L'Art d'écosser les haricots
de Wiesław Myśliwski

critiqué par PGStats, le 3 décembre 2011
(Montréal - 67 ans)


La note:  étoiles
L'Art d'ennuyer son lecteur
Tel l’écossage des haricots, la lecture de ce roman polonais en forme de monologue demande beaucoup de patience. Vous devrez vous taper 377 pages de ruminations insipides sur des sujets aussi passionnants que l’art de choisir un chapeau ou la calamité du ronflement. La profondeur des idées vous étonnera, par exemple :

« Les illusions nous guident et nous déterminent. Elles nous poussent, nous freinent, fixent nos objectifs. Nous sommes nés d’illusions, et la mort n’est en fait qu’un passage d’une illusion à une autre. »

ou encore

« Que veut dire sucré? Il peut bien y avoir des millions de saveurs sucrées. Autant que d’êtres humains. L’un, il lui suffira de verser une cuillerée de sucre dans son café, un autre aura besoin d’en mettre deux, voire trois, pour que ça soit assez sucré à son goût. »

Mais peut-être suis-je passé à côté de la subtilité de cette œuvre que son titre laisse pourtant deviner. L’auteur aura sans doute voulu me convaincre par l’ennui que certaines personnes n’ont pas grand-chose d’intéressant à raconter. Sur ce plan, la démonstration est réussie.
la fin des haricots 6 étoiles

Un visiteur arrive dans un village, autrefois célèbre pour ses cultures de haricots, aujourd'hui transformé en résidences secondaires pour nantis. Le narrateur, ancien électricien et saxophoniste au sein de l'orchestre de son entreprise d'état, a pris sa retraite et est venu habiter dans ce village quasiment désert, où il assure la surveillance des villas tout en perpétuant la tradition. Il va proposer au visiteur, venu s'approvisionner en haricots, de participer à leur écossage, opération assez longue comme on peut l'imaginer, et que l'on peut prolonger à loisir. Ce sera pour lui l'occasion d'un long monologue, en compagnie de cet étrange visiteur, quasi muet, qu'il a l'impression d'avoir connu dans un lointain passé. Le mystère demeure, et malheureusement demeurera jusqu'à la fin, le sujet du livre n'étant pas la résolution d'une énigme mais le déroulement des souvenirs, la mémoire d'une vie ayant traversé les conflits civils et militaires qui ont marqué la seconde moitié du vingtième siècle. Hélas, ces fichus haricots, on n'en voit jamais la fin, et l'ennui s'approfondit de page en page, sans même un dénouement final venant éclairer cette sombre histoire de solitude et d'enfermement. Une curiosité littéraire, à éviter toutefois pendant les périodes de déprime…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 23 mars 2014