Asphalte et Vodka
de Michel Vézina

critiqué par Libris québécis, le 29 janvier 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Légende moderne d'Icare
Cette méditation sur la condition humaine s’inscrit dans le créneau d’On The Road de Jack Kerouac ou de Volkswagen Blues de Jacques Poulin. Toutes ces œuvres étendent un long ruban d'asphalte pour qu’y circule le cortège de nos malheurs, voire de nos bonheurs si nous considérons qu'une quête de soi est un rosier rempli d'épines. Question de point de vue.

Ce road novel quitte la Floride pour la Gaspésie, via la Louisiane pendant que se déroule le bilan de deux trompettistes québécois, qui reviennent au bercail après avoir bourlingué aux États-Unis. Les héros se sont connus à bord du Queen of the Caribbeans, où, tous les soirs, ils jouaient pour des vacanciers en croisière. Âgé de 74 ans, Carl White, alias Charles Leblanc, en est au dernier contrat de sa vie alors que Jean, 35 ans, originaire de Trois-Pistoles, offre au vieux Gaspésien de le ramener dans son village natal avec son break Oldsmobile 1984.

C’est le début d’un long périple, aromatisé aux stupéfiants et arrosé de vodka. Drogue et musique, un cocktail explosif qui tue tout en décapant les chimères du rêve américain. À travers les héros, on vit l'effondrement des promesses du Nouveau-Monde. Ils ont nagé vers un mirage, et c'est avec les béquilles de l'alcool et des psychotropes qu'ils en reviennent.

À travers une écriture teintée d’un langage cru, un peu difficile à suivre à cause de l’emploi fréquent du franglais, l’auteur livre une nouvelle version de la légende d'Icare. Légende complice de la mort d’artistes foudroyés sur la route menant à l’inaccessible étoile comme Elvis Presley, Kurt Cobain, Jimi Hendrix et Édith Piaf.