Le renoncement
de Philippe Vilain

critiqué par Nothingman, le 27 août 2002
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Douce mélancolie
"Il y a huit ans, j'ai eu une liaison avec une femme". Tout débute par ces mots d'une intense concision mais aussi d'une grande beauté. Ce roman autobiographique, tranche de vie de l'auteur, nous relate son aventure avec une femme divorcée, largement plus âgée que lui et que " les circonstances de la vie ont séparés, il est improbable qu'elles nous rèunissent un jour. L'écriture est un moyen de la retrouver ".
Ce petit roman (90 pages) révèle un immense talent. Comment peut-on retranscrire une histoire qui peut paraître si simple avec autant de verve et d'émotion. Dans ce petit opuscule, tout sent le vécu.
Au travers de phrases bien senties, l'auteur nous invite dans cette relation qui semblait vouée à l'échec. Pour un jeune de vingt-deux ans, il est évidemment difficile de s'engager durablement dans pareil amour. "En écrivant sur Catherine, je devais aussi envisager mon avenir sans elle. J'obéissais déjà au principe qui dirige et justifie une entreprise d'écriture autobiographique, sauver les êtres et les choses"....L'écriture comme guérison!
Jusqu'au jour où tout finit et qu'il faut refaire sa vie dans les bras d'une autre, s'accomoder du regret et du souvenir. "Il y a toujours un moment où l'on passe de l'autre côté d'un lieu qu'on a aimé, il y a toujours un moment où l'on passe devant une maison qui nous est désormais fermée".
Ce roman acheté un peu par hasard je l'avoue, est de ceux qui s'offre à voux comme une évidence. Puisse cette critique vous encourager à plonger dans ces nonante pages d'émotion.
"Il y a huit ans, j'ai eu une liaison avec une femme".
Passive amertume 6 étoiles

Un roman à l'écriture faite de pudeur, de langueur, de discrétion. Timide, peut-être. Un aveu, une plainte, un manque, un regret. Des regrets. Une grande passivité aussi. Ce n'est plus vraiment vivre mais subir. Subir une séparation, subir les années qui s'effilochent, subir un deuil, subir un travail insatisfaisant, subir une relation "dans la norme" et subir sa déroute. Subir le manque, tout court. Où le narrateur est-il véritablement acteur de son existence et non témoin?? Où prend-il véritablement l'initiative de sa vie si ce n'est dans l'écriture? L'inaction n'est-elle pas parfois synonyme de lâcheté? Si j'ai trouvé sincérité et délicatesse dans ces lignes, cette passivité mélancolique m'a, hélàs, un peu dérangée.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 10 décembre 2002


Caramba, encore une bêtise 7 étoiles

"Une prise de risque barque", cela fait un peu penser à la Course du Rhum, aux aventures maritimes extrêmes, aux trois-mats-barques à l'abordage des vaisseaux de haut-bord. La formule est audacieuse. Bof. Je voulais juste dire "prise de risque baroque". Voilà qui est infiniment plus terre-à-terre. Adieu les vents du large!

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 28 novembre 2002


Suave nostalgie 7 étoiles

La critique de Nothingman, c’était quelque chose. Mais de toute façon, un rien suffit parfois à nous encourager à lire. Alors j'ai lu. Et je suis bien aise d'avoir lu. Mais avec l'une ou l’autre restriction quand même. On a là une écriture ample, qui étire ses périodes et enfile les propositions. Avec beaucoup de bonheur parfois, et une perceptible jubilation d'écrivain consciencieux, mais aussi avec quelques imprécisions, imputables sans doute à la « prise de risque barque ». Un petit exemple, et de la qualité et du risque : « Elle agrémentait son récit d’innombrables digressions, avec le souci du détail et de la précision que possèdent les personnes pointilleuses, certaines de trouver une vérité dans l'accumulation d’exemples plutôt que dans le résumé, et pour lesquelles tout effort de synthèse n'est jamais sans s'assimiler à un sentiment de perte, toute forme de retranchement de leur histoire à une mutilation de leur propre personne ».
La phrase aurait pu, elle aussi, bénéficier d'un « effort de synthèse ». Mais par ailleurs, quelle finesse d’observation, quel respect pour autrui, y compris le jeune imbécile qu’on a été en toute innocence, huit ans plus tôt. « Rien n'est plus absurde et plus désolant de s’aviser un jour que nous n’avons pas fait tous les efforts nécessaires pour conserver la personne que nous aimions ».

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 28 novembre 2002