Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle
Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers
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Encore très fort !
On ne peut plus parler de surprise quand on vient présenter un ouvrage de Guy Delisle. Certains ne le connaissent pas encore de façon approfondie mais on a beaucoup lu et parlé de « Chroniques birmanes », « Pyongyang » ou « Shenzhen ». Guy Delisle, pour des raisons professionnelles ou familiales se retrouve dans des pays qu’il ne connaît pas et, au lieu de se contenter de faire du tourisme avec un guide vert, il dessine ce qu’il voit, rapporte ce qu’il entend, tente de nous plonger dans une ambiance sans donner trop de leçon de géopolitiques et sans jouer l’humanitaire de base. D’ailleurs, l’humanitaire dans son couple, c’est sa femme qui travaille à Médecins sans frontières. Dans son dernier album, sa femme était en mission durant un an en Birmanie – dont nous saluons les progrès démocratiques en cours – et la voilà, maintenant, avec ce livre, en Palestine. La famille, avec ses deux enfants, s’installe donc à Jérusalem et Guy devient à la fois « mère » au foyer et observateur indépendant de la vie quotidienne.
Je dis bien vie quotidienne et pas relations politico-militaires entre Palestine et Israël. Je sais que certains reprochent agressivement à Guy Delisle d’avoir voulu rester relativement neutre dans un conflit complexe où mêmes les plus experts s’y perdent. Moi, au contraire, je trouve que c’est un ton juste que d’avoir montré la vie quotidienne, celle où des êtres vivants doivent vivre, survivre, éduquer leurs enfants, développer leurs entreprises, trouver du travail… et, même, vivre leur foi. Guy Delisle, avec son carnet et son crayon, nous offre tout cela en cadeau.
Bien sûr, il ne peut pas s’abstenir de montrer quelques scènes originales pas toujours flatteuses pour des extrémistes ou des militaires, pour des religieux ou des touristes inconséquents… Mais à chaque fois, il le fait en témoin non en juge.
J’ai adoré cet ouvrage, je l’ai trouvé fin et précis, dans la droite lignée de ces autres ouvrages mais avec un petit plus car j’ai été en Israël et en Palestine, je connais une partie des lieux, j’ai vu certaines des situations abordées, j’ai entendu des discussions religieuses entre ces trois grandes religions du livres qui vivent côte à côte dans un si petit espace… oui, cet ouvrage d’une grande qualité m’a rappelé beaucoup de souvenirs…
J’aime beaucoup la narration graphique de Guy Delisle. Au départ, on est surpris, on se dit que c’est un simpliste, que ce n’est pas terrible… Puis on entre dans la narration et on découvre que tout y est, tout ce dont on a besoin pour comprendre les faits, identifier les personnages et même reconnaître les célébrités quand elles passent. C’est une merveilleuse illustration de ce que doit être la bédé : une histoire racontée avec du texte et du dessin. Ce n’est pas un concours d’arts plastiques, c’est un récit, tout simplement !
Je ne peux donc que vous conseiller cette bande dessinée, sans aucune restriction, sans aucun doute car c’est bien une grande œuvre, un grand bonheur pour le lecteur et une source réelle d’interrogation…
Les éditions
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Chroniques de Jérusalem [Texte imprimé] Guy Delisle
de Delisle, Guy
Delcourt / Shampooing
ISBN : 9782756025698 ; 25,50 € ; 16/11/2011 ; 334 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (10)
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Un prix largement mérité
Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 27 juillet 2023
L'ensemble se présente sous forme de séquences de vie narrées en deux à quatre pages pour la plupart.
Chacune de ces séquences se rapporte tout autant à la vie quotidienne familiale qu'à des situations liées au conflit permanent ou encore qu'aux relations intra ou extra religieuses.
Des détails insignifiants (l'enfant malade, les soirées) permettent de bien insérer ce récit dans le quotidien et renforce la valeur du témoignage.
Aucun jugement de valeur dans ce travail, juste parfois des interrogations.
Un dessin précis, léger, allégé, clair, sans surcharges inutiles, aisé à interpréter mais apportant les informations indispensables à la bonne compréhension.
Evidemment, l'auteur n'a pas pu se rendre aussi sereinement au sein de tous les quartiers pour restituer ses observations, son regard part donc des lieux qui lui sont autorisés. Cela limitait donc ses possibilités mais ce n'est pas pour autant que cela devient un livre partisan. Il aurait été très intéressant qu'il puisse passer un an également dans les autres lieux pour bénéficier de son regard sans préjugés.
De par tout ce qu'il évoque, ce livre pourrait quasiment représenter une référence pour comprendre le fonctionnement de cette société pour le moins complexe.
Nulle intention d'engagement dans tel ou tel sujet politique, juste un rapport de faits permettant au lecteur d'amorcer sa réflexion et d'aller à la recherche d'informations historiques, politiques etc...
Un livre plaisant à lire, agréable à regarder, enrichissant, source de réflexions, fruit d'une observation de l'intérieur.
Encore une bien belle réussite qui m'incite à aller lire les autres ouvrages de cet auteur.
Le prix d'Angoulême est largement mérité. Certains n'aimeront pas mais Angoulême sait être varié dans ses choix. Il suffit de voir la distinction apportée à l'incompréhensible (dessin comme scénario) Révolution (Liberté & égalité en attendant fraternité).
L'expat' revient
Critique de Coper (, Inscrite le 2 octobre 2014, 41 ans) - 2 janvier 2019
Après Chroniques Birmanes, Guy Delisle nous fait vivre à Jérusalem.
Au travers de ce Roman Graphique, Guy nous raconte l'histoire géopolitique de ce secteur du monde, il nous aide à comprendre le conflit Israélo-palestinien et la manière dont les habitants le vivent, les religions et le conflit religieux omniprésent, les checks-points qui ponctuent la ville et le territoire.En comparaison à ses Chroniques Birmanes, j'ai trouvé cet opus mieux construit et plus instructif, peut-être un poil moins drôle mais ce n'est en rien gênant. Probablement du fait que, ici, les enfants de Guy vont à l'école, il a donc beaucoup plus de temps pour visiter, se renseigner sur le pays, faire des rencontres, etc... Alors qu'en Birmanie, il s'occupait beaucoup de son nouveau-né.
En conséquence, les chroniques qu'il dessine expriment véritablement les modes de vie des habitants (et pas seulement celui de l'expatrié) sous cette guerre singulière.
Le rôle de MSF est aussi plus développé, notamment dans le début du livre.
J'ai beaucoup apprécié deux choses :
1°- le travail des perceptions : Guy exprime beaucoup sa perception du pays vis-à-vis de la religion (et donc des paysages générés: architecture, colonies,...), des ambiances... C'est très agréable et cela plonge réellement le lecteur au cœur du territoire.
2°- Guy est devenu un peu connu dans le monde de la BD, il continue ainsi de travailler et participe à des séminaires et des stages durant lesquels il présente son travail. Il découvre ainsi la manière dont certains dessins sont perçus... du fait des tabous religieux... Je n'en dis pas plus !
Les dessins sont toujours parfaits : simples et percutants.
Israël vu de l'intérieur
Critique de Angreval (Brossard, Inscrit le 11 août 2010, 78 ans) - 1 mai 2014
Peut-être trouvera-t-on partiale l'image transmise par l'auteur, mais elle est le résultat d'une expérience directe au cœur de la situation, éclairée par l'humanisme des ONG qu'il côtoie régulièrement. La diplomatie et une certaine propagande fondée sur la victimisation du peuple juif, surtout après la Shoah ne peuvent toujours occulter la réalité. D'autant plus que des courants religieux intégristes, autant en Israël avec ses différentes sectes (Hassidim, Yéménites, Ashkénazes...) qu'aux EU avec les fondamentalistes chrétiens professent des idées proprement farfelues, du moins à mes yeux. Pourtant ils ont une influence considérable.
Au final les dessins simples, les situations décrites telles que vécues, en quelques pages, parviennent à provoquer une intense émotion. On s'attache à ce bédéiste et à sa vision du monde.
Eclairant
Critique de Salocin (, Inscrit le 12 décembre 2012, 43 ans) - 5 janvier 2014
J'ai beaucoup aimé car l'auteur, avec intelligence, un talent certain de la narration, expose, avec les yeux neutres d'un occidental, son regard sur la situation d'un conflit absolument épouvantable et dont on se demande bien quelle en sera l'issue.
Je ressors de cette lecture en ayant appris quelque chose, moins bête qu'avant, et c'est là tout l'intérêt de cette BD (n'allez pas chercher le talent "artistique" de l'auteur et sa capacité à bien dessiner).
Je retiens qu’Israël dont l'ambition est d'offrir au peuple juif un monde libre et ouvert produit exactement l'inverse : un territoire complètement refermé sur lui-même (à l'image de la construction du mur, une honte) et contrôlé de toute part (les checks points semblent faire partie du quotidien de ses habitants)
Je lirai d'autres BD de Delisle.
Israël et les territoires palestiniens vus de l’intérieur… passionnant et déconcertant
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 28 juillet 2012
Mais ce qu’on retient surtout, c’est l’omniprésence écrasante du Mur, qui tel une énorme cicatrice maléfique, divise des communautés qui ont beaucoup plus en commun qu’elles ne veulent l’admettre. C’est aussi cette obsession maladive des Israéliens extrémistes de conquérir chaque parcelle de territoire palestinien au mépris du droit international (un simple campement est considéré comme une colonie, et peut être relié au réseau électrique et à l’eau courante quelques jours après son installation), avec bien souvent les ultrareligieux en fer de lance – ces épouvantails à papillotes déments arc-boutés sur leur « mauvaise foi » - dont la priorité n’est certainement pas de prêcher l’amour, mais bien plutôt de pratiquer l’épuration ethnique vis-à-vis des Palestiniens.
La lecture de cet ouvrage, bien qu’enrichissante, n’incite guère à l’optimisme, et on voit mal comment l’issue pourrait être positive, d’autant que la situation n’a cessé de s’aggraver au fil des ans. Vers la fin, l’auteur demande à un haut diplomate chargé de faire avancer le processus de paix entre Israël et la Palestine :
« Vous passez par des phases optimistes de temps en temps, ou c’est plutôt pessimiste la plupart du temps ? »
Et le diplomate de répondre sans détour : « C’est plutôt pessimiste la plupart du temps… »
La BD se termine sur cette image extrêmement forte, incroyable, d’un Israélien trônant fièrement sur le toit d’une maison dont il vient d’éjecter, à l’aide d’une milice privée, leurs occupants palestiniens, et clamant avec arrogance : « It’s my house, now ! ». Circulez, y a rien à voir.
Delisle nous rappelle, en dépeignant la communauté juive des Orthodoxes et des ultras, que la folie peut être collective. Et on a toujours du mal à croire que ces gens-là, qui ont certainement des aïeuls ou des grands-parents ayant subi la barbarie nazie, puissent se transformer à leur tour en bourreaux d’un peuple. A croire que décidément, l’Homme n’apprend rien du passé.
Un superbe carnet de voyage
Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 18 mai 2012
Ce carnet de voyage est vraiment époustouflant. Je ne m'y suis pas ennuyé une seule seconde.
Ouvrage très instructif, drôle et avec des réflexions pertinentes.
Delisle nous relate , avec ce côté "huron", à la Voltaire ces choses que nous connaissons tous à travers les reportages télé: "les check points, l'intifada,les juifs orthodoxes, les juifs non orthodoxes et surtout ce mur, très présent dans cet ouvrage, à un point que je ne me l'imaginais pas.
Le tout sur un fond assez décalé, celui de la situation d'homme au foyer de dessinateur.
Ayant été dans cette position pendant longtemps, je me suis reconnu dans certaines situations.
Bref, un livre que j'ai adoré.
une BD qui nous éduque
Critique de AntoineBXL (Bruxelles, Inscrit le 9 août 2008, 45 ans) - 12 avril 2012
Il m'a fallu un certain temps pour clôturer ma lecture car nombre de sujets abordés m'ont donné envie de chercher plus d'informations sur internet. L'auteur a cette capacité hallucinante de nous instruire par le ludique et l'humour.
J'ai également beaucoup apprécié l'harmonieux déséquilibre de son coup de crayon: les personnages sont dessinés avec une pointe d'irréalisme tandis que les paysages et monuments sont représentés avec une précision quasi photographique.
ANGOULEME ! MOI PAS !!
Critique de Bedeland la reunion (, Inscrit le 20 février 2009, 60 ans) - 23 février 2012
je m'attend à ce que ces prochaines années il nous sorte "chroniques tunisiennes, puis chroniques syriennes, et chroniques libyennes" si c’était le cas j'émets le souhait que l'on suive enfin le travail de son épouse pour msf qui doit être largement plus passionnant mais que très très rarement relaté dans les ouvrages déjà parus
Meilleure BD de l'année ? Sûrement pas!
Critique de Maxrun (, Inscrit le 23 avril 2009, 45 ans) - 22 février 2012
Il est plaisant de feuilleter les quelques 300 pages de la vie quotidienne de Guy, dans une région complexe et très délicate à traiter. Toujours léger (trop peut –être) Guy nous raconte ses rencontres et ses problèmes aux quotidiens (avec ses enfants, comment faire les courses, etc.) mais au final on n'apprend rien de transcendant sur Jérusalem. Quelques passages valent tout de même le détour, comme les passages aux check point, les rapports tendus sur les religions. Chroniques de Jérusalem reste toutefois trop nombriliste à mon goût, parfois les histoires n’ont ni queue ni tête et s’arrêtent brutalement sans aucune raison, pour démarrer sur une autre scénette qui n’a aucun rapport. De plus, le dessin est extrêmement simpliste et manque d’originalité.
Au final, si vous désirez lire quelque chose de plus engagé et pertinent, je vous renvoie à la lecture de Gaza 1956 de Joe Sacco, une lecture autrement plus intéressante, que les problèmes de connexions internet de ce cher Guy ou de son pot de miel qui s’est brisé dans sa valise (véridique !)
Comptes rendus dessinés
Critique de DomPerro (, Inscrit le 4 juillet 2006, - ans) - 27 janvier 2012
Suivant sa conjointe qui travaille pour Médecins sans frontières, Guy Delisle passera près d’un an dans la partie Est de Jérusalem avec sa petite famille (deux jeunes enfants). Entre ses nombreuses responsabilités comme père de famille, Guy Delisle, bédéiste de métier, tente de visiter cette région inconnue afin de noircir ces carnets.
Ces visites sont autant de moyens pour Guy et le lecteur de découvrir les différents problèmes quotidiens auxquels sont confrontés Arabes, Juifs et autres nationalités de cette ville. Et à travers ces épreuves, il y aura plusieurs rencontres avec des personnages (humanitaires, diplomates, activistes, religieux) qui apporteront chacun à Guy Delisle leur point de vue différent sur une question politique ou religieuse. Sous cet angle-là, lire les Chroniques de Jérusalem m'a beaucoup plu.
Par contre, on doit prendre cette BD de quelque 300 pages par brides, morceaux par morceaux, historiettes par historiettes. Personnellement, j’ai été un peu déçu par la narration de certaines de ces histoires, notamment par le fait qu’elles peuvent se terminer en queue de poisson, brutalement, sans jamais que l’auteur y donne suite, même celles impliquant des personnages centraux comme la conjointe de Guy Délisle qui semble être, dans une de ces histoires, victime d’une violente allergie alimentaire, mais dont le dénouement échappera au lecteur, le bédéiste coupant court à cette aventure.
Ceci dit, ce manque de cohésion n’enlève pas grand-chose au bonheur que peut apporter cette bande dessinée sympathique, en particulier grâce au sens de l’humour et à la finesse du crayon de son créateur.
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Meilleure bédé de l'année ? | 12 | Shelton | 23 février 2012 @ 19:33 |