Merveilleux, touchant, émouvant, historique et à lire immédiatement !!!

Amours fragiles est cette magnifique série qui nous replonge dans les années noires de l’Europe à travers des personnages que l’on va suivre pour certains, croiser pour d’autres, entre 1930 et 1945, en Allemagne et en France. Martin, de toute évidence, est le personnage central. Il est allemand, plutôt anti nazi, enrôlé dans la Wehrmacht…

Ce volume commence en 1940, du côté de Cologne. Pour ceux qui n’ont pas encore commencé cette série, faites attention, ne vous laissez pas surprendre par une chronologie atypique. On suit une période globale, mais avec de nombreux retours en arrière qui permettent de suivre des personnages dans des tranches de vie…

Tout commence donc cette fois quand Martin est en caserne près de Cologne, il fréquente le major Poeschl, joue aux échecs avec lui le soir et il le laisse gagner, même. Il attend sa mutation à Paris avec impatience. Il devrait l’obtenir car il parle très bien le français depuis qu’il est allé faire des études à Paris (voir le tome 2). Pendant ce temps, à Paris justement, se trouve une certaine Katerina. C’était sa voisine en Allemagne, jadis, du temps de leur jeunesse, une jeunesse qui s’est mal terminé car Katerina est juive et ses parents sont morts de façon tragique (voir tome 1). Martin et Katerina sont amis, de vrais amis… Je n’en dis pas plus d’autant plus que leurs relations évoluent au gré des évènements…

Cet album sera marqué par plusieurs éléments, tous forts mais différents. Il y aura la vie de l’oncle et la tante de Katerina. Un couple juif qui ne comprend pas la gravité de ce qui tombe sur l’Europe, sur les Juifs du continent. L’oncle, chef d’entreprise, va devoir faire l’expérience de l’aryanisation des outils de production de la Nation, on peut aussi dire spoliation des Juifs de leurs biens industriels, à vous de choisir ! C’est l’occasion de découvrir (enfin de se voir confirmer) la lâcheté des uns, l’hypocrisie d’autres, la cruauté et la bêtise des derniers… sans oublier, bien sûr, le fonctionnement diabolique de l’administration française qui organise « cela »…

Il y aura aussi un tableau de l’occupation allemande de Paris, sans agressivité excessive dans le portrait des Allemands, sans focus trop marqué sur les collaborateurs, sans enjolivement des conditions d’échange entre ces deux populations qui tentent de trouver et construire, au jour le jour, un avenir acceptable au milieu de cette tourmente mondiale… Bien sûr, on le constate, les petites jalousies du temps de paix deviennent les grandes trahisons et haines de cette guerre et de cette occupation…

Enfin, cet album sera l’occasion de voir l’évolution des sentiments entre Katerina et Martin. Mais y a-t-il un moyen de voir un amour véritable naître, se développer et se fortifier en pleine déroute de l’humanité ? Surtout entre un soldat allemand et une juive ?

Une narration graphique parfaite, un dessin fascinant et narratif à souhait, un scénario ciselé par un orfèvre du texte et des histoires, une réalité historique très forte, une crédibilité étonnante et un bonheur total pour le lecteur fidèle qui se dit que la bande dessinée est définitivement devenue adulte avec des auteurs d’un tel talent !!!

Ah !!! On ne peut donner que cinq étoiles au maximum ? Alors ce sera cinq étoiles plus une jaune à accrocher sur votre manteau en souvenir de l’oncle de Katarina…

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  Katarina [Texte imprimé] dessin, Jean-Michel Beuriot scénario, Philippe Richelle mis en couleurs, Scarlett Smulkowski

  de Richelle, Philippe Beuriot, Jean-Michel (Illustrateur)
  Casterman
  ISBN : 9782203012226 ; 15,50 € ; 17/08/2009 ; 64 p. ; Album

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