Vies à contre-jour
de Raule (Scénario), Roger (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 25 décembre 2011
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Dix histoires sensuelles, sombres et parfois angoissantes
Ces 10 histoires sont traitées comme 10 nouvelles à chute ! De plus, dans la courte préface, le scénariste Raule précise que ces histoires ont été rédigées et dessinées à des époques différentes, parfois publiées dans des journaux très divers. Ce recueil manque donc parfois de cohésion par le fait que les dessins sont très différents, tout comme les sujets abordés. En même temps il est intéressant de noter l'évolution de Raule et de Roger au fil des années. Ce duo est plus connu pour leur série "Jazz Maynard".

La bande dessinée s'ouvre sur une citation de Sandor Marai troublante, dans laquelle l'écrivain évoque la relation qu'entretient l'homme avec les morts avec ses morts qui font partie intégrante de lui-même. Ces "vies à contre-jour" permettent pendant quelques instants de capter les mystères obscurs de ces personnages. Il y a l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes aux autres et cette part cachée et troublante qui est montrée ici. C'est pour cette raison que les ombres et zones d'obscurité sont très présentes dans les dessins de Roger.

Les femmes sont omniprésentes dans ces séquences : femmes mortes tant aimées, femmes fragiles, femmes condamnées, femmes malheureuses ... L'amour est toujours rattaché à la mort et les amours heureuses ne semblent pas exister dans ces courtes histoires. Les hommes souffrent aussi souvent à cause de l'absence de la femme aimée et il est vrai que la vision donnée ici n'est pas des plus réjouissantes. De nombreux thèmes douloureux sont évoqués : le suicide, la solitude dans les maisons de retraite, la séparation, l'adultère...

Il n'en demeure pas moins que ces femmes sont très charnelles, quelques scènes érotiques parsèment cette bande dessinée où la femme est pulpeuse, si humaine et pourtant si proche de la mort. Les dessins sont beaux, le jeu avec les couleurs est significatif. Les dialogues ne sont peut-être aussi travaillés que ce qu'il aurait fallu. Leur simplicité parfois a des allures de roman-photo. La violence, la dureté de certains épisodes et la sensualité de ces femmes font de ces bandes dessinées des séquences pour adultes.