Dans la grande nuit des temps de Antonio Muñoz Molina

Dans la grande nuit des temps de Antonio Muñoz Molina
(La noche de los tiempos)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Jlc, le 2 février 2012 (Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 450ème position).
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Discordance des temps

Automne 1936 : une gare de New-York, un prénom prononcé, un homme qui s’arrête, surgi d’un éclair de l’imagination d’Antonio Munoz Molina qui va nous raconter une histoire qui date de 73 ans sans vouloir pourtant en connaître l’avenir ou tenter de l’ignorer.

Automne 1935 : Ignacio Abel, la quarantaine avancée, est un architecte espagnol formé au Bauhaus de Weimar. Concepteur de la Cité Universitaire de Madrid, en cours d’achèvement, il est reconnu tant à l’étranger que dans son pays. Issu d’un milieu très modeste, sa réussite ne l’a pas trop éloigné de ses origines et il a toujours sa carte du parti socialiste et du syndicat. Marié sans passion à Adela qui l’adore mais dont la famille très aisée lui fait imperceptiblement sentir sa différence, il fréquente des artistes et des hommes politiques dont Juan Negrin, Pantagruel castillant qui deviendra ministre du Front Populaire. (Cette présence romanesque d’un personnage ayant existé ne signifie pas que l’auteur ait voulu écrire un roman historique mais, comme toujours chez lui, il situe, il date, il met en scène son récit pour l’ancrer dans sa réalité.). Ignacio « qui apprécie ce qui net et précis, fait à tous moments ce qu’on attend de lui ». Il mène « une vie sans envie » et sans le savoir il est disponible.
Cet automne là, il fait la connaissance d’une jeune américaine, dans la trentaine, Judith, « une femme vue de dos qui s’est retournée… blonde à la peau si claire », des yeux éclatants, une ombre de taches de rousseur. Ils ne savent pas encore que cette rencontre au début insignifiante va devenir un épisode décisif de leurs vies.
Mais l’automne 1935 à Madrid est une période cruciale, annonciatrice, sans que beaucoup le perçoivent, de désastres. La qualité de ces deux êtres, la fureur de ce temps-là va faire vivre à ces amants-là un amour qui ne sera jamais un médiocre adultère.

Munoz Molina montre une fois encore, la richesse de son talent époustouflant qui le fait ici mélanger les genres et les temps, décrire un amour qui naît et s’épanouit tout en racontant ce que fut cette époque telle que la vivait un Madrilène presque ordinaire.

Il y a le temps des amants, toujours mesuré, jamais suffisant, paradis inattendu où « mentir s’avère facile » quand on sait vivre « deux temps simultanés », c’est à dire avoir une double vie et la cacher à celle qui ne sait rien, ne se doute de rien et donc ne souffre pas, aveuglée par son amour absolu comme est aveuglée une population qui refuse de voir la violence qui s’installe chaque jour un peu plus. C’est le temps des rencontres toujours trop courtes, le temps des moments volés, la maison de rendez-vous où une tenancière obscène n’altère pas l’innocence de cet amour. C’est le temps du désir fou, jamais vraiment assouvi. Un amour que « le mensonge ne salit pas encore ».
C’est aussi le temps du manque quand le travail ou les obligations familiales d’Ignacio les séparent. C’est le temps qu’on prend pour écrire des lettres, compensant ainsi « par des mots écrits le vide du temps qu’ils ne passaient pas ensemble ». C’est, pour lui, « la vaine durée du temps sans elle ».

Mais ce temps des amants s’insère dans une histoire en marche vers un destin inéluctable et que l’on croit encore enchanteur. L’Espagne est au bord de l’explosion qui pourtant tarde à venir. Ce pays est celui des « projets avortés » dont parle l’intellectuel Ortega y Gasset, et c’est pourquoi Ignacio se bat pour terminer au plus vite la Cité Universitaire qui n’est encore qu’un « désordre de l’inachevé ». L’inquiétude latente devient physique quand le port du pistolet est une banalité avant de devenir une nécessité.
Munoz Molina désigne les phalangistes « les autres », sorte de masse anonyme qui ne mérite pas d’être nommée, mais refuse tout manichéisme. A Madrid, « ville des enterrements et des corridas » trop souvent plongée dans le noir, « les pas et les coups étaient de nouveaux annonciateurs de panique ». « Certes un pays peut tout supporter, même la révolution, mais pas le désordre permanent et sans signification ». Comme le dit un des personnages importants, Allemand ancien professeur au Bauhaus, échoué en Espagne après la montée du nazisme et une expérience amère dans l’URSS de Staline : « Personne ne veut rien voir et celui qui a vu se tait et fait tout son possible pour oublier ».

Le temps des amants et le temps de l’Histoire vont se désaccorder car on ne peut plus se référer à ce proverbe espagnol qui veut « donner du temps au temps ». « Tout plutôt que ce temps d’attente », la révolution plutôt que le désordre, la séparation plutôt que les cachotteries. Nous sommes passés des nuits frénétiques aux nuits dangereuses. Le début de l’insurrection conduit les miliciens de gauche à perquisitionner avec l’aide d’un concierge, hier obséquieux, aujourd’hui délateur zélé, réquisitionner, contrôler sans cesse, arrêter ceux qui paraissent suspects et bien souvent les exécuter. De l’innocence on passe à la complicité, ici être un bourgeois et donc un traître, là des amants culpabilisés. La victoire est toujours imminente mais jamais concrétisée. Les informations sont contradictoires. La violence est analysée par l’écrivain Jose Bergamin comme « la crue irrépressible de la juste colère du peuple » comme le serait sur un plan intime celle d’Adela découvrant la trahison de son mari. Ignacio Abel refuse d’admettre ce monde absurde et sanglant, écoeuré des meurtres quotidiens et gratuits, qui ne sont trop souvent que des assassinats lui qui a échappé à un de ces sanguinaires pelotons d’occasion. Une juste cause ne justifie pas toutes ces horreurs, quitte à passer pour tiède ou défaitiste. Il ne veut plus vivre non plus « une vie sans envie ». Ses errances dans Madrid en juillet 36, à la recherche d’un amour perdu, séparé de sa famille, égaré dans une ville qu’il ne reconnaît plus vont le conduire dans cette gare américaine. Déserteur, exilé, fugitif, vagabond ? Ou peut-être tout simplement personne, se souvenant peut-être de ce que lui a dit l’anarchiste qui l’arrête et à qui il montre ses cartes politique et syndicale : « Pour nous tu n’es personne. Tu es pire que personne. »

Antonio Munoz Molina signe un roman exceptionnel d’une richesse éblouissante et d’une superbe virtuosité. Ce qui aurait pu être un inextricable labyrinthe, tant les mêmes évènements sont racontés de façons différentes se révèle être une œuvre limpide d’une qualité littéraire remarquable. Le travail de traduction qui a du être complexe participe à cette réussite. Le récit est mené de main de maître et le lecteur est toujours intrigué. Munoz Molina est aussi un portraitiste perspicace et les pages consacrées à Negrin, à son beau père, ou encore au père de Judith sont des morceaux d’anthologie. La phrase est très travaillée, comme toujours chez lui, l’écriture ample comme ce fleuve Hudson que longe le train d’Ignacio Abel.
Molina a pris son temps pour mieux le retrouver. La fin, superbe, est écrite au futur, signe d’espérance ?

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Pavé rasoir

2 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 23 août 2013

Inutile de répéter ce qui a été si bien écrit avant moi en matière de résumés de l'histoire, mais je ne me souviens pas d’avoir lu livre plus rasoir !!! 1000 pages in-ter-mi-na-bles ! Après 100 pages, j'avais déjà envie de laisser tomber le livre. En outre, il n’y a pas de fin. Le lecteur est laissé dans l’incertitude. Tout ça pour ça, je suis dégoûtée.
L’auteur utilise un style extrêmement lent, se complaît dans les descriptions en tous genres, des sens notamment. Il multiplie les énumérations, les possibilités, les répétitions. Il décortique chaque instant au scalpel. Les phrases sont longues, les paragraphes kilométriques. Je suis soûle de mots !
Il décrit un personnage assez commun, plutôt lâche, tiraillé, qui attire peu la sympathie du lecteur. Et on ne peut même pas dire qu'on en apprend plus sur la guerre civile espagnole.

Hommes, femmes, guerre

9 étoiles

Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 30 ans) - 8 mars 2013

Considérations préliminaires: c'est un long roman, c'est une grande histoire (Histoire?). Soyez prévenus: vous rencontrerez circonvolutions et répétitions.

Dans la grande nuit des temps le prend, son temps. Pour dérouler l'histoire d'Ignacio Abel depuis sa peu tendre enfance jusqu'à son accomplissement en tant qu'architecte. Moins en tant qu'homme. Pour donner à voir le quotidien de Madrid, la vie sereine et la vie troublée. Antonio Munoz Mulina fait naître et croître l'amour dans un pays qui bientôt sera déchiré par des antagonismes, cristallisés dans une guerre civile.

L'écriture est grandiose (trop? pas à mon sens), les phrases jouent les prolongations. Le livre est dense. Je crois que j'aurais adoré le lire dans un train. Voilà, c'est un roman de train (mais pas de gare!), un roman à lire avec un paysage raccord qui défile derrière la vitre, avec les sentiments qui gonflent au fil des kilomètres, les horreurs de la guerre, la désolation, l'espoir. En sortant du wagon, le lecteur aurait le coeur plus plein, et le regard trouble.

Qu'en penserait Garcia Lorca

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 1 janvier 2013

En 1936 à New York, Ignacio Abel, brillant architecte madrilène nourri aux sources du Bauhaus, fuit la guerre d’Espagne en acceptant une invitation comme professeur dans un collège et comme architecte pour la construction de la nouvelle bibliothèque de cet établissement. Dans le train qui le conduit vers Rhineberg où est installé ce collège, Il se remémore les derniers mois qu’il vient de vivre, l’explosion de son couple, la disparition de sa maitresse, la guerre qu’il a traversée sans chercher à y prendre part, la liquidation de son ex professeur allemand, la femme qu’il a abandonnée, ses enfants, ses amours, ses amis, sa carrière. Mais il recherche surtout Judith Biely, la maitresse qui l’a laissé tomber à Madrid avant qu’il quitte son pays pour rejoindre les Etats-Unis, et croit la voir dans toutes les jolies femmes évoquant vaguement sa silhouette.

Dans ce vaste récit Antonio Munoz Molina propose une intrigue plutôt maigre et franchement banale : les pérégrinations d’un intellectuel délaissant son épouse pour une femme plus jeune qui le laisse en plan parce qu’il ne fait pas un choix clair et définitif, sur fond de situation politique déliquescente conduisant l’Espagne vers la tragique guerre civile de 1936. Une histoire banale mais une construction savante, une suite de tableaux, des morceaux de vie, des bribes de souvenirs, qui reviennent à la mémoire du narrateur comme des associations d’idées laissant le soin au lecteur de replacer les pièces de ce puzzle dans le bon ordre pour reconstituer les aventures de ce trio rituel et les événements qui ont agité l’Espagne à cette époque. Il y a dans la vie de ce couple partant à vau l’eau qui, de toute façon, ne pouvait plus durer très longtemps car les deux époux venaient de milieux trop différents, comme une parabole de l’Espagne coupée en deux parties trop différentes pour faire une seule nation rassemblant un peuple uni.

On peut diviser ce livre en deux parties : une première où les tribulations du trio prennent la place principale du récit, en utilisant la situation politique et sociale en Espagne comme toile de fond de cette intrigue, jusqu’au moment où ce trio explose, le mari quitte son épouse, l’épouse tente de se suicider et la maitresse délaisse son amant ; et une seconde partie où l’agitation devient de plus en plus belliqueuse entraînant le pays vers une situation de guerre civile qui devient alors le sujet principal du récit. L’auteur promène ainsi son héros sur tous les théâtres de ce conflit protéiforme pour bien faire comprendre au lecteur ce que fut cette guerre imbécile conduite par des incompétents veules et sanguinaires, plus capables de fusiller des citoyens sans défense que d’organiser un semblant d’armée pour combattre le fascisme ; républicains et fascistes se rejoignant dans la même sauvagerie belliqueuse sans espoir de trouver une solution acceptable pour les populations martyrisées.

Une lecture très affûtée des événements, une lucidité jamais prise en défaut par une quelconque pollution politique, un recul toujours suffisant pour interpréter les faits et les comportements avec la plus grande sagacité. Le récit se déroule presque uniquement dans le clan des républicains et donne tort sans réticence aux fascistes mais n’arrive pas à donner raison aux républicains qui ne sont bons qu’à brailler en défilant bruyamment et faire des rodomontades n’impressionnant que les pauvres citadins cherchant seulement à survivre ; miliciens et autres combattants sont tout à fait incapables d’organiser le moindre pouvoir armé pour conduire une véritable lutte contre les forces du mal. « Je ne crois pas que l’histoire aille dans une direction, ni qu’on puisse construire le paradis sur terre. Et même si c’était possible et que le prix à payer était un grand bain de sang plus la tyrannie, cela me semble trop cher payé ».

C’est aussi une description de l’opposition entre deux Espagne : celle du sud traditionnelle, catholique, conservatrice, attachée aux privilèges anciens, l’Espagne des grands propriétaires aristocratiques et des chefs militaires ; et celle du nord, plus moderne, industrielle, ouvrière, républicaine, ouverte aux idées nouvelles. L’Espagne de la famille de sa femme issue de l’aristocratie contre celle de sa famille disparue : son père mort sur un chantier, sa mère devenue concierge pour payer son éducation. Un raccourci pour expliquer en partie les origines du conflit qui a ensanglanté l’Espagne en 1936.

Et une conclusion acide et désabusée : la révolution ne mènera jamais à rien, la victoire de n’importe lequel des deux camps ne peut que conduire l’Espagne dans le néant, seule une véritable entente politique pourrait réconcilier les deux camps mais les antagonismes sont bien trop forts pour que cela soit possible. « Chacun justifie comme il peut les comportements dont il a honte. Les seuls qui ne soient pas coupables, ce sont les innocents sacrifiés, et on ne veut pas non plus être l’un d’eux. »

Difficile de parler de chef d’œuvre comme beaucoup l’on fait, du moins dans la traduction française, pour évoquer ce texte long, long, trop long, lent, lent, lourd, l’histoire progresse bien plus lentement que les événements décrits ce qui provoque, pour certains lecteurs, un décalage entre le récit et la réalité historique laissant une partie de l’intensité celle-ci dans la bataille. Une certaine emphase, quelques maladresses dans certaines phrases pourtant souvent fort bien construites, effet de la traduction peut-être qui n’a pas toujours lésiné sur l’utilisation des qui, que, qui… et qui a parfois aussi cassé le rythme et la musicalité de certains passages. Au début, j’ai eu aussi un peu de difficulté à faire la différence entre le narrateur et le héros, j’ai même eu l’impression que le narrateur était le héros et que le roman était écrit à la première personne, il m’a fallu un peu de temps pour mesurer la distance qu’il y avait entre les deux.

Malgré ces petits défauts, c’est tout de même un grand livre, la maestria du l’auteur dans la conduite de son récit est tout à fait remarquable, sa lucidité et son impartialité politique sont impressionnantes mais avec deux cents pages de moins ce serait certainement un chef d’œuvre, à trop vouloir embrasser…

un chef d'oeuvre exceptionnel

10 étoiles

Critique de Peuta (GRENOBLE, Inscrit le 25 juillet 2005, 49 ans) - 28 décembre 2012

1936 en Espagne, les insurgés franquistes se lèvent contre le Front Populaire. C'est le début de la Guerre d'Espagne. Ignacio Abel, architecte aux commandes du chantier de la future université de Madrid, est quelqu'un de progressiste, installé "confortablement" dans sa vie bourgeoise qu'il partage avec sa femme, issue d'une famille catholique de droite, et ses enfants. L'arrivée du conflit, les incertitudes qu'il génère pour tous au quotidien, l'horreur qu'il finira fatalement par véhiculer jusque dans les rues de Madrid, vont pousser Ignacio à émigrer, quitter femme et enfants, en acceptant l'invitation d'une université américaine. Le roman s'ouvre d'ailleurs sur l'arrivée d'Ignacio dans le hall de la gare de Pennsylvanie.

Mais que fuit réellement Ignacio ? Ce conflit qu'il abhorre ? Une guerre dans laquelle il n'a sa place ni d'un côté ni de l'autre ?
Pas que.
Sa vie a été tout autant chamboulée par les événements que par sa relation amoureuse avec Judith, une jeune américaine.
Relation amoureuse passionnelle et sans issue, contexte dramatique, tous les ingrédients d'une grosse meringue sont réunis et pourtant vous avez entre les mains un véritable chef d'œuvre. La construction enchevêtrée de la narration entre le passé, le présent, le conflit, Ignacio et sa femme, ses enfants, ses promesses non tenues, ses remords, sa passion pour Judith, tout est d'une intelligence et d'une crédibilité proprement ahurissantes.

Antonio Munoz Molina ne fait ni un roman historique de guerre, ni un roman d'amour, il écrit une œuvre complète, magistrale, à la fois un cri d'alarme pour nos sociétés actuelles en crise, terreaux pour tous les fanatismes crétins et dangereux, ainsi qu'une vision, cette fois intemporelle, de la vie amoureuse, de ses concessions, ses absurdités, et sa violence non moins destructrice que celle des armes.

Merveilleusement traduit, un monument.

Déçue, mais non par le roman

6 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 17 novembre 2012

Tout aurait pu faire de cette rencontre avec ce livre le début d'une période formidable, où constamment en tête on garde des flashs de cette couverture intrigante et apaisante, où l'épaisseur du bouquin tient plus de la réjouissance que de l'inquiétude. Sortir du cocooning de notre vie pour se jeter dans celles d'un homme dont le destin est conté et compté, qui a traversé une période considérée comme révolue de l'histoire, celle de la guerre civile Espagnole. Distance et proximité, deux tenants de notre relation avec lui, cet être qui à lui seul arrive à représenter l'authenticité d'une nation, de ses conflits politiques, de ses enjeux culturels et démocratiques. Lui, escorté de ces intellectuels et artistes d'époque ; heureusement, un judicieux lexique est apposé au livre, afin de prendre connaissance de qui sont concrètement les personnages réels dont on parle ici.
Les phrases alambiquées s'éternisent pour notre plus grand bonheur, car elles portent avec elles l'espoir d'une rencontre, d'une surprise, d'un revirement de situation. Le style vibratoire de Molina nous fait frissonner, les éléments de l'intrigue distillés peu à peu interpellent.

Et pourtant, je n'ai pas réussi à embarquer. Pris séparément, j'ai adoré tous les éléments de ce livre.
Les retours incessants dans le passé, le présent et le futur, ont peut-être eu raison de mon flegme. Je ressors extrêmement déçue de ce livre, mais plus par moi que par l'auteur. Un mystère. Aussi, j'encourage tous ceux qui auront un jour entre leurs mains Dans la grande nuit des temps à se jeter dedans et à découvrir si ce livre est fait pour eux.

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