Nikopol, Tome 2 : La femme piège
de Enki Bilal

critiqué par Shelton, le 6 janvier 2012
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un très beau piège...
Voilà, ma décision est prise, je vais lire ou relire tous les albums de Bilal que je trouve, chez moi ou à la bibliothèque, et vous les présenter ! Je ne suis pas un fan inconditionnel de cet auteur, mais j’avoue avoir un faible pour son travail avec Pierre Christin que je pense être un excellent scénariste. Par contre, je croyais que les albums de Bilal seul étaient illisibles ou plus exactement trop marqués par ses ambiances de guerre et de fin de monde… Ai-je changé d’avis avec le temps ? Ai-je un autre regard sur les civilisations et les guerres ? Je ne saurais vous dire mais je pense qu’il est temps pour moi de repartir à la découverte de cet univers et de cet auteur…

Il faudrait normalement recommencer par « La foire aux immortels », tome 1 de la trilogie nommée « Nikopol ». Mais je ne l’ai pas encore sous la main et donc nous prendrons la série au second volume ce que je ne vous conseille pas mais qui est, néanmoins, faisable sans trop d’encombres…

Pour resituer les choses, sachez que Nikopol, Alcide de son prénom, est un ancien condamné qui s’est retrouvé dans un futur proche en compagnie d’un dieu égyptien, un certain Horus, lui aussi paria de sa société. Tous les deux tentent de trouver une issue à leur fuite…

Le second volet commence par la rencontre avec Jill Bioskop, journaliste dans la vie mais surtout dotée d’une magnifique chevelure bleue que vous avez certainement déjà vue car la particularité des dessins de Bilal est de se trouver sur une multitude de posters. Jill est en Grande Bretagne, enfin ce qu’il en reste, et elle a une drôle de machine à écrire. En effet, elle écrit des articles qui sont transférés, en quelque sorte, dans le passé, dans le journal «Libération» de 1993 alors que les faits se déroulent en 2025…

Jill possède une autre particularité, une pratique devrais-je dire, elle consomme des pilules, jaunes ou rouges selon le cas, qui lui permettent d’oublier les drames, de vivre d’autres réalités… Du drame, c’est sûr qu’il y en a dans sa vie ! Mais vous les découvrirez bien assez vite vous-mêmes… John, un amour qui meurt ? John, un mystère ?

Mais comme Jill a pris des pilules, difficile de savoir si ce que l’on vit, ce que l’on voit, est la vérité ou un rêve ? Vous me direz, qu’importe car c’est le fruit de l’imagination de Bilal dans tous les cas qui nous emmène dans une aventure de fiction étonnante dont on ne ressort pas indemne…

Dans les thèmes abordés, il y a la guerre qui est omniprésente, à Londres comme à Berlin les deux villes de cette histoire. A chaque fois ce mécanisme des relations humaines est présenté comme absurde, violent, définitivement destructeur et incontournable… Il y a chez Bilal une sorte de fatalisme implacable : l’homme ne peut que regarder la guerre, la faire et en être victime. Il ne peut pas l’éviter…

Le second thème présenté est plus intime. Il est plus subtil aussi. Qu’est-ce qui fait naître une relation entre deux êtres vivants, entre un homme et une femme ? Oh, il n’y a pas de réponse précise à la question, seulement une interrogation sous-jacente et permanente…

Venons-en maintenant au dessin. Je dis au dessin plus qu’à la narration graphique tant chaque image – chaque vignette – donne l’impression d’avoir été composée comme une toile, comme un tableau à part entière. Quand on lit – regarde – cette « Femme piège » on comprend que chaque dessin se retrouve par la suite en poster !

Même si la lecture peut en dérouter plus d’un, les lecteurs devraient finir par tomber sous le charme de ces illustrations géniales, de cette histoire mystérieuse, de cette femme qui pourrait bien se révéler un piège pour qui l’approche…

Mais êtes-vous bien prêts à affronter le futur de Bilal ? A vous de prendre la décision, moi, c’est fait, je suis entré dans cet univers pour un certain temps…
Pour Jill 7 étoiles

On retrouve Nikopol dans cette deuxième aventure qui n’a qu’un lointain rapport avec le premier tome. C’est toujours aussi réussi graphiquement, encore plus étrange et onirique et même si j’ai eu souvent l’impression d’être un peu perdu dans cette histoire obscure, c’est pour moi l’album le plus réussi de la trilogie.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 1 décembre 2013