Montréalaise a fort bien présenté ce succès théâtral de Marcel Dubé. Avec cette pièce, le dramaturge est monté aux barricades pour s'attaquer au cul-de-sac qu’affronte la jeunesse. Que faire de sa vie quand les modèles ont disparu et que les soutiens parentaux et sociaux se sont effouérés (effondrés) ? Laissés à eux-mêmes, il ne leur reste que l’illégalité pour se positionner dans la société. La pièce n’a pas pris un pli depuis sa présentation en 1952.
Aujourd’hui, la contrebande de cigarettes existe toujours. Ce sont les cigarettes à plumes, celles fabriquées par les Amérindiens que les fumeurs s’arrachent des revendeurs clandestins. À la problématique se sont ajoutés les pushers. Et dans les écoles, les jeunes pratiquent l’extorsion que l’on désigne au Québec sous le nom de taxage. Du haut au bas de la pyramide, les jeunes sont victimes de l’exploitation ou ils s’exploitent entre eux. Sur ce plan, ils sont drôlement dangereux. On n’a qu’à penser à la série des films Pusher. Autrement dit, les jeunes jouent avec le danger pour s’ouvrir une voie vers la maturité. Curieux paradoxe que souligne Marcel Dubé !
Ses personnages ne s’amènent pas comme un cheveu sur la soupe. Il a peaufiné leur profil psychologique tragique pour bien illustrer que la dynamique ne touche pas uniquement un échantillon de ce groupe d’âge. L’éventail est tellement large que tous peuvent craindre d’apprendre un bon jour que leurs enfants dealent leur corps ou des produits illicites.
Marcel Dubé est un as de la dramaturgie. Il sait écrire une pièce classique dans un français normatif sur des sujets populaires. Il ne joualise pas (pas de québécismes).
Libris québécis - Montréal - 83 ans - 25 janvier 2012 |