L'été en enfer : Napoléon III dans la débacle
de Nicolas Chaudun

critiqué par Bebmadrid, le 22 juillet 2012
(Palma de Mallorca - 45 ans)


La note:  étoiles
Les dernières heures du Seconde Empire...
Comme le titre l'indique, l'été 1870 a été infernal pour Napoléon III: son armée est balayée par les troupes allemandes dans la Meuse et ses généraux ne font que contredire ses ordres, sa vessie le fait terriblement souffrir et pour ne rien arranger à l'affaire, la régente Eugénie lui tourne le dos et se refuse à accepter la fin de l'Empire.

Remarquablement écrit, ce livre nous offre un regard un peu plus complaisant que ce que l'histoire (et Émile Zola dans "La débâcle"!) a retenu de Napoléon III en se centrant donc sur les jours ayant précédé la capitulation française.

Un livre que je recommande vivement à tous ceux qui souhaitent avoir une vision nouvelle des derniers instants du Second Empire.
Les prémices de 40 8 étoiles

Le fond : 1870, poussé par le gouvernement en place, par l'assemblée nationale, et par l'opinion publique chauffée par une presse belliqueuse, Napoléon III lance, à son corps défendant, la France dans une guerre contre la Prusse. Hélas, gouvernement et assemblée ont radicalement réduit les effectifs militaires de la France quand la Prusse est surarmée et parfaitement préparée. Les effectifs des deux armées sont gravement déséquilibrés en défaveur de la France. De plus, côté prussien, le général Moltke est un tacticien avisé et un stratège avéré alors que du côté français, McMahon, Bazaine, Chanzy, Wimpffen ne sont que des matamores incompétents comme il en surgira de nouveau en 1940 tels Gamelin et Weygang. Cerise sur le gâteau, Napoléon III est fortement handicapé par des calculs vésicaux qui le font énormément souffrir, pisser le feu et le sang, et annihilent complètement ses capacités de décision. S'ajoute à cela les agissements douteux de l'impératrice régente et de son falot ministre de la guerre. Malgré l'intervention opportune d'officiers généraux compétents comme Ducros ou Lebrun, malgré la bravoure des soldats français, la défaite est inéluctable.

La forme : Nicolas CHAUDUN est à la fois un historien compétent et un conteur hors pair. En spécialiste du second empire et de la troisième république, il livre une analyse solidement étayée par une documentation complète judicieusement utilisée. Avec une faconde digne d'un Giono, il conte sans jamais ennuyer cette dramatique tranche de l'Histoire de notre pays. Sans aucun manichéisme, ni parti pris, il attribue aux uns et aux autres leurs qualités, leurs défauts, leurs interventions judicieuses ou malheureuses dans cette épopée. Zola s'en trouve écorché et Napoléon III, tout en reconnaissant les erreurs du monarque, s'en trouve réhabilité. Il faut dire que le malheureux souverain souffre toujours de la mauvaise réputation montée de toute pièce par les dirigeants de la troisième république, dont McMahon, le véritable perdant de Sedan !

Homo.Libris - Paris - 59 ans - 6 avril 2025