Memoires d'Outre-Web
de Marie Clark

critiqué par Libris québécis, le 27 janvier 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Mistral perdant
Ce roman décrit la mort en oeuvre dans la cité. Mort de l'âme et du corps quand on pense à tous les drames qui emportent de jeunes vies. Ni Dieu ni le diable ne semblent sensibles à leur destin. Certaines voix, comme celle de Renaud, tentent de « raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants et les mistrals gagnants. »

Le triste sort des jeunes est livré dans un esprit chevaleresque, qui sent la démarche intellectuelle, surtout au plan de la langue. Une langue poétique qui donne l'impression que l'auteure écrit d'abord en anglais, comme le démontrent l'ordre des mots et les phrases se terminant par des prépositions. Il s'agit d'une œuvre, difficile, mais qui réussit très bien à dresser un parallèle pertinent entre les jeux vidéo et la société.

S'accolant au fantastique, le roman examine la souffrance qui pèse sur les épaules de Benjamin, un ado hanté par le suicide d'une amie. Il croit que le jeu interactif War of Worldcraft serait la panacée à ses maux, car il le transforme en chevalier sans peur et sans reproches, au moins sur le Web.

Il délaisse finalement ce passe-temps pour sonder la rue, où il rencontre la violence de la virtualité. Tous les perdants à la loterie de la vie s'y sont donné rendez-vous : les clochards, les prostituées, les junkies et combien d'autres. Avec son bâton de pèlerin miraculeux et Allié-Gris, un ange-gardien incarné dans la peau d'un chat, il parvient à rassembler les mousquetaires qui l'aideront à comprendre la honteuse mort de son amie Raph.