La régression intellectuelle de la France
de Philippe Nemo

critiqué par Aktukritik, le 31 décembre 2011
(Nantes - 39 ans)


La note:  étoiles
Un essai réactionnaire
Présentation

La Régression intellectuelle de la France est un essai socio-politique écrit par Philippe Némo et publié au mois de juin 2011 aux éditions Texquis. Ce pamphlétaire dénonce l’abaissement généralisé du débat intellectuel dans l’espace public. Il y expose notamment ce qu’il considère comme les causes idéologiques, ses applications juridiques et institutionnelles mais aussi ses conséquences et ses objectifs sociétaux. En philosophe, il s’insurge contre la doxa, l’idéologie dominante qu’il appelle “le Nouvel Ordre Moral” institué par le libertarisme de Gauche dont il dévoile les aspects négatifs.

Analyse

La régression intellectuelle: du rationalisme scientifique et objectif au mythe sacrificiel

Philippe Némo s’appuie sur la substitution du mythe au fait scientifique et rationnel débattu dans l’espace public. Ce mythe du progressisme libertaire passe par l’obscurantisme des droits de l’Homme comme nouvelle religion du monde moderne. Cette nouvelle religion prend le visage du Tabou, indiscutable dans l’espace public et judiciairement réprimé. Ainsi, il considère que cette éviction du rationalisme passe par l’uniformisation des consciences à travers l’Education Nationale, la Presse et le système judiciaire depuis 1930.

Il prend notamment appui sur la dégradation de la Loi de 1881 sur la Presse qui constituant un acquis des combats depuis la Révolution française sur la liberté d’opinion est progressivement devenue dérisoire au profit de lois coercitives dont le flou juridique n’a pour but que la censure. Il dénonce les lois mémorielles car elles seraient les expressions manifestes du préjugé privant toute possibilité de recherche de Vérité sur la Traite négrière depuis la Loi Taubira parue en 2001. Cette loi, fustigeant l’unique responsabilité des Européens prive certains scientifiques de faire la lumière sur la Traite négrière par les Arabes et les Africains eux-mêmes. Ainsi, c’est bien le mythe de l’unique Européen colonialiste qui est enseigné dans l’Education Nationale.

La censure étant l’expression même du “Nouvel Ordre Moral”, la langue française subit des néologismes et des extensions sémantiques qui privent toute personne et personnalité publique d’engager un débat de fond sur des sujets pourtant fondamentaux qui mériteraient d’être étudiés pour améliorer la situation économique et sociale de la France tels que l’immigration, le mariage homosexuel et les dépenses publiques de l’Etat. Ainsi, s’est créé le mythe du Mal Absolu dont les associations communautaires mandatées et élues par personne s’érigent en défenseurs des “immigrés, des handicapés et des homosexuels”.

On voit se déformer la mission des juges qui ne s’appuient plus sur des faits objectifs mesurables et dont les causes et conséquences sont suffisamment identifiables. Devenus censeurs et professionnels du jugement moral, “le racisme” est devenu suspect partout dès lors que l’on remet en cause un aspect culturel jugé incompatible avec la société française, des néologismes aux concepts mous tels que “homophobie et islamophobie” sont omniprésents et chacun est épié par des associations placardant le respect des minorités dans un but financier en guise de “dédommagements”. C’est selon Ph.Némo le retour de l’Inquisition et le Spectre de Satan ennemi de l’étranger et de celui qui est différent.

Il évoque notamment l’affaire Christian Vanneste en 2006 qui fut traîné devant les tribunaux pour “incitation et provocation à la haine” pour avoir affirmé que “l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité, si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité”. Ph. Némo dénonce le procès d’intention qui lui est fait parce que ce ne sont que des mots et une réflexion d’ordre anthropologique qui ne sont en rien un acte permettant de quantifier le potentiel danger qu’il occasionnerait à l’égard des homosexuels. Il dénonce ainsi la mise en place de la HALDE en 2004 comme véritable “Tribunal d’exception” qui punit et soutire de l’argent au nom de la lutte contre l’homophobie et autres phobies.

L’avis du blogueur

Concis et justifié par des exemples, l’ouvrage de Ph.Némo est un essai réactionnaire au sens strict du terme. Il s’inscrit en réaction contre l’idéologie dominante qui prospère dans tous les milieux bourgeois de gauche et les milieux intellectuels influents sur l’opinion commune. Fidèle à ses convictions politiquement et économiquement libérales, il estime que le débat intellectuel doit primer sur la censure pour sortir la France des problèmes actuels. Que l’on soit convaincu que le racisme, la xénophobie et l’Homophobie doivent être sévèrement punis au nom des libertés individuelles, il n’en demeure pas moins que cet ouvrage reste intéressant parce qu’il pointe du doigt la main mise de l’Etat sur la sphère privée puisqu’elle condamne l’opinion et non les actes. S’appuyant sur des faits concrets et une analyse philosophique du retour au mythe, il esquisse les contours d’un affaiblissement démocratique qui prend une forme inconnue jusqu’alors. Je retiens le passage suivant comme étant le plus représentatif de son ouvrage “le fait d’interdire certaines opinions critiques sur un vaste ensemble de catégories sociales revient en pratique à interdire toute analyse sociale et politique, du moins toute analyse sérieuse et approfondie.” P68