (l’homme de Dieu est loin d’être un saint quand on compte le nombre de morts dont ils sont responsables, sans parler des récentes affaires de pédophilie…), une foi pure, venue de l’intérieur. Ca donnerait presque envie de se convertir sauf qu’il n’y a pas de conversion possible puisque cette foi abolit la notion de religion.
Au final ce roman reste une véritable expérience de lecture qui ne devrait laisser personne indifférent, contre toute attente j’ai beaucoup aimé et ça m’a fait pas mal cogiter (pas au point de remettre en question mon athéisme). Pour info Le Shack est le titre québécois du roman, en français il a été publié sous le titre La Cabane (il eut été plus juste de le nommer Le Refuge mais bon c’est une autre histoire).
Parabole commerciale 3 étoiles

Ce roman fut un gros best-seller en raison de la controverse entourant son propos. Rien de mieux que de faire apparaître Dieu dans un bouquin et prendre des libertés sur sa forme pour amener les fondamentalistes chrétiens à acheter des millions de copies. De plus, l’auteur prétend qu’il s’agit d’un récit basé sur la réalité.

La question centrale du livre est la suivante, ‘Pourquoi un Dieu aussi bon peut-il permettre le meurtre d’une mignonne petite fille innocente ?’

Mon agacement est venu tôt alors que l’auteur visiblement utilise cette prémisse sérieuse pour nous faire avaler sa vision théologique confuse avec des scènes souvent, carrément farfelues. J’imagine qu’au premier niveau, ce livre peut être divertissant. Mais aussitôt que l’on se penche sur le contenu, il est clair qu’il s’agit de n’importe quoi et son contraire.

Ironiquement, Young écrit :
« - La machine religieuse peut avaler tout le monde si bien intentionnée soit-elle ! dit Jésus, non sans fermeté. Beaucoup de ce que l’on fait en mon nom n’a rien à voir avec moi et va même souvent à l’encontre de mes desseins, »

Il aurait dû écouter son personnage.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 novembre 2012


Au-delà 9 étoiles

L'enquête autour du meurtre de Missy est un peu laborieuse, mais elle reste entraînante. D'autant que l'auteur a laissé entrevoir dans l'avant-propos qu'il ne s'agissait pas d'un simple "policier".
La bible dit que Dieu a fait l'homme à son image, et on ajoute souvent que ce dernier le lui a bien rendu.
Justement, "la Cabane" offre un décalage avec l'image courante que l'homme peut se faire de Dieu. Le "Tout-Puissant" est Trinité qui se restreint pour aider sa créature à percevoir l'importance de la qualité de la relation, comme "Bien" plus fondamental que le jugement de valeur qui fait passer la personne au second plan.
A ce titre, j'ai beaucoup aimé que le Père, le Fils et l'Esprit soient représentés par des personnes très différentes de l'iconographie reçue.
L'ouvrage me semble porteur d'une vraie réflexion sur la liberté. Elle est tellement estimable qu'elle donne à ceux qui l'apprécient la possibilité de prendre du recul par rapport aux souffrances que son exercice engendre. Et en même temps, elle ne se conçoit pas comme une "pure autonomie", mais comme fondée sur le bien de la relation dont elle est la condition. Autrement dit, elle se met au service d'autrui sans exiger le retour, même si ce retour serait la condition d'une relation équilibrée. Elle sait que ce retour, ou cette réciprocité, ne sera valable qu'élaborée sur un engagement intérieur parfaitement libre.
Je trouve que cette vision est porteuse d'une véritable qualité relationnelle. J'aimerais savoir mettre cette qualité dans les rapports que j'entretiens avec mes proches. Et l'auteur décrit un cheminement qui semble possible, même au-delà de la rencontre extraordinaire qu'il met en scène.
Et puis, des personnes apaisées comme Mac, on en rencontre parfois…

Domil - - 67 ans - 7 janvier 2012


À fuir... 2 étoiles

L’histoire avait pourtant bien débuté. J’étais captivée au point de ne plus pouvoir refermer le livre. J’ai lu les cent premières pages d’une traite tellement le sort de la petite Missy m’importait. J’étais même habitée d’une angoisse sourde en lisant, fait assez rare chez moi. C’est vous dire combien le récit est bien mené, les personnages attachants, l’histoire crédible au point que je croyais que tout cela avait bel et bien eu lieu dans la réalité.

Et puis, catastrophe ! La deuxième partie vient tout gâcher. On se retrouve carrément dans la plus ridicule et stupide quête de l’existence de Dieu. Tiens, il faut que je vous l’écrive. Le personnage principal se retrouve dans la cabane du drame quatre ans plus tard et il est reçu par une femme africaine plantureuse, un jeune homme laid et une jardinière éthérée. Et ce trio n’est rien de moins que la Sainte Trinité ! Et notre homme de s’attabler avec ces trois personnages grotesques pour manger, fait des promenades en leur compagnie et apprend à vivre avec l’amour de Dieu. Il marche même sur l’eau en compagnie de Jésus ! Pffffff !

Et ce livre s’est vendu à près de quatre millions d’exemplaires aux États-Unis ! Les gens sont-ils à ce point crédules et bêtes ? Désolant…

Mais pourquoi l’auteur a-t-il tout gâché à ce point ? D’une histoire captivante au possible, il a fait une ridicule leçon de morale et d’amour enfin ce genre de discours insipide et mille fois rabâché à savoir qu’il ne faut pas juger son prochain, qu’il faut accepter tout ce qui nous arrive sans chercher à comprendre si cela est bien ou mal etc… J’aurais pourtant dû m’en douter en lisant la courte biographie de l’auteur en quatrième de couverture : parents missionnaires, diplôme de premier cycle en études religieuses et roman d’abord écrit pour ses enfants ! Il aurait dû continuer plus loin que le premier cycle, son roman en aurait sans doute été plus intéressant et sérieux.

Je suis atterrée !.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 9 novembre 2011