Bashir Lazhar
de Evelyne de La Chenelière

critiqué par Libris québécis, le 22 décembre 2011
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Quand une enseignante se suicide en classe
Le suicide comporte un coût humain. Surtout quand c’est une institutrice qui s’enlève la vie en classe. Ce fait brut occupe le noyau de la pièce. Les élèves parviendront-ils à faire le deuil de leur enseignante? Il faut être cruel, dirons-nous, pour confronter des enfants sans défenses à l’enfer de la mort. C’est d’autant plus cruel qu’un d’eux portera sur ses fragiles épaules la responsabilité de ce vide à cause d’un mensonge qui déshonora sa maîtresse d’école. Le remords taraudera le jeune fautif que tous ses pairs pointent du doigt. Il est en fait le pôle de l’œuvre.

Qui l’aidera à résoudre son dilemme ? Justement celui que la directrice a choisi comme suppléant. Un Algérien en quête d’asile politique. Bashir Lazhar est l’homme tout à fait désigné pour lui apporter le salut. Ayant fui son pays après le meurtre de sa femme et de sa fille par les extrémistes, il met son expérience tragique au service de cet élève aspiré par le gouffre.

Avec brio, la dramaturge accole la thématique du deuil à celle de l’expatriation. L’exil est également un deuil. Une pièce imprégnée de pudeur et de douceur sans pour autant maquiller les enjeux qui risquent de chambouler irrémédiablement les personnages. Bref, une pièce qui fige sa course sur l’inquiétude de vivre quand les étoiles s’alignent pour causer la perte des âmes blessées par la mort d’autrui. Il faut voir le film que Philippe Falardeau en a tiré. Il est actuellement à l'affiche en Europe.