Tony Chu détective cannibale, Tome 1 : Goût décès
de John Layman (Scénario), Rob Guillory (Dessin)

critiqué par Numanuma, le 3 janvier 2012
(Tours - 51 ans)


La note:  étoiles
Gastronomie psychique
J’ai passé l’âge de croire au vieux monsieur à la barbe blanche dont le costume rappelle une certaine bouteille de boisson gazeuse américaine mais j’ai encore celui d’être surpris par… ma belle-mère ! Elle m’a trouvé cette BD géniale que je ne connaissais pas et qui est pile poil dans mes goûts. Il faut dire qu’un titre comme « Tony Chu, détective cannibale » a de quoi mettre l’eau à la bouche.

Tony Chu est cibopathe, c'est-à-dire qu’il peut « retracer psychiquement la nature, l’origine, l’histoire et même les émotions de tout ce qu’il ingurgite ». Aussi bizarre que ce pouvoir puisse paraître, il lui est bien utile dans son métier de policier, même s’il s’agit, parfois de goûter un suspect ou une victime. Ou pire…
Toute l’histoire est à l’avenant de ce pitch complètement délirant : nous sommes aux USA après une crise de grippe aviaire qui a fait des milliers de victimes et le poulet est devenu interdit, ce qui en fait un produit de contrebande très recherché. Pour lutter contre ce trafic, il existe une unité spéciale, la RAS, dans laquelle Chu vient d’entrer. Je ne vais pas aller plus loin dans le résumé de l’intrigue mais Chu n’est pas le seul à posséder des pouvoirs étranges, son supérieur direct semble posséder celui de l’emmerder copieusement du matin au soir !
Cette BD a été récompensée par un Will Eisner Award, ce qui doit être l’équivalent des Oscars pour le neuvième art et il faut avouer qu’elle le mérite amplement. Je ne mets que rarement les cinq étoiles aux livres que je chronique, aujourd’hui, je n’hésite pas une seconde ! Le scénario est largement exploitable sur une longue série, les intrigues secondaires sont nombreuses et agréables, les personnages loufoques et le trait d’une grande vivacité encore rehaussée par des couleurs qui explosent.
Et en plus, c’est drôle. Dit comme ça, je n’ai pas l’air bien convaincu ni convaincant mais, pour moi, soit on fait du comique, soit on fait du policier, le mélange des deux me laisse très souvent perplexe ou déçu. Ici, tout est en place, tout prend sens et même le fait que Chu me rappelle vaguement Nikos Aliagas, le bellâtre grec qui sévi un peu partout sur nos ondes et à la télé, alors que les auteurs, américains, ne le connaissent probablement pas, me fait doucement rigoler !

Bref, bref, bref, le volume deux étant paru, je n’ai pas attendu bien longtemps pour me le mettre sous la dent et je vous conseille fortement d’en faire de même. Un petit plaisir en période de fêtes n’a jamais fait de mal à personne après tout. Un conseil quand même, lisez à jeun : la bidoche vole bas dans cette BD. Estomacs sensibles s’abstenir.