L'art de voler de Antonio Altarriba (Scénario), Kim (Dessin)
Catégorie(s) : Bande dessinée => Adultes
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L'art de survoler
Voici une émouvante et dure histoire que celle de cet homme de 90 ans qui va nous faire revivre en un flash back toute sa vie alors que, refusant une lente agonie aseptisée, il saute du premier étage d'une maison de retraite pour apprendre à voler.
Dure histoire car c'est toute celle de l'Espagne au XXème siècle. Une Espagne qui aura connu bien des hauts et des bas, des bas notamment avec la guerre civile puis le franquisme qui met le pays en coupe règlée.
Un beau personnage à découvrir donc et un album servi par de beaux graphismes. En bref, un puissant et incontournable roman foisonnant de bruits et de fureurs.
Les éditions
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L'art de voler
de Altarriba, Antonio Carrasco, Alexandra (Traducteur)
Denoël
ISBN : 9782207109724 ; 12,88 € ; 10/03/2011 ; 214 p. ; Broché
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Biographie d’un héros anonyme
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 29 juin 2020
Sans conteste, « L’Art de voler » est une fresque romanesque ambitieuse. Le père d’Antonio s’y voit littéralement transformé en héros de cinéma dans une Espagne où la vie, au cours du XXe siècle, fut rarement un long fleuve tranquille (en particulier depuis l’avènement de la République en 1931 jusqu’à la dictature franquiste en 1939), un pays où il fallait baisser la tête pour ne pas s’exposer aux représailles d’un pouvoir inique qui avait placé la vie démocratique sous cloche. La narration reste très linéaire, avec un découpage chronologique qui rend la lecture fluide, sans digressions inutiles. Sans doute peut-être par un désir compréhensible de rester en retrait par rapport à ce géniteur érigé au statut d’icône, lui-même narrateur de sa propre histoire. Ses déchirures et ses questionnements, le fils ne les exposera que dans la postface, de façon très touchante, en concluant sur une note lumineuse, extrêmement libératrice.
S’accommodant fort bien du noir et blanc, le dessin semi-réaliste de Kim reste plutôt agréable à l’œil et révèle un certain souci du détail, évoquant peu ou prou Joe Sacco. À ce titre, on pourra regretter que l’éditeur ait choisi ce format réduit (155 x 230 mm), qui ne met pas suffisamment en valeur le travail du dessinateur.
Même si on ne retrouve pas l’audace d’un « Maus », « L’Art de voler » s’inscrit dans le même registre : l’évocation par un fils d’une page importante et douloureuse de l’Histoire à travers son paternel. Mais à la différence d’Art Spiegelman qui se refusait à faire du sien une icône en montrant ses facettes les moins glorieuses, malgré la souffrance endurée, Antonio Altarriba fait preuve d’un profond respect. Pourtant, l’auteur ne s’interdit rien, notamment lorsqu’il montre « papa » en séducteur libertin, préférant la compagnie des prostituées — scènes explicites à l’appui —, jusqu’à ce qu’il soit pris au piège d’une relation durable et toxique, où nous sera révélé son côté sombre. Somme toute, l’homme s’est révélé être un juste parmi les justes, conservant toujours une certaine droiture, et le fils exprime ici beaucoup d’empathie à l’endroit de celui qui l’a vu grandir.
Nul doute qu’un tel ouvrage ait permis à l’auteur de faire son deuil et de laisser son père, ce héros, s’envoler en aller-simple vers des contrées lointaines. Et au risque de faire dans la redondance, il est indéniable que « L’Art de voler » s’impose comme l’équivalent espagnol de « Maus ».
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