O dingos, O châteaux !
de Jean-Patrick Manchette, Jacques Tardi (Scénario et dessin)

critiqué par Nothingman, le 23 novembre 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Western moderne
Ce « Ô Dingos, Ô Châteaux » est la troisième plongée de Tardi dans l’univers résolument noir de Jean-Patrick Manchette, après « Le petit bleu de la côte Ouest » et « La position du tireur couché »
Michel Hartog est un philanthrope. Suite à la mort de son frère et de sa belle-sœur dans un accident d’avion, il a été désigné tuteur de son jeune neveu devenu Peter, orphelin. C’est lui désormais qui gère l’entreprise familiale. Hartog a créé une fondation et cherche à faire le bien autour de lui. Il emploie handicapés et infirmes dans ses usines et ne s’entoure que de personnes en souffrance ou dans le besoin. Sa cuisinière est épileptique, son jardinier n’a qu’un bras, sa secrétaire est aveugle et son chauffeur est un ancien para qui a sauté sur une mine. Lorsque la nurse du petit Peter rend son tablier, Hartog va en chercher une nouvelle à l’hôpital psychiatrique. Pour Julie Ballanger, l’heureuse élue, la première rencontre avec Peter n’est pas une sinécure. L’enfant est capricieux et colérique. Le lendemain, alors qu’elle l’emmène au parc, tous deux sont enlevés de force, jetés sur la banquette arrière d’une voiture et séquestrés dans une cabane perdue au fond des bois.
S’ensuit alors une chasse éperdue dans la France profonde, qui vaut quelques cases d’anthologie, toujours en noir et blanc avec Tardi. Comme par exemple cette course poursuite un peu folle dans un grand magasin. Des cases souvent d’une violence un peu trash. Les personnages sont résolument noirs. Après avoir adapté Nestor Burma de léo Malet, Tardi trouve ici, avec Manchette, un autre auteur de choix, avec lequel il peut entrer en adéquation. Le dessin très fin de Tardi s’accorde ici parfaitement au scénario cynique de Manchette. Du grand art…
"Porc ! Gros c**!" 8 étoiles

L'affaire d'une fille sortant d'un hôpital psychiatrique, puis devenant le parfait bouc-émissaire. Forcément (et plutôt pas pour son bien.) Donc encore un polar agréablement composé par cette hydre à 2 têtes qu'était Manchette, ici pas encore tout à fait normaliste...

L'histoire mise en images par Tardi se laisse donc suivre d'autant plus si l'on est vierge de n'avoir pas lu l'original de 1972, et même si le tout contient il est vrai de nombreux poncifs c'est avec joie qu'on accueille une galerie de monstres et des tueurs ô si méchants, notamment dans ce supermarché qu'ils mettent à sac. Quasi gothique et flirtant avec l'absurde le moche d'ailleurs, l'intrigue: si vous aimez la famille Addams tout cela est pour vous.

Evidemment comme d'habitude avec Jean-Patrick la fin est bâclée (sinon peu crédible) mais on pourra ensuite s'attacher non pas à ce gamin pourri-gâté mais plutôt à sa nurse, cette demoiselle à l'élégance assez recherché nommé Julie. Sans oublier une patte légèrement commerciale qui rappelle aussi le film période hollywoodienne "Gloria" de John Cassavetes.

Antihuman - Paris - 41 ans - 3 septembre 2014


La fuite d’un gosse en souffrance et d'une baby sitter en proie à ses démons... 9 étoiles

Je suis de ceux qui trouvent les romans de Manchette désuets, pourtant j’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette adaptation. Est-ce que cela vient du roman que je n’avais pas lu ou de Tardi, je ne peux vous le dire.
L’histoire est celle de Julie, une jeune femme fragilisée qui après une jeunesse de délinquante et un passage de 5 ans en hôpital psychiatrique est accueillie par un riche héritier pédant pour s’occuper de son neveu, une peste ultra gâtée comme il y en a tant aujourd’hui.
Lors de leur première promenade ils se font kidnapper.
Julie et Peter parviendront à s’enfuir mais aussitôt pris en chasse à travers la France. La fuite d’un gosse en souffrance et d'une femme en proie à ses démons.

Des personnages parfaitement décrits, crédibles et attachants. Une histoire qui n’a pas vieilli, celle de l’argent face à l’humain.
Pour moi, la meilleure bd de Tardi adaptée d’un roman de Manchette.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 2 février 2012