Cabinet portrait
de Jean-Luc Benoziglio

critiqué par DomPerro, le 18 janvier 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
À lire à la toilette ou ailleurs
Longtemps que je n’avais lu un roman aussi rapidement!

Cet immense plaisir de lecture, c'est surtout en raison de l’écriture, des mots qui glissent, qui chantent, du rythme vif des phrases et de l’humour particulier de Benoziglio car, ici, dans Cabinet portrait, il n’y a pas réellement d’intrigue.

En fait, c’est l’histoire d’un type qui passe le plus clair de son temps dans les toilettes communes d’un immeuble à logements miteux. Dans cet espace clos, puant, le personnage principal, un peu hypocondriaque et sans réel travail, lit au hasard des articles tirés d'un des vingts tomes d’une encyclopédie qu'il ne peut ranger dans son minuscule appartement.

''Fantastique, quand même, cette Encyclopédie. Tout le savoir du monde. Tant de choses que j’ignore. Tant de connaissances dont je n’ai rien à foutre... Tsst.''

Et, derrière ceci, il y a une sorte de quête sur le père et l’histoire familiale du type, d’origine juive, mais grandi en Suisse et résidant maintenant en France.

À chacune des pages de ce roman, récompensé par le Prix Médicis 1980, il y a ''des perles'', des phrases parfaites et toujours ce ton caustique, cet humour très noir. Il a donc été difficile de vous partager ces perles. Néanmoins, en voici deux que j'aime bien :

''J’ai cru voir comme un ''ouf'' se dessiner sur ses lèvres.
Mais je ne sais pas dessiner.''

''Tout ce qui est moche est beau.''

...

Bref, je vous recommande chaudement ce livre, que ça soit à la toilette ou ailleurs...

''Pourquoi ne penserait-on en pissant? Pourquoi se serait-ce qu’accoudé à une table, pipe à la bouche, lunettes sur le front, et une flopée de livres savants autour de soi, qu’on aurait le droit de penser?''