La répudiation de Rachid Boudjedra

La répudiation de Rachid Boudjedra

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Vigno, le 3 août 2002 (Inscrit le 30 mai 2001, - ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 466ème position).
Visites : 11 445  (depuis Novembre 2007)

La mariée avait quinze ans

Rachid Boudjedra a 28 ans quand il publie La Répudiation (1969). C’est un roman de la mémoire ( une « catharsis thérapeutique » ) savamment construit, écrit dans un style touffu, écrit sans doute dans l’urgence, tant les mots et les phrases se bousculent.
C'est l'histoire d’un fils, hanté par des désirs de parricides, parce que son père a répudié sa mère, parce qu'il découvre que cette société est fondée sur le droit de jouissance du chef de clan.
C’est l’histoire de femmes-bétails, objets sexuels, exploitées et rejetées, tenues en laisse, barricadées, qui passent des mains des pères à celles des maris.
« Les cafés sont pleins à craquer. Chaque tasse de café est une négation de la femme. A défaut de leurs épouses, les consommateurs sont accompagnés de leurs enfants; toujours endimanchés et l'air décidé de ceux qui savent que la relève est certaine: garder les femmes. » Garçons éduqués dans la haine du sang menstruel et du lait qui s’écoule du sein de l’amante.
C'est l'histoire d’adultes cruels qui violent les enfants, filles et garçons. « Noces drues. La mariée avait quinze ans. Mon père, cinquante. Noces crispées. Abondance de sang. Les vieilles femmes en étaient éblouies en lavant les draps, le lendemain. Les tambourins, toute la nuit, avaient couvert les supplices de la chair déchirée par l’organe monstrueux du patriarche. » Tenir un livre de prières d'une main pendant qu'on viole une fillette de neuf ans venue demander l’aumône, de l'autre.
C'est l'histoire d’une communauté patriarcale qui baigne dans le sexe et le sang, qui mélange allègrement les rites purificateurs sanguinaires exercés contre les bêtes et la défloraison des jeunes filles. « Et l'on nous pourchassait sans répit, jusqu’à ce que nous eussions pleinement assumé le bonheur du sang et de la fiente, dans un monde où les adultes jouaient aux bouchers pour mieux préciser la démarcation entre leur animalité et notre humanité à fleur de conscience, malgré la haine et la passion qui nous transformaient en bêtes féroces. »
C’est l’histoire d'un pays qui cultive la violence et la cruauté et qui finit par étouffer dans ses excréments. « Je passais mes journées à lui raconter la vie de la tribu, la mort de Zahir, l'inceste consommé avec Zoubiba et avec Leïa, la répudiation de ma mère par Si Zoubir, chef incontesté du clan; point de départ de la dissémination et de la destruction de la famille, prise à son propre piège, envahie par sa propre violence, décimée finalement au bout d’une longue lutte qui aboutit à cette guerre intestine au moment du partage, ravageant le pays comme une sorte de calamité naturelle… »

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Pourquoi une telle complication

6 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 11 janvier 2013

Ce livre m'est tombé sous la main, comme souvent, par hasard il a 2 ou 3 ans. J'ai essayé alors de le lire et l'ai finalement laissé de côté. Le reprenant, je me suis efforcé cette fois-ci d'aller jusqu'au bout. Certes on y trouve bien ce qui fait l'enthousiasme de la critique de Vigno, mais seulement par endroits où une certaine société algérienne est véritablement mise à nu. Mais, pour accéder à ces pages, il faut traverser une langue d'une inutile complexité, des épanchements à la limite du ridicule et une affligeante logorrhée. Je ne comprends pas ce qu'apportent ces préciosités au propos somme toute très classique sur le fond de l'auteur. On connaît bien d'autres ouvrages décrivant l'indicible horreur dans un langage d'une autre simplicité qui n'ôte rien à l'épouvante.

la répudiation

10 étoiles

Critique de Fennec (Hadjout Wilaya de tipasa, Algérie, Inscrit le 19 août 2002, 79 ans) - 21 août 2002

c'est un livre d'une extrême sensibilité car il met en exergue sinon à nu la société algérienne et arabe qui très longtemps s'est confinée derrière la religion. Cette même religion qui par ses nombreux tabous a toujours fait de la femme une bête de somme qui n'a pas droit à la parole. Ce livre balaye d'une seule main ces interdits venus d'une autre époque révolue. C'est un cri de détresse que lance l'auteur afin de bannir à jamais ces méthodes archaïques et patriarcales qui n'ont plus de place dans une société universelle où l'homme et la femme ont le droit de choisir la voie qui leur convient

Superbe critique !

9 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 3 août 2002

On sent que tu as été émotionné par ce bouquin dur à lire, dur à comprendre. Il me fait penser à un autre que j'ai critiqué sur le site. Si tu veux aller y jeter un coup d'oeil, il va dans le même sens que le tien. Titre du livre, écrit par Fariba Hashtroudi "Iran, les rives du sang"

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