La Pitié de Dieu
de Jean Cau

critiqué par DE GOUGE, le 10 novembre 2011
(Nantes - 67 ans)


La note:  étoiles
huis clos étonnant !
Ils sont quatre, quatre meurtriers, condamnés à vie (à mort ?) dans une cellule de prison : un médecin, un boxeur proxénète, un grutier, et un ...on ne sait pas !
Tous les 4, ont trouvé une survie dans le carré de leur prison et ce sont leurs échanges qui composent cette œuvre étonnante: le récit, chaque fois différent, de qui ils ont tué, leurs réflexions sur l'humanité, et deux fois par jour, une chronique délirante, inventée par l'un d'eux, de l'actualité !
Et cette étrange voix OFF: parfois : nous, parfois : je ! Impossible à cerner mais réelle et déconcertante et formant une sorte de fil rouge entre les protagonistes !
Étranges et passionnants échanges : intellectuel ou ras des pâquerettes, mais avec un respect total.
Ces êtres partagent le fait d'avoir tué et cela leur suffit pour se construire un horizon à part ! Pas question, par contre, que quiconque s'immisce, ils deviendront cruels : ils ont trouvé leur rythme, parfois indécent, parfois naïf, parfois à la limite du passage à l'acte violent, le plus souvent consensuel !
On est dérouté, curieux, stupéfait !
Un livre inclassable, un Goncourt pourtant(1961), et c'est dommage, méconnu...
Je ne suis pas accro de Jean CAU, mais pour moi, ce livre est un chef d’œuvre ! Dérangeant et superbe !
Un entre-soi dérangeant... 7 étoiles

Plus qu'un roman, ce livre pourrait aisément être une pièce de théâtre. Enfermés dans une cellule, subissant la visite épisodique du gardien, seul personnage à s’immiscer dans leur intimité de détenus à perpétuité, les quatre personnages principaux du roman se livrent au jeu de la vie: jeux, histoires, rêves et folie se mêlent tout au long des quatre cent pages de ce roman qui se lit par saccades.

Les réflexions sur les causes de l'incarcération des personnages et les souvenirs d'"avant la prison" sont toujours très captivants, les délires liés à la promiscuité sont parfois étonnants, parfois troublants mais la plupart du temps ennuyeux.
Ce qui fait que ce roman se lit par saccades au fil de l'état d'esprit du petit groupe: parfois prenant, s'étirant en longueur pour faire essayer de sentir au lecteur la condition de prisonnier. Le style de Jean Cau est impeccable.

Un roman intéressant donc, qui m'a valu parfois un peu de persévérance pour dépasser les moments longs du récit.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 16 juillet 2013