La Ligne de courtoisie
de Nicolas Fargues

critiqué par Nothingman, le 1 février 2012
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Ultra moderne solitude
La vie ne fait pas de cadeaux au narrateur du neuvième roman de Nicolas Fargues. Romancier à succès de 43 ans en perte de vitesse tant professionnelle que sentimentale, il se débat avec sa progéniture, Stanley,« prototype du petit con d’époque » et Rita, 15 ans, sujette à des troubles alimentaires. Divorcé de leur mère, il multiplie les conquêtes de passage. "C'était cela la famille: une somme de solitudes uniquement liées par des obligations de bouche." Le hic ! Depuis plusieurs années, impossible pour lui de débuter le plus petit incipit de romans. Au grand dam de ses parents, lui reprochant de se complaire dans ce no man’s land. L’auteur maudit compense ce manque d’inspiration flagrant par un sens de l’observation de ses contemporains assez saisissant. Ses descriptions des autres et du quotidien sont quasi névrotiques. Une recherche du mot juste, approprié, quasi chirurgicale qui peut décontenancer le lecteur au fil des premières pages. Le dictionnaire est parfois nécessaire devant tant de circonlocutions techniques, que j’ai trouvées souvent prétentieuses pour ma part.
Le narrateur tentera de se refaire une virginité en s’envolant pour l’Inde, à Pondichery, ancien comptoir français. Arrivé là-bas, son sort ne va pas pour autant s’améliorer. Il ira encore de déboires immobiliers en scoumounes sentimentales. Il va en effet, par l’entremise du guide du Routard, faire la connaissance, très brève, de tous ses compatriotes propriétaires de gîtes, et connaître quelques ébats de très courte durée également. Le héros, malgré sa capacité d’analyse froide n’en demeure pas moins assez lâche au fil de ces pages, se défilant souvent de toute remarque par trop belliqueuse. C’est ainsi qu’il s’abaisse fréquemment devant ses enfants, n’ose pas répliquer aux attaques virulentes de ses parents, se laisse manipuler par les femmes sans trop broncher, se plie devant un jeune auteur à la mode plus jeune que lui ou devant un apprenti écrivain lui demandant son avis. Jusqu’au jour où cette apparente Ligne de courtoisie, qu’il s’est fixée en règle de vie immuable, volera en éclats.
Je le répète, j’ai eu du mal à rentrer dans ce roman au style certain, peut-être souvent trop ampoulé. Mais peut-être est-ce voulu pour accentuer le côté assez méticuleux du personnage. Toujours est-il que, dans sa deuxième moitié indienne, la lecture m’est devenue plus fluide. C’était mon deuxième livre de Nicolas Fargues, après le magnifique « J’étais derrière toi », dont me restera un souvenir plus impérissable que « Cette ligne de courtoisie », un rien inégale.
La courtoisie aurait été de ne pas écrire ce livre 1 étoiles

L'auteur se complaît dans une narration lourde et sans intérêt. Il raconte une vie, qui ne ressemble à rien: pas d'objectif même personnel, pas de relation même familiale. Il part en Inde, pourquoi? Qu'est-ce qu'il y fait? Insondable. Il revient à Paris. Et c'est tout.
Vous ajoutez à cela une écriture difficile - un usage risible de mots alambiqués - et vous obtenez un formidable navet.

Anna Rose - - 52 ans - 19 mai 2017


Quelques traits d'humour 7 étoiles

Ce roman autobiographique raconte les déboires d'un romancier. On est dans l'autofiction d'un romancier en panne d'inspiration qui se rend compte combien ses proches lui sont étrangers. on navigue entre sa famille, son éditeur, ses problèmes de caution, le départ pour Pondichéry . L'histoire est d'autant plus mince qu'il ne reste pas longtemps en Inde et qu'il ne lui y arrive pour ainsi dire rien.

Ses amis, ses enfants sont des personnages ridicules et égoïstes. Le monde de l'édition est décrit avec un certain talent cruel et une grande auto-dérision, il se présente lui-même comme un romancier qui n'a plus rien à dire. Fargues a le sens de l'humour et on le sent.

Nicolas Fargues aime le vocabulaire rare et prétentieux: blattes lucifuges, addiction autolâtre, éponges de mousse polyuréthane, la peau héliophobe. Je pense que c'est une forme d'humour et pas de la préciosité.

Entre Paris et Inde, dans une vie sans passion et pleine de doute qui nous gêne presque pour le narrateur, il y a pourtant quelques beaux portraits comme celui du fennec rouquin, le propriétaire d'un hôtel de Pondichéry qui se pique d'écrire. J'ai aussi aimé la description de son fils un ado assez antipathique dirigé par sa copine qui porte le pantalon. Bref, certains passages sont drôles mais Fargues fait trop vite disparaitre ces personnages.

Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais on passe des moments amusants.

Tout cela est un peu limite pour en faire un roman.

Pierre Poupon - - 48 ans - 23 janvier 2013


Solitudes successives et manque d'inspiration 6 étoiles

La succession d'échecs finit par peser, isoler, déboussoler, où qu'on se trouve et qu'on décide d'aller. C'est un peu la morale de ce livre court et léger, dans tous les sens du terme. Ces déboires à répétition plombent la créativité ; et ce roman-même en pâtit, au point que le questionnement du miroir, du degré d'autobiographie est inévitable.
Ce livre désabusé manque de souffle et respire l'ennui, alors que l'idée générale, assez bonne en soi, aurait pu donner quelque chose d'intéressant, avec un minimum d'analyse et des descriptions un peu plus creusées, ce que cet auteur sait faire, d'habitude. Là, il y a une panne, un manque de verve pour un sujet qui en valait pourtant la peine.

Veneziano - Paris - 47 ans - 22 mars 2012


indigeste toi même! 1 étoiles

J’ai acheté ce livre suite à l'émission "la grande librairie" où Nicolas Fargues se plaignait du manque de connivence entre les auteurs, cette sorte de compétition que l'on retrouve dans tous les corps de métiers créatifs et qui implique le chacun pour soi. Après lecture je comprends mieux...
Nicolas Fargues, c'est du Anna Gavalda, des histoires simples, des introspections de personnages mais écrit par Bernard Werber, c'est à dire avec tous les détails, mais tous … Connaissez-vous "les nappes de table en polyméthacrylate de méthyle», ou " ma planche en polychlorure de vinyle"...à moins d'être chimiste on peut difficilement s'intéresser à la composition des verres en plastique d’un roman . Il fait 21 lignes sur une pelle et une balayette placée sous l’évier, alors soit vous lisez lentement et vous appréciez le ralenti soit vous lisez très, très, très vite pour récupérer la vitesse normale d’action. quand il fait l'amour à cette fille c'est d'un romantisme: on dirait une autopsie.

Je pense que Nicolas Fargues est un autiste atteint du syndrome asperger, obligé au détail infime, contraint à une justesse de mot hors du commun ou alors c’est un effet de style …

Autre déconvenue, que j’espère n’être qu’un trait de caractère du narrateur et non de l’auteur, il ne doute jamais des sentiments et pensées d’autrui, chaque gestes, chaque rictus ou mouvement de sourcils est analysé et donne lieu à interprétation sur l’intention du personnage, il n’a jamais de questionnement, c’est sa vérité, personnellement je n’ai pas été convaincu par toutes les interprétations , on a tous connu des quiproquos qui vous ont fait douter des intentions d’autrui, ou des hommes qui pensaient qu’un simple sourire est forcément une « ouverture » ; cette propension à tout savoir sur les pensées d’autrui m’a gêné profondément ;

bon, cela se veut être de l'humour, mais le fait-il exprès? je voulais lui donner une autre chance parce que c'est mon premier roman de Nicolas Fargues mais je n'ai pas le courage...
j'ai mis plus d'une semaine pour avaler ce truc de 150 pages, et il dit dans son roman que "houellebecq est indigeste" et bien je viens de m'en avaler trois en une semaine , merci m.fargues!

Valoo88 - - 56 ans - 14 mars 2012