Ce qui s'endigue
de Annie Cloutier

critiqué par Libris québécis, le 4 février 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Vie au féminin dans les Pays-Bas
Avant 1960, au Québec, le champ de l’enseignement était interdit aux femmes mariées. Annie Cloutier s’est donc intéressée à la vie conjuguée au féminin, en occurrence dans les Pays-Bas, dont elle trace un tableau voisin du documentaire sous un titre peu accrocheur. Au-delà des frikandelles et du stamppot, elle examine de nombreux aspects de la vie néerlandaise, soit du système scolaire à la colonisation de l’Indonésie.

Dans un parallélisme qui devient lassant, le roman suit l’itinéraire de deux amies nées le même jour à Delft. Angela s’est établie à Jakarta pour promouvoir les produits équitables avant d’entreprendre, au mitan de la vie, des études en médecine. Anna, comme gynécologue, se fait l’ardente défenderesse de la césarienne. Pourquoi la femme n’aurait-elle pas recours à la science médicale pour s’épargner d’insupportables douleurs ? Les sentiers parcourus ont tenu les héroïnes à distance, mais le temps les rattrape pour meubler leur vieillesse de la plus belle des amitiés.

Comme les digues ont empêché la mer de rayer les Pays-Bas de la mappe, l’auteure conseille à la gent féminine d’ériger les leurs pour être citoyennes du monde à part entière. Avec une plume poétique, parfois rabattue par le vent de la tourmente grammaticale, elle découpe souvent sa prose selon les normes de la versification, sans autre but que d’occuper la surface de la page de façon différente.

À l’écart d'un féminisme grincheux, Annie Cloutier se détourne d’un éternel féminin qui n’ose pas s’assumer. Mais, malheureusement, son œuvre sent trop les effluves de la documentation aux dépens de l’art romanesque.