critiqué par Mwa150, le 25 novembre 2011
( - 31 ans)

La note: étoiles

La guitare Del castillo

Pour son deuxième livre, Del castillo a vraiment trouvé le moyen d'étonner ses lecteurs.
D'abord le style peu conventionnel: l’interpellation directe du lecteur, l'agressivité du narrateur. La nonchalance, le je-m-en-foutisme et le mépris de ce même conteur vis-à-vis de son destinataire sont autant d'éléments qui me semblent relativement intéressants.
En sus de cette originalité narrative, le deuxième aspect mis en évidence , est celui de la proximité entre nous lecteurs et les personnages.Ces paysans que Del Castillo a pris un malin plaisir à nous exposer tantôt dans tout leur pittoresque pour ensuite nous les montrer dans leur plus grande dignité. Ceux-là même qu'il nous fait aimer puis détester sans jamais tomber, ni dans les travers de la morale bien pensante, ni dans la haine du méchant stéréotypé.
Sans oublier l'ambiance noire et l'atmosphère mélancolique qui pèsent durant tout le récit donnant à l'histoire une dimension tragique digne du plus grand Shakespeare. (Ce qui ne me déplait pas complètement)

Flamenco !

Il est des livres dont on sort ébloui, émerveillé… Cette œuvre de Michel del Castillo, « La Guitare » publiée en 1957 (la même année que Tanguy son premier roman) n’est pas de ceux là… On en sort ahuri, médusé…
Il s’agit du récit d'une tranche de vie d'un nain difforme et repoussant, haï des siens mais qui cherche en vain à atteindre leur cœur. Riche de vingt fermes il tentera de les donner à ses métayers, à la mort de son père, contre reconnaissance en vain… Devant une telle ingratitude, il les reprendra toutes ces fermes, ainsi que les femmes des fermiers, et deviendra méchant, tel qu'il se plait à le dire, "un monstre» ; du moins c’est ainsi qu’on l’appellera désormais dans le voisinage, où tout le monde se détourne ou fuit sur son passage…
Seul Jaïro, le guitariste Gitan de passage en Galice lui fera caresser l’espoir de toucher le cœur de ses « semblables » par la musique. Aussi, se fait-il violence, pendant un an , avec l’aide de Jaïro, pour atteindre un niveau compatible avec son grand projet : se produire en récital aux « Fêtes de l’Eau » organisées en hommage aux disparus en mer…
Dans ce récit, le narrateur s'adresse à plusieurs reprises directement au lecteur, l’agresse… Ou lui explique qu’on ne peut comprendre la Galice qu’à la condition d’en être natif.
Michel del Castillo alterne le violent (les agissements du et contre le nain ; on lapide ici, Monsieur, dans le cimetière) et le lyrique quand il décrit les paysages embrumés des rias de Galice, ou un accord de guitare.
Quelle puissance, dans ce « petit » récit. Ahuri, vous dis-je…

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 69 ans - 31 mars 2012