Le journal d'une femme de chambre de Octave Mirbeau
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Très dérangeant !
C'est : tout le monde n'est pas beau, tout le monde n'est pas gentil !
Le journal d'une soubrette : Célestine, nous entraîne dans les dessous crapoteux de la bourgeoisie vers la fin des années 80 !
Franchement pas joli, mais on connait déjà, nombre d'auteurs en ont fait le récit !
L'intérêt principal de ce livre, à mes yeux, se situe quand Célestine, après moult pérégrinations, décide de se "stabiliser"
Dans la dernière demeure où elle exerce, aussi pourrie que les autres, Célestine, légère, frivole, un rien exploiteuse du système et libre avant tout , rencontre un domestique fruste, abonné à l'extrême droite et anti Dreyfusard en diable !
Et c'est la métamorphose de cette jeune femme qu'Octave Mirbeau nous offre comme spectacle !
Déroutant, attristant mais réaliste !
Une très belle écriture, des mises en situations désopilantes ou sordides, des personnages secondaires superbement campés, bref, un très bon livre !
Les éditions
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Le Journal d'une femme de chambre [Texte imprimé] Octave Mirbeau édition présentée et annotée par Noël Arnaud
de Mirbeau, Octave Arnaud, Noël (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070375363 ; 8,10 € ; 31/12/1998 ; 509 p. ; Poche -
Le Journal d'une femme de chambre
de Mirbeau, Octave
le Livre de poche
ISBN : 9782253082637 ; 7,90 € ; 25/01/2012 ; Poche -
Le Journal d'une femme de chambre
de Mirbeau, Octave
Pocket
ISBN : 9782266049030 ; 3,43 € ; 12/09/1999 ; 311 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (10)
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Célestine, le vice ou la vertu
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 21 juillet 2022
Ce style bien particulier, Octave Mirbeau s'en sert brillamment pour dépeindre les vices des maîtres et des valets, les uns ne valant pas mieux au fond que les autres. Et en matière de vice, il faut noter que c'est le goût de l'argent et de la chair qui reviennent le plus souvent ! Célestine nous fait partager ses observations, teintées de fatalisme, grâce à ses expériences passées, qu'elle nous raconte comme une dizaine de "retour en arrière" charpentant puissamment le récit (et qui en fait une de ses particularités).
Personnage ambiguë, partagée entre son désir de rédemption (elle se montre d'une certaine religiosité) et son envie de partager la vie faussement brillante de ses maîtres, Célestine est au final une figure attachante, conscient pleinement de ses faiblesses autant que des ses ambitions.
Un livre impressionnant
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 22 janvier 2020
Tout au long du roman, où l’héroïne centrale est toujours Célestine, la femme de chambre, l’auteur lui fait tenir un journal intime, dans lequel elle alterne son histoire principale qui se déroule chez des riches bourgeois de campagne, celle qu’elle vit dans son présent, et des histoires secondaires, qui sont des récits des périodes de son passé où elle avait été placée dans différentes maisons, à Paris et en province, et des souvenirs de sa jeunesse. Tout est très bien écrit, d’une grande force d’évocation couplée d’un ton malicieux toujours présent, où dans nombre de scènes marquantes, d’une écriture puissante à camper psychologiquement les protagonistes, avec des dialogues toujours au plus près de la vie courante, excellent à faire ressortir les turpitudes humaines, ce qui n’exclut pas qu’il y ait des outrances et des excès, l’auteur forçant parfois trop le trait. Mais à travers la vie de Célestine telle qu’il la raconte, il me semble que son propos est de dénoncer la condition d'exploités des domestiques et les abus ignominieux de ceux qui les emploient, sans nier qu’il y ait aussi des bassesses chez les exploités… Ces mêmes exploités qui souffrent de leurs conditions, rêvent souvent d’être calife à la place du calife et de pouvoir exploiter à leur tour… Et j’en été remué, souvent. Ça vous va droit au cœur, ça vous fait ressentir la pitié, la consternation, la répulsion, et même l’amusement, l’indulgence, la raillerie, le mépris… on passe par tout cela en suivant Célestine dans son métier de femme de chambre.
Un très grand roman, une réussite, un chef d’œuvre. J’ai découvert Octave Mirbeau avec « Le journal d’une femme de chambre », et j’y reviendrai sur d’autres livres de lui. Octave Mirbeau, qui ne doit pas être bien connu maintenant, a vraiment gagné mes respects et mon admiration pour le grand auteur qu’il était. J’ai commencé à lire ce livre, sachant qu’il était nimbé dans ma tête d’un nuage flatteur d’avis positifs et de commentaires élogieux, glanés ici ou là, par petits morceaux, au cours de ma vie vouée à la passion des livres. Je n’ai pas été déçu, contrairement à bien d’autres ! Au moins, avec lui, on n’est pas trompé par une réputation surfaite ! C’est un de ces grands auteurs, qui ont véritablement quelque chose à dire.
A un peu plus d'un siècle d'ici.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 juin 2015
Octave Mirbeau donne le premier rôle à une femme de condition modeste, une simple domestique, représentante d'une "sous-classe". "Même les chiens sont mieux nourris que nous" dira Célestine.
Un roman qui présente avec brio une société où il ne faisait pas bon vivre quand on n'était pas riche.
J'ai été pris de la première à la dernière page. (l'édition folio de 1984 étant complète et particulièrement soignée).
Un chef d'oeuvre dans le genre !
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 5 avril 2015
Célestine tient un journal et raconte sa vie chez les Lanlaire, les voisins, les gens du village, les autres servantes. Tout au long du récit, comme en flash-back, elle nous conte ses souvenirs : monsieur Georges, un grand jeune-homme gravement malade qu’elle soigne, avec un grand dévouement, mais qui finira par succomber ; la petite gamine, Claire, violée et assassinée par son bourreau (c’est peut-être Joseph…) ; monsieur Xavier et l’auteur de ses jours, menteur, volage et escroc sur les bords ; la placeuse madame Paulhat-Durand, une sorte d’esclavagiste, et quantité d’autres anecdotes délicieuses, horribles ou croustillantes. Rassurez-vous : tout se terminera bien pour Célestine : elle fera bistrot avec Joseph. Bien … enfin, on peut l’espérer …
Le regard que pose Célestine sur les êtres humains et particulièrement sur les mâles est assez saisissant …Signalons encore que nous sommes loin du misérabilisme pur et dur car toutes ces pages sont sensuelles, pleines d’humour. On lit tout cela avec un sourire perpétuel affiché sur les lèvres …
Bref, un grand bouquin ! Un chef d’œuvre dans le genre !
Extraits :
- Et que sont donc les bureaux de placement et les maisons publiques, sinon des foires à esclaves, des étals de viande humaine ?
- A douze ans, j’étais femme, tout à fait … et plus vierge … violée ? Non, pas absolument … Consentante ? Oui, à peu près … Du moins dans la mesure où le permettaient l’ingénuité de mon vice et la candeur de ma dépravation … Un dimanche, après la grand-messe, le contremaître d’une sardinerie, un vieux, aussi velu, aussi malodorant qu’un bouc, et dont le visage n’était qu’une broussaille sordide de barbe et de cheveux, m’entraîna sur la grève, du côté de Saint-Jean. Et là, dans une cachette de la falaise, dans un trou sombre du rocher, où les mouettes venaient faire leur nid … où les matelots cachaient quelques fois les épaves trouvés en mer … là, sur le fil du goémon fermenté, sans que je me sois refusée, ni débattue …il me posséda … pour une orange !
- Parce que moi, dans la même journée , quand j’ai couché avec Monsieur, avec le fils de Monsieur, avec le concierge … avec le valet de chambre du premier … avec le garçon boucher … avec le garçon épicier … avec le facteur du chemin de fer … avec le gaz … avec l’électricité … et puis avec d’autres encore … eh bien, vous savez … j’en ai mon lot !
- Ah oui ! les hommes ! … Qu’ils soient cochers, valet de chambre gommeux, curés ou poètes, ils sont tous les mêmes … Des crapules !
Noir, c’est noir.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 31 juillet 2014
C’est le cas de Célestine, la femme de chambre dont nous lisons le journal. Pas gâtée dans son enfance, c’est le cas de le dire – Zola pas loin ! – Célestine débouche dans le métier de femme de chambre. Au fil des pages de son journal, elle revient sur ses postes précédents, tous moins glorieux les uns que les autres. Pas grand-chose à sauver de tout cela.
Et pourtant, elle semblait avoir des capacités, la petite Célestine. Elle lit, tient un journal … bref elle est capable d’autre chose qu’agiter un plumeau. Mais sa prime enfance en a décidé autrement. Et donc, au rendez-vous ; fétichiste, vieux cochon, jeune cochon, maîtresse avaricieuse qui ne cherche qu’à la coincer pour … (pourquoi au fait ?), maîtresse qui l’engage comme femme disponible à domicile pour son jeune crétin de fils … Evidemment, selon le bon vieux principe : action /réaction.
Et donc on essaie de chaparder, de surprendre les secrets les plus inavouables (inavoués plutôt !). C’est une sacrée fosse aux serpents que nous décrit Octave Mirbeau. Mais ce qui me gêne un peu, c’est qu’il ne laisse pas supposer un instant qu’il puisse en être autrement ? Ca me parait un peu trop catégorique.
Puis vient la dernière place de Célestine, celle où elle fait la connaissance du jardinier –homme à tout faire de la maison. Un homme sinistre, apparemment potentiellement criminel, qui va la convaincre de « marcher » avec lui dans son projet d’ouvrir un bar à matelots à Cherbourg. Avec Célestine en vitrine. L’affaire se monte grâce à une crapulerie, une de plus, et notre roman se termine avec la vision d’une Célestine embourgeoisée dans son bar, traitant son personnel … avec le même dédain qu’elle a connu, elle. Totalement désespérant, vous dis-je !
L'envers du décor
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 23 octobre 2013
Célestine, femme de chambre, nous retrace sa déroutante carrière, s'ennuyant dans cette énième maison où elle officie, se disant que l'herbe n'est décidément pas plus verte ailleurs... C'est qu'elle en a connus, des Maîtres et des maisons ! Chaque expérience lui a appris tant de choses sur ces Bourgeois qui l'employaient, certaines qualités, beaucoup de travers... Tantôt sulfureuses, tantôt dépravées, les Maîtresses de maison avaient bien à rougir devant cette jeune fille qui connaissait déjà tant de choses et ne se laissait pas embobiner ! Et leurs époux, prêts, très souvent, à profiter du petit personnel pour assouvir leurs besoins en tout genre, perdaient de leur panache !
Alors il fallait se regrouper, entre petites gens, former un bataillon, profiter des faiblesses de ces employeurs bien trop sûrs d'eux, les berner, au passage, histoire de ne point trop s'ennuyer et profiter de quelques avantages !
Un regard sur les moeurs de la fin du 19ème siècle, qui montre toute la cupidité des êtres, le besoin de paraître, le dédain envers les plus petits, ces signes qui se répètent, inexorablement.
La période où Célestine se trouve un long moment dans une maison de placement nous montre combien ce monde était cruel, combien le dénigrement était de mise et démontre une grande misère humaine !
Pour terminer, je vous cite un passage qui m'a touchée, par son thème, par son contexte (Célestine se trouve au service d'un jeune malade condamné, et lui lit de la poésie), et par la beauté de l'écriture :
"Ce qu'il y a de sublime, vois-tu, dans les vers, c'est qu'il n'est point besoin d'être un savant pour les comprendre et pour les aimer... au contraire... Les savants ne les comprennent pas et, la plupart du temps, ils les méprisent, parce qu'ils ont trop d'orgueil... Pour aimer les vers, il suffit d'avoir une âme... une petite âme toute nue, comme une fleur... Les poètes parlent aux âmes des simples, des tristes, des malades... Et c'est en cela qu'ils sont éternels... Sais-tu bien que, lorsqu'on a de la sensibilité, on est toujours un peu poète ?... Et toi-même, petite Célestine, souvent tu m'as dit des choses qui sont belles comme des vers..."
Femme de chambre
Critique de Marlène (Tours, Inscrite le 15 mars 2011, 47 ans) - 26 août 2013
Cela m'a fait penser un peu à du Zola. Je l'ai lu vite et j'en ai gardé un goût amer ;)
Réfloexions sur un livre après vision du film l'ayant inspiré
Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 77 ans) - 19 juillet 2013
Le journal de Nafissatou Dialo ?
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 26 mars 2012
C'est par le petit bout de la lorgnette que nous emmène Mirbeau, pour visiter les lieux intimes des grands de ce monde.
La cicérone, Célestine, nous prend par les mirettes et nous cède la place pour regarder par le trou de la serrure et coller l'oreille aux murs.
C'est fort déplaisant le récit de ces nobles désargentés, ces parvenus radins, ces maîtres en rut toujours prêt pour culbuter une soubrette et faire valoir le droit de cuissage.
Les mesquineries de la haute, les coups bas, enfin tout ce qui fait l'humanité, qu'elle soit riche ou pauvre.
D'ailleurs Célestine est loin d'être une sainte, compatissante aux ardeurs des maîtres, cachotière, espiègle, presque libre dirai-je.
Le style est un peu lourd et il faut parfois relancer la lecture pour continuer a lire les aventures de Célestine qui sont toujours un peu les mêmes.
Mirbeau dresse un portrait sans acide de cette armée de laborieux qui s'activent en coulisse, toujours grinçants envers leurs maîtres, toujours prêts eux aussi à grappiller, à faire la nique et au final essayer de s'en sortir coûte que coûte.
Difficile de ne pas penser que ce livre n'a pas pris une ride en 100 ans, dans les grandes maisons cela n'a pas dû changer beaucoup, ne parlons de ces femmes de chambre qui restent dans l'ombre, pour une qui a été éblouie par les feux des médias, s'y est sans doute brûlée les ailes, vrai-faux semblants de cette vie en coulisse qui a sa part dans l'histoire des familles.
" Et c'est juste, remarquez bien... que deviendrait la société si un domestique pouvait avoir raison d'un maître ? Il n'y aurait plus de société mademoiselle... ce serait l'anarchie "
" Les grandes dames, disait William, c'est comme les sauces des meilleures cuisines, il ne faut pas voir comment ça se fabrique "
soubrettissement
Critique de Oreip75 (, Inscrit le 23 août 2011, 45 ans) - 17 janvier 2012
Mais attention, parce que Célestine est à fleur de peau, elle dit ce qu'elle pense: c'est percutant, drôle et émouvant
…et d’actualité …même si Octave Mirbeau l’a écrit il y a à peine…112 ans
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