A quoi rêvent les loups
de Yasmina Khadra

critiqué par Jules, le 9 janvier 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
A lire pour comprendre l'engrenage
Dans la rue, un jeune intégriste doit accomplir son premier meurtre sur un magistrat qui représente le pouvoir civil, donc haï !
Tuer de loin est assez facile mais, au révolver, face à l’homme à abattre, qui vous regarde, c'est tout autre chose ! " Le magistrat a cru déceler, dans mon hésitation, la chance de sa vie. S’il était resté tranquille, je crois que je n'aurais pas eu la force d’aller plus loin. Chaque coup de feu m’ébranlait de la tête aux pieds. Pareil à une météorite, j’ai traversé le mur du son, pulvérisé le point de non-retour : je venais de basculer corps et âme dans un monde parallèle d'où je ne reviendrais jamais plus. "
Ce jeune homme était, jusque-là, un jeune homme comme les autres. Comment en est-il arrivé là ? C’est ce que Yasmina Khadra nous explique dans son livre. Nafa Walid, son personnage central est jeune et beau comme un Dieu. Il rêve de la gloire en faisant du cinéma, mais il se retrouvera chauffeur de maître. Il connaîtra toutes les bassesses auxquelles peuvent se livrer les jeunes et moins jeunes de son pays quand ils ont de l'argent et des relations. Dégoûté, il abandonnera ce job et se mettra à fréquenter des milieux plus intégristes.
Là lui semble être l'honnêteté, la droiture et l'avenir. Le temps de se rendre compte vers quoi on l'entraîne, il est trop tard pour en sortir : il est condamné à devenir un assassin ! Il partira dans le djebel et, n'étant pas encore tout à fait perverti, il souffrira beaucoup. Les assassinats gratuits, les guets-apens sur les routes, l'exécution des hommes, des enfants et des femmes plus âgées. Les plus jeunes sont emmenées pour servir aux plaisirs des troupes, mais seront impitoyablement abattues dès que celles-ci devront faire mouvement. Un monde horrible, un monde de fous, sans logique autre que la mort ! De temps à autre il rentre à Alger voir son père et sa mère. Mais son père le traite d’assassin.
Les rebelles luttent entre eux, voient des comploteurs et des traîtres potentiels partout, alors ils tuent parmi leurs propres troupes… Il n’y a plus qu’une seule logique : celle de la survie, de la mort des autres pour terminer par la sienne ! Un cycle infernal particulièrement bien décrit. Yasmina Khadra nous écrit là un livre courageux, lucide et bien écrit. À lire si l'on veut bien comprendre ce que les journaux télévisés nous disent presque chaque soir.
"Je ne suis pas un terroriste" 8 étoiles

Nafa rêvait de décrocher un rôle de premier ordre, qui lui permettrait d'embrasser une carrière internationale, ou de rejoindre Paris.
A défaut, il trouve bientôt une place de chauffeur de maître dans une riche famille, est traité comme un chien malgré un compte en banque qui grossit, une Rolex et des vêtements de marque. Ce monde, il ne le connaissait que de loin, il découvre la perfidie des gens qui l'entourent, les passe-droit, la haine, la violence... Ecoeuré, foudroyé par certains actes de barbarie, il s'en retourne chez lui en lambeaux. Ne lui restent que ces images atroces en tête, des images qui l'obsèdent et le rendent presque fou.

Son refuge, enfin, sera la prière. La foi le sauve, in extremis, et c'est à petits pas qu'il découvre l'univers des croyants. La religion l'accapare, mais il ne prend pas garde à son entourage. Très vite il se retrouve influencé, on lui affirme qu'on a besoin de lui, qu'il peut rendre service au peuple. Son pays est en guerre. Pourtant, il ne veut pas d'arme, n'aime pas la violence...

"A la Casbah, il était exclu de trouver quelqu'un pour vous réconforter sans lui donner l'occasion de vous endoctriner. On abusait des états d'âme des "égarés" et profitait de leur fléchissement pour les atteler à la mouvance."

Cette descente aux enfers est remarquablement décrite. Ce livre nous montre la puissance de l'endoctrinement qui peut amener un jeune homme quelconque à emprunter le chemin du terrorisme. A sa lecture, on s'aperçoit que Nafa lui-même ne s'est pas rendu compte de ce qu'il faisait. Manipulé...
Quand il en prend conscience, il est trop tard pour se rebeller, revenir sur ses pas, c'est sa vie, et celle des siens, qui se trouvent en jeu.

Un livre intéressant pour essayer de comprendre l'engrenage, oui. Les scènes barbares sont difficiles, pesantes, mais font partie de l'histoire, hélas.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 27 octobre 2013


Les loups ne rêvent plus … 6 étoiles

C’est le 2ème roman de Yasmina Khadra que je lis, j’avais beaucoup aimé Les Hirondelles de Kaboul, roman lui aussi très dense et très sombre.
A quoi rêvent les loups m’a moins enthousiasmée, même si la qualité d’écriture est toujours aussi présente (j’ai cependant trouvé que le niveau de langage était beaucoup trop soutenu, c’est Nafa qui raconte son histoire et il parle aussi bien qu’un Enarque, étrange pour quelqu’un dont le niveau d’étude est très bas …), l’histoire de Nafa Walid m’a surtout plu dans la première partie, qui est vraiment réussie.
J’ai malheureusement trouvé ensuite que le récit devenait beaucoup trop politique et trop fastidieux à mon goût et la multitude de personnages m’a également dérangée. Pourtant Khadra décortique consciencieusement les rouages qui ont emmené l’Algérie dans le terrorisme.
Il m’a très certainement manqué aussi une meilleure connaissance de cette décennie noire qui a fait tant de ravages en Algérie. Quoiqu’il en soit, même si le roman est plutôt court, environ 250 pages, il m’a semblé long et tellement désenchanté qu’il m’en a presque fait grincer des dents …

Monde imaginaire - Bourg La Reine - 51 ans - 26 mars 2013


mortelle algérie 6 étoiles

À travers le destin de Nafa Walid, qui rêvait de devenir acteur et s'est trouvé enrôlé dans le camp intégriste, Yasmina Khadra (pseudonyme du célèbre écrivain algérien Mohamed Moulessehoul) décrit les années de braise qui ont ensanglanté l'Algérie de l'après Boumédienne. D'un réalisme revendiqué (gens, lieux et faits sont pour la plupart bien réels derrière des noms d'emprunt), ce récit haletant nous entraîne des milieux mafieux de l'Algérie indépendante aux combattants fanatisés de la cause islamique. Les amateurs de scènes de guerre ne seront pas déçus, bien que l'auteur ait sans soute voulu, en forçant le trait, délivrer un message humaniste. Hélas, comme souvent dans des œuvres voulant montrer, par la description minutieuse des atrocités, toute la folie meurtrière de la guerre, le message délivré est pour le moins ambigu. Exaltation ou condamnation de la violence? Gloire ou honte du fanatisme? Une fois le livre refermé, je me suis demandé où Yasmina Khadra voulait mener ses lecteurs...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 19 août 2012


roman oh combien réaliste 10 étoiles

L'engrenage infernal

Nafa Walib aurait pu avoir une autre vie.
Il aurait voulu être acteur.
Après un premier et dernier rôle, le voici chauffeur de maître.
Il côtoie des patrons très riches et notamment le fils de famille à la vie dissolue.
Il n'est plus dans la Casbah d'Alger à survivre difficilement, mais pour continuer comme chauffeur, il lui faut être attentif, obséquieux, disponible et prêt à tout accepter, même à couvrir un acte délictueux. C'est la rupture, Nafa finit par partir très vite.
Il tombe dans le filet des islamistes radicaux qui à la fin des années 80 organisent "la résistance" terroriste. Influencé et convaincu, il commence par remplir des missions de transport avant de prendre lui aussi des armes.
C'est l'engrenage infernal : après une première exécution, il n'a aucun regret ce qui le conduit à participer aux attentats et aux exécutions sommaires.
Les islamistes sont pourchassés par la police et l'armée.
La violence est extrême et les intégristes n'hésitent pas à tuer les intellectuels, les hésitants et même ceux qui n'appartiennent pas au FIS mais à une organisation similaire et surtout concurrente.
"La délation traquait la moindre anomalie...Des purges sanglantes furent opérées dans les milieux intégristes, notamment au niveau des réseaux de soutien. Parmi les corps dépecés que la Protection civile ramassait sur les terrains vagues, certains appartenaient à des sympathisants du FIS exécutés par leurs pairs".
La barbarie "à l'état pur" règne et Nafa, qui hier encore était écoeuré par la conduite de son maître est prêt à faire pire.
L'auteur, Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul analyse avec force et dans un style alerte et "imagé" la situation de l'Algérie, déchirée il y a plus de 20 ans par une guerre civile. Il montre comment des jeunes apparemment équilibrés et à la recherche d'une intégration réussie peuvent tomber dans les mains des intégristes et devenir des loups implacables.
Ce roman réaliste nous conduit à une réflexion utile sur le mécanisme social, politique et psychologique qui conduit des hommes ordinaires à se transformer en tueurs sanguinaires....
Le fascisme vert comme le fascisme gris, ce n'est pas pour les autres mais à notre porte !

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 12 août 2012


Boucherie 2 étoiles

J'en suis à mon troisième livre de cet auteur. Après "les hirondelles de Kaboul", et "l'équation africaine", je viens de terminer "A quoi rêvent les loups", avec une envie de vomir. Je n'irai pas plus loin car, si l'auteur nous décrit avec justesse des situations dramatiques dans les pays qu'il met en pages, il semble également se complaire dans la description de tueries et autres massacres. Je ne cherche pas à nier ce genre de situation, mais je crois qu'il éprouve un certain plaisir à décrire ces actes barbares, avec un certain goût du sang.
Dommage, la situation en Algérie, en Afghanistan, etc, mérite un autre traitement.

Tiocan 01 - - 86 ans - 20 janvier 2012


le pantographe 1 étoiles

un article de journal banal trop amplifié et qui ne mérite pas ce long détour (lecture fastidieuse)nous sommes au siècle du digest vivement le laconique et le condensé et fichtre de ces tirades révolues qu'on ose appeler sans vergogne 'roman'

Kalo - - 42 ans - 11 juillet 2011


stupéfiant de justesse! 10 étoiles

Yasmina khadra, alias: "Mohammed Moulessehoul" nous livre dans ce roman à la fois poignant et révoltant les racines du crime. Dans un récit convainquant, l'auteur décrit avec brio l'endoctrinement et la descente aux enfers qu'engendrent la pauvreté et l'injustice.

LaCritiqueuse - - 36 ans - 30 avril 2011


Roman noir, dur, mais lucide et efficace 8 étoiles

Yasmina Khadra écrit ici un livre éminemment politique. Il dénonce l’islamisme intégriste, l’embrigadement à coups de discours pleins d’empathie, de condescendance, de sympathie, l’enrôlement et la formation des futurs guerriers. Le style est simple, efficace, direct, mais il vous arrache les tripes. C’est presque fascinant, ce long voyage de Nafa vers l’absolutisme, vers le fanatisme le plus cruel, le plus aveugle.

Les loups ne rêvent plus. Ils survivent. Quitte à s’entretuer. L’âme et la conscience ont laissé la place à la bestialité. Hommes, femmes, tous guerriers voués à la cause, tous renient leurs propres familles comme une écharde vérolée que l’on arrache d’un seul coup.

Un roman qui ne laisse aucune porte de sortie, un roman dur, mais terriblement lucide et objectif.

Amanda m - - 57 ans - 16 janvier 2008


Témoignage 6 étoiles

Livre poignant et révoltant que celui-ci. Suivre les espoirs d'un jeune homme qui veut gagner sa vie, devenir riche pour réaliser ses plus beaux rêves, qui croit encore en son pays et qui se rend compte, un jour, que l'Algérie d'aujourd'hui a sombré dans l'horreur et louche dangereusement vers le terrorisme islamiste.
Témoignage percutant de Yasmina Khadra sur le désoeuvrement de tout un peuple, en particulier la jeunesse, les illusions perdues, les solutions avortées, l'impuissance volontaire d'un pouvoir, l'avancée rapide et profonde des islamistes vers lesquels beaucoup se tournent car ils ne savent plus où regarder.
Un livre fort et courageux, sans complaisance, qui a valu beaucoup d'ennuis à son auteur.

Sahkti - Genève - 50 ans - 21 juin 2004


Assez juste... 8 étoiles

Mais sont ce là les seules raisons pour ne lui donner qu'une seule étoile ? Je lui donnerais quand même le mérite de tenter de dénoncer la chose et de faire comprendre comment elles se passent sur place. En outre, les schémas évoqués dans le livre relèvent, pour la plupart, des mécanismes utilisés par toutes les dictatures pour tenter de s'installer. Il y a là donc un comportement universel que l'auteur entend nous faire comprendre. Le tout avec un certain art, me semble-t-il. Une cote très dure, donc pour l'oeuvre elle-même !

Jules - Bruxelles - 80 ans - 31 décembre 2003


l'algérien terrorisé 1 étoiles

ce roman parle d'un jeune homme appelé nafa qui s'est laissé emporter par son jeune âge et emporter aussi par les intégristes qui se croient hommes de religion alors que c'est tout à fait le contraire ils ont terrorisé la femme algérienne l'enfant algérien et manipulé les jeunes qui n'avaient pas d'objectif devant les yeux

Adlene - - 40 ans - 31 décembre 2003