Les Oliviers du Négus
de Laurent Gaudé

critiqué par Alma, le 22 décembre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Un écho des ouvrages précédents
4 nouvelles, des récits à la première personne, où l’on retrouve l’écho des précédents ouvrages del’auteur : les thèmes de la mort, de la guerre, la présence de la terre aride d’Italie et de ses hommes , la tonalité fantastique .

La 1e donne son nom au recueil . Il présente Zio Négus, le soldat rentré d’Abyssinie qui avait pris « le parti de la terre contre celui des hommes », « la voix des pierres et des arbres »

La 2e se déroule à l’époque romaine pendant la guerre des Gaules , et met en scène un soldat qui rentre à Rome, pressent la chute de cette ville et qui se présente comme « la mort à cheval », « le bâtard du bout du monde », « le cloporte inutile"

Le 3 est une nouvelle fantastique, dans laquelle la terre humide de pluie et du sang des morts , martyrisée par la guerre , prend sa revanche sur les hommes en façonnant le golem , qui représente sa force , son bras armé destiné à tuer les hommes responsables des massacres . « l’homme a offensé les éléments et ne sait plus comment les apaiser » Un récit puissant, sorte de parabole préfigurant le monde de demain

La dernière, dédiée « aux seuls véritables hommes et femmes d’honneur de Sicile » . Son héros est un juge qui aura le même sort que le juge Falcone mais qui ne sait pas encore qu’il lui reste deux mois à vivre .

4 nouvelles portées par le souffle de l’écriture souple, lyrique à laquelle Laurent Gaudé a habitué ses lecteurs .
Coup de foudre ! 9 étoiles

Un recueil de quatre nouvelles.
1. » Les oliviers du Négus « : Zio Négus, un vieil Ethiopien est mort à Calena, en Italie. Le narrateur se souvient de lui …
2. « Le bâtard du bout du monde « : un légionnaire, officier romain, est envoyé par l’empereur dans la Gaule, aux confins de l’Empire. Il est confronté aux barbares et se fait avalé par la gigantesque armée de ces barbares en route pour détruire Rome …
3. « Je finirai par terre « : une nouvelle qui se déroule sur le front ouest de la première guerre mondiale. La terre en a assez des êtres humains qui la déchirent, la lacèrent. Elle se révolte avec un seul but : nous avaler …
4. « Tombeau de Palerme « : les derniers jours d’un juge anti mafia, Borsellino. Après l’assassinat de ses confrères Falcone et Morvillo …

Le thème est donc la mort et cette force écrasante qui s’impose dans la vie et la mort des personnages. Chaire de poule garantie ! A pointer tout particulièrement « Le bâtard du bout du monde « et « Je finirai par terre «.
Un coup de foudre pour l’écriture de Laurent Gaudé dont j’ai eu le grand plaisir de découvrir une petit partie de l’œuvre durant les Parlantes, ici à Liège …

Extraits :

- Malgré son âge – soixante ans peut-être – le vieil homme n’était pas du genre à se laisser effrayer par les soldats en errance. (…) Il but son verre d’une traite et je le regardais avec pitié car il avait dans sa hâte quelques chose de ceux qui savent que leur vie ne durera plus longtemps.

- J’en avais vu des visages apeurés : celui des jeunes recrues qui montent pour la première fois au front, celui des vieux qui craquent d’un coup parce que c’en est trop et qu’ils ne supportent plus le pilonnage qui les rend fous, celui des survivants qui poussent la porte de l’infirmerie en sachant qu’ils auront du mal à reconnaître leurs copains à la gueule arrachée.

- à ses pieds gisait le vieux Fosquin, empalé sur une pique en bois. Le pieu l’avait perforé par l’anus et ressortait au niveau de la cage thoracique.

- Il fit oui de la tête en me regarda avec des yeux de condamné à mort qui cherche un peu d’aide dans le regard de ceux qu’il croise sur le chemin de l’échafaud.

Catinus - Liège - 73 ans - 17 mars 2014


Golem que j'aime 8 étoiles

Quatre nouvelles magnifiques, même si mes préférences vont à la seconde (le centurion bâtard qui annoncera dans sa déchéance la chute de Rome) et surtout à la troisième qui met en scène une terrible créature, "le Golem", engendré par la terre elle-même, en colère contre les hommes qui la martyrise.
En effet, durant la Première Guerre Mondiale, la terre subit les chocs des combats, doit "avaler" jusqu'à n'en plus pouvoir tous ces cadavres qu'on enterre jour après jour.
D'une réaction d'autodéfense, elle donnera naissance à cet être dont le moteur est la vengeance. Les hommes n'ont d'autres choix que de démembrer la "bête" et d'enfermer ses restes dans des caisses en bois. Mais cela suffira t'il ?

Les descriptions de la souffrance de la terre sont saisissantes. On souffre littéralement pour elle.
Cette nouvelle de Laurent Gaudé vaut pour un avertissement : hommes, respectez la nature, sinon elle se déchaînera sur vous pour vous remettre à votre place. Un écrit qui est très d'actualité.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 21 avril 2012