Rouler
de Christian Oster

critiqué par Isis, le 20 décembre 2011
(Chaville - 79 ans)


La note:  étoiles
Errances...
Il s’agit de ce que l’on appelle en bon français, un «road novel» relevant d’un genre très particulier qui ne saurait, certes, plaire à tout le monde, notamment aux esprits trop cartésiens.
Ce roman, qui d’ailleurs, pourrait se poursuivre bien au-delà des 176 pages, ici bien tassées, sans dialogue, autre qu’indirect, se déroule en dehors du temps ; le passé et l’avenir de Jean, le héros principal, restent en effet totalement inconnus du lecteur.
Pourquoi celui-ci décide-t-il, un jour d’été, de prendre la route vers le sud de la France, peut-être Marseille, ou ailleurs ? Que tente-t-il d’oublier ? Où veut-il aller, au départ ? Il n’en sait trop rien lui même. Il va simplement rouler au hasard de ses impulsions et de ses rencontres avec des inconnus ou de vieilles connaissances que le destin va placer sur sa route, dormant, ici, dans un hôtel ou dans sa voiture, ou séjournant dans la maison d'hôtes d'un ancien copain de lycée.
Qui n’a, certes, jamais rêvé un jour de ce genre d’évasion où l’on se laisse simplement porter par les événements, sans vouloir les analyser, ni en tirer de conclusions, avec pour seul objectif celui de savourer l’instant présent ?
La gageure consiste tout de même pour l’auteur à tenir en haleine jusqu’au bout le lecteur, attendant toujours que quelque chose de déterminant se passe. Que nenni ! De plus, le style est d’un dépouillement extrême, tout est banal et, apparemment sans grand intérêt, l’intrigue quasi inexistante, les personnages, plus ou moins paumés les uns que les autres, aussi errants que Jean. Seuls, les lieux sont d’une précision digne d’un atlas routier, qui rappelle parfois un peu l’univers de Modiano. Une sensation de vide qui donne le vertige, voire une impression de malaise. Déroutant et ensorcelant à la fois...