La jeune fille et la mort
de Ariel Dorfman

critiqué par Nance, le 6 décembre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Une démocratie injuste VS la justice personnelle
Dans un pays qui a connu pendant plusieurs années la dictature et qui est vient d’être doté d’un gouvernement démocratique (mais dont plusieurs membres de l’ancien régime n’ont pas été punis), un couple reçoit un médecin qui a rendu service au mari. Seulement, l’épouse croit reconnaître son agresseur qui la torturait en écoutant Schubert (La Jeune Fille et la Mort). Elle en profite pour le kidnapper et monter son propre tribunal personnalisé pour le juger.

« GERARDO. As-tu pensé que je pourrais aller voir la police ?

PAULINA. Je ne crois pas. Tu as trop confiance dans ton pouvoir de persuasion. En plus tu sais bien que si la police débarquait ici, je mettrais directement une balle dans la tête de ce docteur. Tu le sais ça, hein ? Et puis après je mettrais le canon du revolver dans ma bouche et j'appuierais sur la gâchette.

GERARDO. Mon bébé adoré, ma petite Paulina... Tu es méconnaissable. Comment peux-tu agir ainsi, parler ainsi ?

PAULINA. Expliquez donc à mon mari, docteur Miranda, ce que vous m'avez fait pour que je sois aussi... folle. »

J’ai tellement aimé le film (réalisé par Roman Polanski, en 1994) que ça m’a empêché d’apprécier pleinement ma lecture. Les deux ont leurs points fort, mais la grande prestation de Sigourney Weaver vaut vraiment le visionnement. La pièce a aussi été adaptée en opéra par le compositeur Jonas Forssell.

Cette pièce du dramaturge chilien (rescapé du régime de Pinochet) en plus d’être un suspense assez bien dosé, avec ses quelques moments d’humour noir pas déplacés, porte aussi à la réflexion sur les limites de la démocratie, ses bienfaits et ses faiblesses. C’est une pièce qui joue aussi sur l’ambiguïté, ce que j’ai beaucoup aimé. C’est une pièce que se lit facilement, un bon moment de lecture et je recommande aussi le film.