Le Horla et autres récits fantastiques
de Guy de Maupassant

critiqué par Lolita, le 2 août 2002
(Bormes les mimosas - 38 ans)


La note:  étoiles
Les mots défilent sous mes yeux comme envoûtée....
Un livre excellent rempli de petites nouvelles à dévorer... Mélange de suspense, de folie, de terreur, d'humour... Bref, si vous ne deviez lire qu'un seul livre de Maupassant ce serait celui-ci...
Le horla raconte la dégradation d'un homme face à la folie. Jour et nuit il se sent traqué. Il sent derrière lui comme une présence... Le conte de la folie s'achève en cauchemar parapsychique et en roman d'anticipation...
Amour, après les sueurs froides du Horla, nous détend et nous amuse dans cette nouvelle d'environ 5 pages.
Clochette, où l'existence d'une pauvre vieille. Ici, Maupassant nous raconte cette nouvelle comme un vieux souvenir. Le signe, l'histoire plutôt drôle d'une jeune femme prise d'une envie furieuse de se prostituer...
Vraiment toutes les nouvelles sont excellentes et je dois bien avouer que j'ai lu le livre d'une traite. Peut-être que le héros de Maupassant se sent possédé, en tout cas, dans ce livre c'est le lecteur qu'il envoûte...
Petit extrait de Clochette :
"Celui-là est si vieux, si vieux que je ne saurais comprendre comment il est resté si vif et si tenace dans mon esprit. J'ai vu depuis tant de choses sinistres, émouvantes ou terribles, que je m'étonne de ne pouvoir passer un jour, sans que la figure de la mère Clochette ne se retrace devant mes yeux, telle que je la connus, autrefois, voilà si longtemps, quand j'avais dix ou douze ans. C'était une vieille couturière qui venait une fois par semaine, tous les mardis, raccommoder le linge chez mes parents. Mes parents habitaient une de ces demeures de campagne appelées châteaux, et qui sont simplement d'antiques maisons à toit aigu, dont dépendent quatre ou cinq fermes groupées autour. Le village, un gros village, un bourg, apparaissait à quelques centaines de mètres, serré autour de l'église, une église de briques rouges devenues noires avec le temps. Donc, tous les mardis, la mère Clochette arrivait entre six heures et demie et sept heures du matin et montait aussitôt dans la lingerie se mettre au travail. C'était une haute femme maigre, barbue, ou plutôt poilue..."
Du grand Maupassant en fouillis 8 étoiles

Edition Albin Michel, collection "Le livre de poche", 1978

Le Horla (2e version)
Créature invisible hantant le narrateur, le Horla boit sa vie, lui enfièvre le cœur, prend petit à petit contrôle de son corps et le pousse à trouver refuge dans la mort.

Amour
Le plus beau des gestes d’amour n’est pas d’embrasser un corps lourd ou de le combler de cadeaux, c’est de suivre son mouvement. Un chasseur le prouve séant en discourant sur deux oiseaux.

Le trou
Ce trou de pêche était le mien, et ils ont osé le voler ! Chaque poisson était mon bien dont sans ambage on me spoliait. Aurais-je dû ne dire rien face à cette incivilité ? Ma femme me poussait aux reins. Alors oui, j’avoue, j’ai frappé : on en eût fait autant pour moins. Pour ce qui s’est passé après … Tout est allé beaucoup trop loin …

Sauvée
Dieu qu’il m’ennuie ! Que je le hais ! Il faut qu’au lit on l’ait chopé aux bras d’une autre. J’engagerai pour qu’il s’y vautre une pépée très avenante qui rentrera comme servante et dévoiera mon imbécile de vieux mari. M’en voudra-t-il ? J’en suis marrie. Mais plus me vaut le goût sucré, le charme chaud de liberté !

Clochette
Bonne mère Clochette tu nous as quittés, tu as fini ici ta vie de vieille fille. Et ce n’est qu’à présent que sont raidies tes quilles que je sais ce que jeune tu as enduré.

Le marquis de Fumerol
Quel accueil scandaleux ! Que cet homme est furieux ! Je viens pour délivrer au futur trépassé la douce extrême onction, et ce fou sans façon me hurle et me rejette. Mais qu’a-t-il dans la tête ? Son âme est au Malin et sa sœur au chagrin. Saura-t-elle fléchir ou faire réfléchir ce cœur libre-penseur rompu aux sombres mœurs ?

Le signe
Une femme de bon ton admirait une putain. Tout à coup l’idée lui vint d’imiter à sa façon l’innocent geste de main et le petit air mutin de la femme des bas fonds. Ce petit geste de rien fonctionne diablement bien et attire en son giron un galant qui tient pour rien l’alliance au doigt de sa main. Céder à la tentation ? Rester sur le droit chemin ? Être bourgeoise ou catin ? Le mariage ou la passion ?

Le diable
L’argent est maître mot, l’argent est maître au monde. Et l’envie d’en avoir est si lourde et profonde qu’on peut bien excuser d’accélérer le cours d’une vie qui trop tarde à achever son tour.

Les Rois
Mes camarades du fusil, faisons bombance et bonne chère, tenons loin nos heures dernières par la femme et l’éclat de ris. Vivent le glaive et puis l’aigrette et vivent les cuisses follettes !
Coquin de curé qui se moque avec ses vieilles effondrées, à toi vieux sournois effronté je lève à ta gloire mon bock ! Vivent les curés malhonnêtes et vivent les vierges seulettes !
Un coup a déchiré la nuit. La joie d’un coup est retombée et le vin s’est coagulé. L’air grave meurt la comédie. Passent les joies et les risettes et passent les heures de fête.

Au bois
On me disait ne fais pas ci, j’y avais toujours obéi. On me disait ne dis pas ça, j’ai gardé tous ces mots en moi. On éduque ainsi toute femme à ne brûler qu’à maigre flamme quand elle rêve d’un brasier pour s’y jeter, pour s’y coucher. J’ai donc attisé l’incendie ; j’y brûlais avec mon mari quand aux fourrés où nous étions on nous mit en arrestation.

Une famille
La maudite blondasse, elle me l’a gâté. Lui, l’ami de toujours, rieur d’absurdités, si fin, spirituel, se dictant ce qu’il doit, elle me l’a changé en odieux bourgeois ! Il se rit désormais des tortures d’un homme, pauvre vieux que l’on prive de la moindre pomme pour étendre, gonfler, méchamment étirer la douleur de ses jours, au nom de sa santé !

Joseph
La femme qui s’ennuie peut être bien cruelle. Tout lui est distraction y compris les tourments d’un humble domestique aimant passionnément sa patronne qui joue à sculpter ses séquelles.

L’Auberge
Ils étaient deux qui gardaient la montagne. Ils étaient deux qui gardaient une auberge. L’un est sorti pour battre la campagne, jamais n’en vint : ne reste qu’un concierge.
Il était seul qui gardait la montagne. Il était seul qui gardait une auberge. Il rechercha Gaspard avec sa cagne ; seule sa voix du désert froid émerge.
Il était seul entouré de montagnes. Il était seul enfermé dans l’auberge. Et la folie qui peu à peu le gagne et qui le ronge et qui tôt le submerge.

Le vagabond
La misère est ogre aux cents faims, insatiable, irrassasiable. Un croc se plante et son voisin vide de tout autant la table.
Randel essaie d’y échapper, de gagner un argent honnête. Il prend la route, entame à pied une professionnelle quête. On se méfie du vagabond et on refuse de l’aider : il sombre dans les exactions et dans la criminalité.


Maupassant, c’est génial ; Maupassant, c’est la base ! Maupassant, c’est le mot qui sublime la phrase. Maupassant, c’est un œil qui saisit les défauts mais aussi les beautés et les rend comme il faut. Rassembler en un livre quatorze récits de la main de ce maître n’est pas un défi, pourtant on aurait pu, souci de cohérence, créer une unité plus marquée, plus intense que celle de l’auteur qui en est l’origine. Tout balancer au four n’est pas de la cuisine ! Car, pour qui s’y connaît, en titrant « Le Horla », on pense au fantastique en veux-tu en voilà. Mais le vrai titre ici, c’est Guy de Maupassant, les œuvres épurées de ce prince normand.
Par contre j’aime assez qu’il soit nu de critique. Le texte vaut pour lui sans qu’un autre l’explique. Il étale à nos yeux sa force primitive et ne peut s’orienter qu’à nos propres dérives.

J’ai moins bien accroché à la nouvelle « Amour » que j’ai trouvée banale et d’un bien maigre jour. Le récit s’y déclare un peu sensationnel, richesse d’émotions, étonnante nouvelle, mais ne remue au fond que de vieilles images déjà mille fois vues au temps du Moyen-Âge.

Bien peu m’a plu aussi la nouvelle « Les Rois ». Elle m’a semblé longue et me glissait des doigts comme un extrait trop long privé de son contexte. Toutes les distractions m’étaient plaisant prétexte.

J’ai été partagé quant à « Une famille ». Deux bons thèmes, pour moi, qui unis se gaspillent. Avec plus d’unité, il aurait plus de force : texte-zèbre ou jument vaut mieux que texte-zorse. La nouvelle n’est pas genre à hybridation, concentrant son propos sur une seule action. De plus le caractère du jeune Gontran n’a jamais affiché un esprit bienveillant qui eût donné son sens à l’histoire du vieux : Gontran d’un cœur ouvert deviendrait monstrueux. L’union de deux récits, ici inadéquate, a donc été menée de façon maladroite.

Froidmont - Laon - 33 ans - 9 avril 2023


Un spécialiste 9 étoiles

Sept nouvelles d’un spécialiste.

1. « Le Horla « : un homme seul habitant une maison à Rouen se sent surveillé, menacé, et ce qui advint …
2. « Amour » : deux oiseaux, une femelle et un mâle, abattus lors d’une partie de chasse …
3. « Le trou » : dispute fatale entre deux pêcheurs …
4. « Sauvée » : une épouse prend son mari en flagrant délit par l’entremise de sa nouvelle servante …
5. « Clochette « : la tragique histoire d’une femme d’ouvrage lâchement abandonnée par son amant …
6. « Le marquis de Fumerol » : les derniers instants d’un franc noceur, libre penseur …
7. « Le signe « : une femme mariée qui fait la fenêtre (et pas le trottoir) …

( Vicieux comme je suis, c’est cette dernière que je préfère entre toutes)


Extraits de « le Horla » :


- Est-ce que nous voyons la cent-millième partie de ce qui existe ? Tenez, voici le vent, qui est la plus grande force de la nature, qui renverse les hommes, abat les édifices, déracine les arbres, soulève la mer en montagnes d’eau, détruit les falaises et jette aux brisants les grand navires, le vent qui siffle, qui gémit, qui mugit – l’avez-vous vu et pouvez-vous le voir ? Il existe pourtant.

- Quand nous sommes seul longtemps, nous peuplons le vide de fantômes.

Catinus - Liège - 73 ans - 18 décembre 2014


quelle bonne nouvelle ! 5 étoiles

J'ai lu une édition qui propose les 2 versions du Horla, lettre d'un fou et une vingtaine de (bonnes?) nouvelles.
Pourquoi les 2 versions du Horla ? pour qu'on voie la différence ? oui, on l'a vu mais on a surtout subi tout ce qui est identique. Toutes les oeuvres littéraires ont eu plusieurs versions, revues, corrigées, et on ne publie que la dernière !
Les nouvelles qui suivent sont de la même veine , le même filon de la démence, des hallucinations, des comportements irrationnels , et tous les maux passant dans sa tête.
Certaines sont captivantes, mais la série est lassante à la longue.
Et décidément j'ai du mal à me faire au style XIXème.

Krapouto - Angouleme Charente - 79 ans - 1 novembre 2014


A toujours avoir à portée de main 5 étoiles

je viens juste de terminer "le horla ". C'est un livre assez passionnant, un recueil de nouvelles fantastiques. j'ai savouré le style de l’écriture, il a su donner en détail, chaque chose, chaque émotion, chaque évènement (Bien propre à son style) sans qu'on se perde dans les détails, sans s’ennuyer, sans tourner en rend, avec les bons adjectifs, les bons termes ; et de magnifiques expressions. J’ai apprécié et je me suis délectée de chaque passage, rien que pour le plaisir de sa lecture.
Dans cette édition, il y a deux versions de "la Horla ", et la lettre d'un fou. La première parue en 1885, est une lettre, adressée à son docteur, où il se confesse ; lui raconte sa mésaventure, et achève sa lettre par une question "dites-moi ce que je dois faire?". la seconde ; en 1886, sous forme de récit, où la personne est rentré de gré dans un asile, et cette fois-ci encore il explique à des médecins ce qu'il lui arrive. enfin sous forme de journal intime; en 1887.
Personnellement, j'ai trouvé les deux premières versions réussies ; mais, il en reste que je préfère le journal, il y a un ordre chronologique, plus de détails et d'éléments. Il arrive à un certain point, où " la horla " se matérialise ou bien se personnifie , ça crée une confusion. Est-ce une fiction, un document ou bien un témoignage ?? Mais l'histoire en général reste la même, possédé par un double maléfique, qui le honte, qui lui détruit sa vie. A cette époque, ce genre de comportement se nommait " la folie ", ce qui est de nos jours, une dépression ou tout autre maladie nerveuse. Qui a une explication tout à fait compréhensive et prouvée scientifiquement. mais à l'époque, cela restait un phénomène, sans explication logique et rationnelle, les auteurs du 19 siècle l'ont utilisé comme sujet pour leurs romans fantastiques.
pour le reste du roman, les thèmes tournaient surtout autour de la folie (Un fou?, qui sait?, lui?. ..) ; la peur (la peur , auprès d'un mort, apparition ; la main, la main décrochée..) ainsi que l’obsession poussée (cas de divorce. la nuit. la chevelure ;. .. ) Qui remarquons-le ; chacune des obsessions des personnages se retournait contre eux ; jusqu’à les démolir intérieurement (belle leçon de vie !!) mais aussi des nouvelles, juste pour le plaisir d'écrire, je suppose, car elles n’ont pas de but précis à part de narrer comme "le loup" ou bien " le tic" ou encore sur l'eau".
En conclusion, Guy de Maupassant a voulu nous transmettre son idée de la folie. Un fait fantastique, les hallucinations; une chose inexplicable avec un soupçon de mystère. Ce que aujourd’hui on arrive à donner un nom à cette mystérieuse " folie". Alors nos enfants et futurs petits-enfants donneront-ils à leur tour un nom aux personnes que nous nommons de nos jours "Fou" ??

Judas - - 30 ans - 10 février 2012


Un Maupassant Culte ou sa raison l'emporte. 10 étoiles

Dans cette édition du Livre de Poche nous trouvons trois nouvelles: deux versions du HORLA et la Lettre d'un Fou (88pages).
Maupassant passionne, agace, angoisse, mais finit par émouvoir, distraire et passionner les lecteurs. Maupassant a écrit le HORLA en 1887, à une période de sa vie où la folie l'a emporté.
Le HORLA est une nouvelle où il rapporte ses angoisses et troubles par une sorte de journal : il sent autour de lui la présence d’un être invisible qu'il nomme le « Horla ». Au début lucide, il sombre peu à peu dans la folie en cherchant à se délivrer de cette emprise.
Nouvelle passionnante, qui nous en apprend beaucoup sur les troubles et les angoisses de l'auteur.
A lire, absolument pour tout fan de fantastique et simplement de belle écriture.

Anonyme3 - - - ans - 27 octobre 2011


Bien écrit 7 étoiles

Je ne suis pas un fan inconditionnel de Maupassant, cependant la première nouvelle de ce livre m'a quand même laissé un souvenir agréable. Raconter la folie n'est pas chose aisée, d'autant plus quand c'est celle de l'auteur qui est décrite avec brio. Les autres nouvelles ne valent pas la première.

Adrien34 - - 34 ans - 27 décembre 2010


Paranoïaque 10 étoiles

«Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes.»
Bien entendu, à la lecture du recueil, la nouvelle qui lui donne son titre reste la plus frappante. Ma préférence va à la deuxième version, sous la forme du journal intime, entre raison et folie, qui nous fait vraiment entrer dans la tête du héros et qui maintient le doute sur l'existence réelle du Horla. Maupassant se révèle ici un maître de l'angoisse en rendant littéralement visible pour le lecteur l'être imperceptible, l'Autre insaisissable qui hante son récit. J’ai également beaucoup apprécié "La main d'écorché"… Un classique du fantastique, genre naissant à l’époque (cf. Edgar Poe).

Nowhereboy - Rennes - 45 ans - 22 décembre 2010


Fantastique! 8 étoiles

Guy De Maupassant est pour moi l'un des meilleurs auteurs de son siècle! Son écriture est simple, concise et il ne s'embête pas avec des descriptions aussi longues que le bras.

Le Horla est un recueil de récits courts mais tellement bien écrit que certains vous glacent le sang. Toutes n'ont pas le même intérêt, certaines sont à laisser de côté (tout dépend de l'humeur du moment). Mais on s'amuse et Maupassant se révèle être un formidable conteur!

Rouchka1344 - - 34 ans - 24 janvier 2010


j'adore 7 étoiles

le horla m'a passionnée, je l'ai lu et relu, par contre les autre nouvelles m'ont déçue après avoir lu le horla je m'attendais à mieux

Ingrid26510 - - 37 ans - 9 mars 2008


Inégal, mais Le Horla est un classique 7 étoiles

Le Horla et autres contes d'angoisse est un cadeau d’anniversaire que m’a offert mon amie. Ce livre a été choisi en grande partie à cause de sa couverture (oui, nous sommes à ce point superficielles). C’est un recueil des nouvelles les plus lugubres de Maupassant. Inégales, mais Le Horla en vaut la chandelle.

On retrouve trois versions de Le Horla : Lettre d'un fou (en 1885, sous forme d’une lettre adressée à un docteur), Le Horla (en 1886, sous forme de dialogues), Le Horla (en 1887, sous la forme d’un journal intime). Les deux premières sont intéressantes, envoûtantes même, mais la version de 1887 est plus complète et profonde. Le narrateur est persuadé qu’une présence invisible s’introduit dans sa chambre. Je ne veux pas trop révéler. C’est épeurant et c’est la nouvelle clé de ce recueil. Cette nouvelle a inspiré Lovecraft et plusieurs films d’extraterrestres.

La Main d'écorché est l’une des premières nouvelles de Maupassant, qu’il a publié en 1875 sous le pseudonyme de Joseph Prunier. Lors d’une soirée entre amis, un des convives ramène une main morte. Peut être qu’à l’époque ça n’était pas le cas, mais j’ai trouvé l’histoire prévisible et je préfère quand c’est plus gore, comme le récit des voleurs de tombes du Molosse de Lovecraft.

J’ai aimé quelques parties du Docteur Héraclius Gloss. C’est l’histoire d’un homme qui se questionne sur la réincarnation jusqu’à s’en rendre fou, il se rapprochera des bêtes au détriment des humains. J’ai aussi aimé la finale, mais l’ensemble est long et lent.

Sur l'eau est atmosphérique, mais j’ai trouvé le récit trop court pour embarquer, c’est le cas aussi de Le Loup. Il faudrait que je les relise.

« Coco, coco, coco frais! » est insignifiant. Un homme à l’article de la mort qui attend dire « Coco » est heureux parce que ça porte chance... L’histoire est courte, mais c’est trop long encore.

J’ai trouvé Suicides déprimant. Prévisible, non? C’était quand même intéressant.

Je me rappelle à peine de Magnétisme, Rêves et Conte de Noël. J’ai trouvé ces nouvelles très ordinaires.

Le recueil fini avec Auprès d'un mort, que j’ai trouvé drôle et visuel.

Ça se termine sur une bonne note. Quelques bonnes nouvelles, mais je préfère encore Boule de Suif. Je conseille ce recueil à ceux qui aiment Maupassant ou qui veulent découvrir Le Horla.

Nance - - - ans - 27 février 2008


Histoires de fous. 8 étoiles

Histoires de fous.

Dans cette édition du Livre de Poche nous trouvons trois nouvelles: deux versions du HORLA et la Lettre d'un Fou.
Maupassant a eu l' intuition de la folie, de ce qu'à son époque on nommait ainsi, faute d'un vocabulaire adapté. Puis la fin de sa vie en a été affectée, séquelle de la syphilis contractée en 1870. Les connaissances psychiatriques de son temps étaient réduites à l'hystérie comme symptôme observable et à divers types d'aliénation que l'on nommait à défaut "crétinisme", hébétude", "mélancolie" selon l'ampleur de leur manifestation.
Les expériences de Charcot sur l'hypnotisme découlaient de celles de son prédécesseur Messmer, mi-charlatan, mi médium qui avait exercé au siècle passé, le XVIII ème, et laissaient entrevoir la possibilité d'une interaction entre le mental et le physiologique. L'inconscient n'avait pas encore statut de vedette, Freud n'étant encore occupé qu'à en faire la découverte.

Un phénomène d'hallucination, de vision, de dédoublement pouvait donc être ressenti par le patient et le vulgaire comme d'origine para normale, et les symptômes de ce qui est reconnu aujourd'hui sous le nom de dépression nerveuse, forme la plus commune et la plus facilement traitable des "maladies de l'âme" laissaient la Faculté désemparée autant qu'elles laissaient désemparées les capacités intellectuelles de celui qui était, comme dans le "Horla" ou le "Journal d'un Fou" victime et témoin lucide de telles manifestations.
La mélancolie n'était pas reconnue comme le signe d'une pathologie, et les connaissances scientifiques de l'époque ne permettaient pas encore de nommer la schizophrénie.
Un aliéniste tentait d'éliminer les symptômes par de vigoureux traitements chimiques ou des douches froides, les malades les plus "agités", ceux affectés de "folie furieuse" étant soumis à la contention, à l'enfermement.

Le scientisme, la rationalité revendiquée qui marque l'époque s'accommodent mal de manifestations comme les hallucinations. La littérature s'en empare pour les faire figurer dans le domaine du fantastique, représentation objective et rassurante d'un phénomène inexpliqué.
Le domaine du fantastique s'ouvre donc lorsque l'hallucination laisse des traces matérielles, des preuves de l'intervention d'un double réel ou d'une créature qui serait l'émanation de quelque mystérieuse puissance ou volonté, sans que l'on sache vraiment s'il s'agit d'un prolongement de l'hallucination, ou de l'interprétation abusive de phénomènes tout à fait normaux.

Dans le Horla la "chose" qui visite le narrateur pendant la nuit, boit son eau, mais ne touche ni au vin ni aux aliments solides, elle se manifeste dans ce qu'elle choisit de "voler" au narrateur et lui amène comme la preuve qu'elle a une réalité, une présence, qui si elle n'a pas d'apparence physique n'en révèle pas moins une "existence".
C'est cette existence, non visible, mais cernable par les traces qu'elle laisse qui présente ce caractère fantastique.

Ce que l'on sait aujourd'hui des dérives de la raison, les apports de la neurophysiologie, de la neuropsychiatrie et de la biochimie du cerveau et du système nerveux en général, nous permet de ne pas considérer comme a-normal celui qui manifeste de tels troubles et d'en relier les manifestations à un dysfonctionnement qui prend le caractère d'une pathologie. La puissance de l'évocation peut, on le sait se traduire par des manifestations physiques, comme les stigmates.

Il n'en reste pas moins que dans le "Horla", le phénomène hallucinatoire devient contagieux, ce qui achève de le rendre inexplicable. Il résiste à toute la capacité de raisonnement critique dont disposait l'époque.

Faut-il voir dans ces nouvelles, si éloignées des sujets de prédilection de Maupassant, héritier de Flaubert, une passerelle entre réalisme et symbolisme? Y voir ce que l'on peut voir avec le recul dans le "Cri" de Munch: une sorte de prémonition de ce que sera le siècle qui s'annonce, le vingtième?

C'est un peu fou, non?

TELEMAQUE - - 76 ans - 10 novembre 2006


Cinquante Cinquante 7 étoiles

Le horla est vraiment génial, la main écorchée aussi, certaines autres nouvelles sont intéressantes, mais la plupart des minuscules nouvelles sont très décevantes... il y a trop de détails pas importants et pas assez de matière pour traiter des sujets comme l'eau...

Bravo quand même pour ce beau recueil

Gahwem - Suisse - 33 ans - 21 mars 2006


de quoi se poser des questions 8 étoiles

Maupassant nous emmène dans un monde plein de folie et de choses étranges et nous interroge sur la réalité des êtres et des choses fantastique. Vraiment intéressant!

Lecteur n°1 - - 39 ans - 26 décembre 2005


J'aime à la folie 10 étoiles

Navré pour ce nouveau calembour pitoyable. Mais il a pour mérite tout de même de rendre part de manière fidèle de ce que je pense de ces nouvelles.
Le fantastique agace autant qu'il passionne, et je me suis amusé, pour chacune d'elles, à inventorier les explications plausibles, s'il en a, à celles qui le seraient beaucoup moins. Cela permet un jeu d'enquête et d'invention très stimulant, tout en donnant la chair de poule.

Veneziano - Paris - 47 ans - 10 mai 2005


Un des grands "rois" de la nouvelle... 10 étoiles

A mes yeux Maupassant mérite ce titre et de loin !... Il est à la nouvelle française ce que Hemingway était à la nouvelle américaine.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 16 août 2002