Les collectifs existent depuis longtemps en bandes dessinées et j’avoue apprécier ce type d’ouvrage quand il est fait avec talent, c’est-à-dire quand un éditeur en profite pour donner des cartes blanches à des auteurs sur un thème donné. Le maître d’œuvre est probablement un certain Guy Delcourt qui m’a surpris plus d’une fois avec fables de Lafontaine, Premières fois, Histoires d’amour, le chanteur Renaud… Il récidive, cette fois, en proposant le thème de Noël.

Ne vous attendez pas à trouver là sept histoires de crèches ou de sapin de Noël. Chaque auteur, ou duo d’auteurs selon le cas, s’est lancé à l’aventure poussant les murs du possible quand il le souhaitait. Le résultat est certes inégal mais assez plaisant pour le lecteur qui se prépare, lui aussi, à son Noël.

J’ai beaucoup apprécié l’aspect déjanté de « Pôle Sud » écrit par Etienne Le Roux et dessiné par Thierry Ségur. J’ai aimé, en particulier, le changement de format entre la phase réelle et le temps du rêve ou du délire. C’est original, c’est beau et ça fonctionne parfaitement bien…

Le Noël de Jack de Benoît Frébourg va mettre en avant la valeur des choses : quand on manque de tout ou presque, Noël est l’occasion de découvrir une chose qui peut nous sembler banale : un peu de chaleur, une boîte de lait concentré ou l’évocation littéraire d’une confiture… de quoi oublier nos mets luxueux de supermarché !

Luciole d’Algésiras et Aurore est tout simplement le conte de Noël par excellence. Qu’attend-on ce jour-là ? Un peu de chaleur, un peu d’amitié, une lumière venue d’ailleurs ? Je ne peux que vous souhaiter un cadeau identique à celui laissé par la petite créature sur le sapin… c’est doux et bon et devrait plaire à tous les lecteurs, y compris les plus jeunes.

La femme qui rétrécit d’Estelle Meyrand résonnera chez tous ceux qui ont l’impression de retourner en enfance chaque nuit de Noël tandis que le Noël scientifique de Lola Moral et Sergio Garcia donnera l’occasion de découvrir l’esprit de Noël…

Pour atteindre un graphisme inattendu dans pareil ouvrage, il fallait laisser Gradimir Smudja au crayon, au pinceau, aux couleurs… c’est fait et c’est avec beaucoup d’humour et de chaleur que l’on découvre la bonne façon pour ne plus laisser dormir les sans domicile fixe à la belle étoile : multiplier les ponts dans la ville ! Au moins chacun trouvera un abri !

Enfin, tout se termine en beauté avec la « véritable histoire de Noël » de Nathalie Ragondet. Mais vous aurez bien l’occasion de découvrir cette histoire, voir de la faire lire à vos enfants et petits-enfants…

Un bel album de bande dessinée qui nous plonge dans la magie d’une nuit, dans un humanisme profond et apaisant et qui démontrera si besoin est que la bande dessinée est un art narratif qui peut aborder tous les sujets avec bonheur !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 14 décembre 2011