Océan mer
de Alessandro Baricco

critiqué par Persée, le 11 août 2002
(La Louvière - 73 ans)


La note:  étoiles
Le rateau de la Méduse
Baricco enseigne les techniques de la narration à la Scuola Holden. Eh bien, ça se sent ! L'ennui est que ça se sent un peu trop fort. En art, il en va des techniques comme des parfums : elles charment surtout par leur discrétion. Sinon le patchouli fait fuir le chinchilla.
On restait encore anesthésié par la grâce de "Soie". C'est dire qu'on s'attendait au meilleur et que les contes, on n'était pas contre. Mais la grâce ne reçoit pas à toute heure. Veut-on la courtiser trop qu'elle s'appesantit. La grâce engraisse. La voilà grasse. Et le papillon, transformé par la méchante fée, se retrouve éléphant dans un magasin de porcelaine.
Donc, le ton du roman reste, comme dans "Soie", celui du conte : l'auteur prend le lecteur à témoin, utilise des phrases ou des situations répétitives, des dialogues décalés, invente des personnages improbables. On passe du rébus (mon premier est ceci, etc.) à la prière (par ailleurs très belle), du rire au drame. Oui. Mais trop c'est trop.
Oh, mais c'est un grand monsieur tout de même, Baricco. Il atteint parfois les profondeurs ("la vérité est inhumaine", "ce sont les désirs qui nous sauvent"). Il peut vêtir la complexité avec des mots simples et le résultat est souvent troublant. L'imaginaire peut se confondre avec une réalité qui confine à l'horreur.
Ses personnages ne manquent pas d'originalité (à vrai dire, ce sont, à proprement parler, des originaux) : une jeune fille qui se languit jusqu'à ce qu'une langue la délie, un gars qui écrit des lettres à celle qu'il rencontrera un jour (et les garde pour elle), un peintre qui peint la mer à l'eau, mais sans couleurs (dans ce domaine la mer fait mieux), deux marins à couteaux tirés se souvenant de leur naufrage indicible, un professeur qui n'en finit pas d'achever une encyclopédie des limites, un pasteur qui élabore un recueil de prières, un amiral qui décrète le vrai et le faux.
De fort belles pages, d'une grande intensité dramatique, ou des images dignes d'un film de David Lean (La fille de Ryan) valent franchement le voyage. Mais les techniques narratives les corsètent et parfois les étouffent. Ca sent le procédé. On a l'impression d'assister à un ballet sans musique : on entend le souffle des danseurs, le craquement de leurs articulations, le glissement de leurs pas sur les planches et, obnubilés par ces artefacts, on passe à côté de l'essentiel.
Car cette oeuvre, il faudrait l'écouter plutôt que de la lire. On hésite en effet entre le théâtre et l'opéra.
Calvaire littéraire! 1 étoiles

Vivent les vrais conteurs et les vrais romanciers, ceux qui n'ont pas besoin de jeter de la poudre aux yeux avec un style pseudo-novateur, ceux qui créent des personnages forts et des histoires palpitantes. Pour que le plaisir de la lecture soit entier, la forme ne doit pas se rappeler sans cesse au lecteur. Les phrases de Baricco, sans doute longtemps recherchées - le pauvre!-, sont autant de soufflets qui nous reviennent sans cesse au visage et empêchent de se plonger dans le récit. D'ailleurs y a-t-il réellement un récit?! Quel pénible labyrinthe! Le mystère, l'originalité, pourquoi pas. Mais comment s'intéresser à ce qui est inutilement opaque et prétentieux? Malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pas pu aller au-delà des deux tiers du livre. Et encore, ça été une torture! Jamais, au grand jamais je ne rouvrirai un ouvrage de cet auteur!!!

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 25 avril 2015


si... 9 étoiles

Tout est dans l'hypothèse... un monde complètement créé par des rêves et des impressions. Baricco nous offre une peinture et une musique... il est incontestablement talentueux pour créer un décor qui souvent rappelle le fantastique du réel de Garcia Marquez (son roman Le Château de la colère m'a fait souvent penser à Cent ans de solitude).
Il sait jouer des mots, les faire résonner, il n'y a pas de fausse note dans ce roman poétique.

Catoate - - 41 ans - 13 octobre 2014


Cosi cosa 6 étoiles

C'est mon deuxième livre d'Alessandro Baricco après "Soie" que j'ai énormément admiré, je m'attendais à un livre plus ou moins similaire ou sur le même lignée, et pourtant j'ai été déçu, certes Baricco est un grand auteur, mais dans ce livre il a utilisé un style bien différent, surtout dans le première partie du livre dans laquelle il présente les personnages principaux du livre ainsi que le lieu, une première partie bien écrite et narrée mais avec un style onirique et un peu surréaliste dans lequel je me suis un petit peu perdu, la deuxième partie du livre qui raconte le naufrage est vraiment sublime, Baricco a laissé à part son style onirique, et nous a livré un récit fort et intense raconté de deux points de vue différents ( celui de Savigny et celui de Thomas ), la troisième partie constitue le dénouement final, on connait la fin des histoires des personnages principaux.
Bref, je sens que je n'ai pas apprécié le livre comme il le faut, donc il me faudra une deuxième lecture prochainement afin de donner une appréciation de cette oeuvre à sa juste valeur.

Jaafar Romanista - Rabat - 36 ans - 5 juin 2013


Entre ciel et mer 8 étoiles

Débutant sur un rythme assez lent ces intrigues émouvantes racontées avec beaucoup de finesse où la multiplication des effets de style fait ressortir la trame de chaque histoire , nous amènent entre ciel et mer à pénétrer des vies tourmentées sur le thème des « choses de la vie » Au fur et à mesure que l’on se « nourrit » des lignes qu’on « avale » Une frénésie s’empare de nous et nous contraint sous la plume magique d’un auteur qui a su magnifiquement nous séduire par des « mises en scènes » douloureusement belles , à poursuivre sous le regard des autres, le récit d’histoires intemporelles peuplées de personnages hauts en couleurs . Un voyage au cœur de la vie qui nous délivre un message « la vie est cet océan qui peut nous engloutir « ….. Kamel Kies

KAMEL KIES - - 71 ans - 2 janvier 2013


Accords symphoniques 10 étoiles

Baricco a du talent, beaucoup de talent. Il sait manier les différents styles de narration, mais, encore mieux, il sait les faire résonner ensemble en accords, tel les accords d'une mélodie qui a cette fois comme thème de prédilection, la mer.

Baricco accomplit plusieurs choses ici. Premièrement, il narre la mer comme pas un. Pour des personnes comme moi, qui ont eu l'infinie chance de grandir au bord d'un fleuve, ce sont des sonorités du passé qui viennent à hanter ma lecture de Océan Mer. Goût, texture, rôle, utilité, voir philosophie de la mer, tout y passe, tout reflète dans la vie de la multitude de pensionnaires d'Almayer.

Cette multitude, Baricco sait également la narrer, loin d’être perdu dans les considérations philosophiques salines, il sait redescendre sur terre et donner un esprit de corps a son roman avec des dialogues absolument merveilleux lors de l'heure du repas à la pension Almayer.

C'est là un grand roman contemporain qui devrait être lu autant par les bouquineurs, praticiens que théoriciens de la littérature. Un défaut? La fin est , ma foi, un peu disjointe, mais n'est-ce pas là l'apanage de la mer? Cette dernière n'infuse pas d'utilité lorsqu'elle redistribue ses gains sur la rive.

FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 28 janvier 2007


océan mer 9 étoiles

Imaginez un instant, un individu captivé par l’œuvre monumentale de Géricault « le radeau de la méduse »
Imaginez cet homme, écrivain, absorbé par la toile, humide des embruns salés suintant les corps des survivants damnés.
Imaginez la peinture marine, engloutir le visiteur, l’espace des jours à suivre, imbiber le curieux de l’histoire tragique des entre las de rescapés épuisés.
La mer porteuse de promesses tout autant qu’elle puisse être sanctuaire ou orgiaque vivante monstrueuse à la surface peinte par l’infortune rescapée. Les esprits marqués par l’horreur ont goût de poison.
Lorsque profondeur des lames restent croûtes picturales, l’indescriptible mouvement, l’irascible perpétuel vacarme étourdissant des goûts de mort en bouche que la soif avilie, restent les yeux pour pleurer ceux qui percent l’imaginaire des profondeurs abyssales.
Restent un écrit vain, à la recherche des mots purs, au point d’en élaguer fioritures, lourdeurs pataugeuses.
N’imaginez rien finalement et partez sur une plage déserte avec pour seule compagnie celle de votre âme, élément terre, envahit d’immensité car l’eau c’est en mer qu’il faut boire sans retenue.
La bête humaine dévoreuse de cadavres mous, réunit par le sang des morts, l’antéchrist nous rapproche de l’ignominie écœurante au secours des vies hachées menues, le souvenir des soupirant laisse un goût à mer.

Une œuvre pour l’œuvre, Alessandro Baricco est un peintre incontestable, à la plume garni de mots images que son ouvrage sublime à chaque page.
Et si l’univers de la mer tenait dans une larme ?(bertrand-môgendre)

Bertrand-môgendre - ici et là - 69 ans - 2 juillet 2006


au coeur de la tempête... 8 étoiles

Hé bien c'est moi qui suis déçue de ses mauvais écueils... car même si le procédé est fort visible et que les recettes de l'auteur pour lier écriture et musique ( faire de sa page une partition grâce à la typo...) devraient rester en cuisine... J'ai trouvé que ce roman était saisissant aussi bien dans son rythme ( je me souviens ne pas l'avoir lâché jusqu'à la dernière page...) que dans son intrigue et ses tableaux ( la pension , la plage et la superbe scène de la tempête)... loin de m'avoir déçue, je retrouvais cette écriture si fine, cette profondeur de champ qui me séduit chez Barricco... Même si il se fait ici plus lyrique, je le suis comme hypnotisée, et ne m'arrête que pour m'étonner de ses tours de passe passe et de la finesse de sa touche ( peinture) et la virtuosité de sa musique...

Léonora - - 46 ans - 19 mai 2006


Très déçu 3 étoiles

On m'avait conseillé ce livre.
Pourtant j'ai été très déçu, les 7 histoires qui se chevauchent n'ont pas grand intérêt et presque aucun rapport.
Seul l'histoire du naufrage et des 2 rescapés est intéressante mais malheureusement pas assez développée.
On s'ennuie ferme!

Franckyz - - 46 ans - 11 janvier 2006


DOMMAGE 4 étoiles

Je me joins aux autres critiques précédentes pour dire qu'en effet après Soie et Novecento : pianiste, Océan mer donne une impression d'inachevé, de non accompli...

La première partie est vraiment très médiocre, longue et mal écrite, on ne nous explique rien de l'histoire, on ne nous présente pas les personnages, juste ce qu'ils font, on ne comprend rien à l'histoire et on se demande où l'auteur veut en venir...

Heureusement le livre se rattrape dans la deuxième moité, la 2ème partie racontant le naufrage est absolument époustouflante dans ses descriptions, la 3ème est moins bonne, mais beaucoup plus claire, et on a enfin les explication que l'on cherche en vain dans la 1ère partie, notamment avec l'histoire et la fin de tous les personnages décrits au début du livre.

Dans l'ensemble un livre moyen qui m'a déçu et ne m'a pas fait rêver comme ses autres livres. Déçu aussi notamment dans l'idée que je me faisais d'Alessandro BARRICO comme un grand écrivain... Un livre à recommander uniquement aux fans inconditionnels de BARRICO et qui veulent lire toute son oeuvre...

Septularisen - - - ans - 21 juin 2005


Dommage... 4 étoiles

Je vous rejoins dans vos critiques. Après "Soie", que j'avais beaucoup apprécié, j'ai été très déçue de ce roman. Il m'a semblé lire une sorte d'exercice de style où l'auteur faisait plus attention à insérer de beaux mots dans son texte qu'à emmener son lecteur dans une rêverie sur la mer. Le résultat est ennuyeux à souhait et l'histoire difficile à suivre, bien que la seconde partie soit un peu plus réussie.

Chipoune - - 49 ans - 27 juillet 2004


d'accord avec Persée et Jules 5 étoiles

Je me joins aux 2 critiqueurs précédents pour exprimer ma déception. Tout d'abord, détail annexe et sans rapport avec le roman, je soulignerai le peu d'envie que m'a inspiré la fade couverture de l'édition de poche Folio (comme souvent dans cette collection).
Ensuite, effectivement, la poésie de Baricco est toujours là mais très loin de la perfection de « Soie ». Baricco essaie d'introduire de l'humour dans son récit, d’y ajouter un petit grain d'originalité, d’absurde parfois, mais il noie son sujet dans trop d'emphase et de lyrisme, bafouillant son rythme, créé par un travail du texte trop « visible »… Et l’histoire de patauger … Et le lecteur de s’ennuyer .
Seule la 2ème partie se détache de l’ensemble. C’est paradoxalement quand Baricco renonce à la poésie du texte en nous racontant ce naufrage sanglant qu’il réussit à intéresser son lecteur.

Tophiv - Reignier (Fr) - 49 ans - 7 octobre 2003


Aussi déçu 6 étoiles

je suis bien d'accord avec Persée, que je salue au passage, pour dire que ce livre est loin d'égaler "Soie". Il est bien vrai que le rythme narratif n'est pas du tout aussi naturel et agréable à suivre. L'un coulait suavement alors que celui-ci m'a paru heurté et emprunté.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 16 août 2002