Paradis inhabité
de Ana María Matute

critiqué par Ori, le 25 décembre 2011
(Kraainem - 88 ans)


La note:  étoiles
La solitude d’une fillette qui grandit …
L’action de ce roman, fort bien traduit de l’espagnol, se situe à Madrid, à la veille de la Guerre civile. Il nous conte sur une période de quelque 3 années le quotidien d’une fillette de la haute bourgeoisie.

Quand nous faisons la connaissance d’Adriana, la narratrice, celle-ci est âgée de 9 ans. Négligée par sa maman surtout attentive à la sœur ainée, quasiment oubliée de son père en instance de divorce, la petite erre de cachette en cachette dans une immense demeure, surprenant chez ses ainés des dialogues à moitié compris mais qui lui confirment son sentiment d’immense solitude.

Adria ne se sent heureuse que dans la compagnie du personnel de maison logé dans une annexe. La cuisinière, la blanchisseuse, le chauffeur, et notamment la vieille nounou qui a suivi la famille depuis 3 générations, seront les témoins de la difficile évolution de l’enfant aux prises avec le désamour des siens et le mépris de ses petites camarades de classe. Elle se réfugie dans des rêves éveillés et dans la maladie.

Au grand dam de sa maman, l’héroïne fait la connaissance d’un petit voisin Gavrila lequel, s’il « n’est pas de sa condition » deviendra néanmoins l’unique ami avec lequel elle ne cessera de jouer, tout en lui confiant ses rêves et ses chagrins.

Pour la mettre à l’abri de la Révolution imminente, Adria est envoyée chez sa tante Eduarda en province, la seule adulte qui la comprenne mais dont les rares visites à Madrid n’avaient pu permettre à la petite de s’épanouir.

Sans être particulièrement passionnant, l’ouvrage demeure attachant et trouve sa singularité en ce qu’il use du regard de la petite enfance pour nous raconter les événements tels qu’ils ont été vécus ou rêvés par la petite héroïne.
Plongée dans l'enfance incomprise 10 étoiles

Espagne, années 20. La petite Adriana vit dans un univers de femmes, entre sa mère peu présente, ses tantes et les domestiques. Ses parents se séparent et son père s’efface de sa vie, ainsi que ses frères jumeaux. Adri n’a pas d’amies, est incomprise des adultes et vit repliée dans son monde imaginaire, très farouche. Jusqu’au jour où un jeune garçon russe, Gavrila, vient habiter au-dessus de chez elle avec son gardien Teo. Ce dernier, homosexuel rejeté de tous, veille sur son protégé pendant que sa mère voyage ou vit à l’étranger. Entre Adri et Gavi, c’est l’entente parfaite : deux sensibilités qui se rejoignent. Ils n’ont pas besoin de mots pour se comprendre. Malheureusement, la mère d’Adri voit d’un mauvais œil leur fréquentation et il faut redoubler de ruses pour se voir.
Hélas, la santé d’Adri est fragile et elle doit rester des mois alitée, rater une année d’école (pour son plus grand bonheur). Pendant ce temps, la guerre civile commence ses ravages.
Ce roman est tout en poésie et sensibilité. Un petit bijou !!! L’auteur nous fait ressentir les affres du rejet, de l’isolement, de l’incompréhension et de l’injustice due à la méchanceté.

Pascale Ew. - - 57 ans - 16 août 2020


Dans le regard d’une petite fille 7 étoiles

Adriana grandit dans le Madrid des années 20. Dernière-née d’une riche famille, elle passe plus de temps dans ses rêves et avec les domestiques qu’avec son père (aimant mais absent) ou sa mère (mondaine, surtout préoccupée de sa fille ainée). Vexations au pensionnat, réclusion pour cause de maladie, jeux cachés avec son jeune voisin Gavrila... Quelques années passent et Adriana grandit. Le monde magique de l’enfance se fissure et se dissout.
Un beau roman, plein de magie et de poésie

Romur - Viroflay - 51 ans - 10 décembre 2016