Histoire du pied et autres fantaisies
de J.M.G. Le Clézio

critiqué par Tanneguy, le 21 décembre 2011
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Fantaisies fantastiques...
On ne se précipite pas généralement sur un recueil de nouvelles ( c'est mon cas...). Dans le cas présent on a tort, si on aime bien JMG Le Clézio bien entendu.

La première du recueil qui lui a donné son nom pour des raisons guère évidentes est la plus longue, la plus construite, mais pas la meilleure de mon point de vue. Celles qui suivent sont variées, mettent en scène bien souvent des femmes fortes qui font face à l'adversité et à l'inhumanité du monde qui les entoure. L'auteur fait référence à ses racines mauriciennes, à l'Afrique ; on sait qu'il aime ce continent.

Je ferai une mention spéciale à la nouvelle intitulée "LEL derniers jours" car elle s'inspire d'une histoire vraie, la mort tragique en Afrique de la poétesse britannique Letitia Elizabeth Landon qui suivit son mari en Côte de l'Or ( aujourd'hui Ghana ) dont il avait été nommé Gouverneur. L'évocation par Le Clézio de cette période particulière (milieu du XIXème) pendant laquelle l'esclavage fut, théoriquement, aboli est intéressante.

Plusieurs textes sur la fin du recueil (Bonheur et Personne) sont assez ésotériques et plus difficiles à apprécier. La clef de tout cela nous est partiellement livrée dans le dernier chapitre : il nous avoue le plaisir et l'intérêt qu'il prend à observer les êtres humains inconnus dans les lieux publics, le métro par exemple. Il se met dans leur peau et imagine pour eux un destin, il en fera un texte, pour notre bonheur à nous lecteurs.

Merci à l'auteur de nous faire réfléchir.
La condition humaine analysée par le détail 8 étoiles

Ces nouvelles présentent des détails qui en disent long, comme souvent chez Le Clézio : sous couvert d'une réflexion apparemment digressive et de longues méditations de paysages et de têtes d'épingles ou d'anecdotes, l'auteur livre sa vision de l'humanité, des pays en voie de développement, de la perte des valeurs, du sens de l'histoire et des relations sociales, y compris dans des sociétés où pesaient de tout leur poids les traditions ancestrales et la vie en communauté.
Les apparentes descriptions naturelles et pensées intérieures amoindries par la vacuité de la vie de leurs auteurs servent de décor et de cadre languides à un état des lieux assez critique.
Mortifère, parfois assez glauque, cet ensemble de nouvelles n'en fait pas moins réfléchir, utilement, sur l'évolution de la vie en société et du rapport à autrui. S'il est dommage que ce recueil porte le titre du texte le moins riche et porteur de réflexion à mon sens, il vaut la peine d'être lu, et d'être poursuivi d'une réflexion personnelle.

Veneziano - Paris - 46 ans - 25 décembre 2011