Maigret et les témoins récalcitrants de Georges Simenon

Maigret et les témoins récalcitrants de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Noir de Polars, le 1 janvier 2012 (PARIS, Inscrit le 28 mai 2011, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 892ème position).
Visites : 3 616 

Une famille de pitoyables qui ne suscitent pas la pitié

Le mot de l’éditeur

« Tu n'as pas oublié ton parapluie ? - Non. La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l'escalier. - Tu ferais mieux de mettre ton écharpe ». Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques. On n'était qu'en novembre - le 3 novembre - et il ne faisait pas particulièrement froid. Il tombait seulement, d'un ciel bas et uniforme, une de ces pluies qui, surtout dans le petit matin, paraissent plus fluides et comme plus traîtresses que d'autres.

L’élucubration du bertrand

Simenon nous emmène ici découvrir le monde très bourgeois d’une famille d’industriels, qui a été, qui a compté, et qui n’est plus, qui peine à rembourser ses traites, qui licencie, qui va crever. Oh bien sûr, les biscuits qu’elle fabrique sont dans toutes les têtes, ont été dans toutes les bouches, mais justement voilà, d’autres plus dynamiques, ont pris la place.

Alors cette famille, pour survivre, pour maintenir l’usine, à défaut de vendre du biscuit va vendre ses mâles. Les vendre à la plus offrante : porter un grand nom fait toujours rêver la bergère, d’autant qu’ici la bergère naît fille d’un modeste ferrailleur, enrichi sur le tard.

L’auteur de la célébrissime série nous offre une peinture sans aucune concession de la famille bourgeoise et met en scène des personnages qui prennent, et sous sa plume uniquement, une force à peine croyable car dans la réalité ils sont proprement pitoyables sans pour autant susciter la pitié. On y retrouve le fils aîné de famille, nul mais prêt à tout pour maintenir la firme, le fils cadet, souffreteux, lâche à l’excès, sournois de naissance, la fille de la maison qui a fui il y a longtemps pour ne pas étouffer, la bonne qui les a tous vu naître, femme de décision, louve qui couve ses petits, qui protège, qui se tait, « la » femme enfin, la pièce rapportée qui a cru se parer d’un grand nom et s’est elle-même créé son calvaire. Des personnages secondaires, le livre n’en manque pas non plus, du play-boy qui n’a rien sauf une belle voiture et une queue en état de marche à la patronne de bistrot envieuse et ravie de bavasser, de préférence à la police pour que le bavardage fasse mal, en passant par le baveux de service qui fait son job de défense comme d’autres vont le matin au turbin, sans joie ni entrain, mais rémunéré le job.

Un excellent Maigret, très noir comme souvent, mais une ambiance dans lequel le commissaire trouve difficilement ses marques, patauge dans un milieu qu’il n’aime pas, découvre des personnages qui tous l’écœurent. On est bien de son avis.

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Un Maigret tout en âge…

7 étoiles

Critique de Pierrot (Villeurbanne, Inscrit le 14 décembre 2011, 73 ans) - 15 novembre 2014

-Tu n’as pas oublié ton parapluie ?
-Non.
La porte allait se refermer et Maigret tournait déjà la tête vers l’escalier.
-Tu ferais mieux de mettre ton écharpe.
Sa femme courait la chercher, sans se douter que cette petite phrase-là allait le barbouiller un bon moment et lui inspirer des pensées mélancoliques.
Ces pensées sont celles d’une prise de conscience, de l’âge de la retraite se rapprochant à grand pas…
Quand à cette enquête, elle aussi fait cogiter Maigret du fait, qu’ici son ancien juge Coméliau a pris sa retraite et que là, c’est à un nouveau jeune juge qui il doit maintenant en référer.
Mais le métier malgré tout reprend ses droits et dans cette enquête, il doit faire face à une famille bourgeoise particulièrement avare de parole. L’intrigue se voudrait simple à dénouer, puisque l’aîné Léonard Lachaume est assassiné dans sa chambre et qu’une échelle servirait d’hypothèse à un vol qui aurait mal tourné…
Ce bon roman rempli d’atmosphère amène à réfléchir sur cette fameuse roue du temps qui passe pour chacun de nous. Mais qu’aussi, l’expérience accumulée permet quelquefois de faire face à des jeunes loups diplômés… Et aux dents longues.

Sans doute pas le meilleur mais du costaud quand même

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 1 décembre 2013

Léonard Lachaume, directeur des fameuses biscuiteries du même nom, est retrouvé un matin sur son lit, une balle dans le cœur. Les biscuiteries Lachaume ne sont plus ce qu’elles étaient, on ne trouve plus ses produits que dans le fin fond des campagnes françaises. Heureusement que la fortune de Paulette, la belle-sœur de Léonard a pu jusqu’à présent tenir plus ou moins à flot l’entreprise agonisante. Habitent également dans la même maison du Quai de la Gare à Ivry : les deux vieux parents en mauvaise santé, la vieille servante, le frère, Armand, son épouse Paulette, Jean –Paul qui a une dizaine d’année, fils de Léonard. Et voilà que Maigret débarque (avec ses gros sabots et sa mauvaise humeur). Ambiance !

Sans doute pas le meilleur Maigret mais c’est quand même du costaud.

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