L'Homme qui rit, Tome 1 : La mer et la nuit
de Jean-David Morvan (Scénario), Nicolas Delestret (Dessin)

critiqué par Montréalaise, le 14 janvier 2012
( - 31 ans)


La note:  étoiles
Là où tout a commencé
Ce premier tome d'une tétralogie de 4 bandes dessinées raconte la genèse de ce roman particulier de Victor Hugo.

C'est l'histoire de Gwynplaine, un garçon au visage mutilé par des comprachicos, ces voleurs d'enfants auparavant mercenaires du roi Jacques II d'Angleterre. Cette mutilation a condamné Gwynplaine à un horrible sourire éternel. Abandonné par ses ravisseurs sur la berge, il marchera seul dans la nuit, la neige, le froid glacial et recueillera un bébé aveugle, (une fille nommée Déa) elle aussi abandonnée. Les deux petits seront finalement hébergés par Ursus, un vieux saltimbanque philosophe ayant pour seul compagnon, un loup nommé Homo.

Il faut se souvenir que le roman de Hugo n'avait pas vraiment respecté les descriptions de l'époque de l'histoire (fin XVIIe-début XVIIIe), en plus d'avoir une écriture grandiloquente, gargantuesque, presque baroque. Mais Hugo lui-même expliqua que L'Homme qui rit recelait toutes ses obsessions et son inconscient le plus fou. Par conséquent, certains ont qualifié ce roman de surréaliste, onirique, avant-gardiste même.

Ce qui fait que Morvan et Delestret ont eux-même créé un XVIIe-XVIIIe siècle parallèle, avec un décor steampunk, presque futuriste, mélangeant fidélité et imagination (vous lirez cet avertissement au début de chaque tome).

Et loin de brouiller le lecteur, elle séduit énormément la narration et rappelle que ce roman peut rejoindre notre époque et celle à venir. Le graphisme et les couleurs sont très bien sophistiqués et chaque personnage respire toute sa richesse, ce qui les rend psychologiquement attachants. De plus, l'intrigue est très fidèle au roman (contrairement à la version de Fernando de Felipe).

Bravo!