La chute de Berlin de Antony Beevor

La chute de Berlin de Antony Beevor
( Berlin : the downfall, 1945)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Jules, le 10 septembre 2002 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 513ème position).
Visites : 5 781  (depuis Novembre 2007)

Un excellent livre !

Le moins que l’on puisse dire c'est que ce livre vous apprend beaucoup de choses. Le sujet a beau être connu, cet ouvrage nous donne une vision des mouvements militaires, mais aussi du comportement des hommes de terrain, comme des enjeux politiques fixés par les parties en présence.
Antony Beevor nous montre bien que ces parties ne sont pas composées seulement des alliés d’un côté et des Allemands de l’autre. Chez les Allemands il y a de nombreuses luttes de clans, mais chez les alliés, il y en a aussi.
Nous pourrions dire que dans le clan des alliés il y a Staline et les autres. Mais ce n'est pas si simple ! En réalité il y a Staline contre Roosevelt, Staline contre Churchill, mais aussi Churchill contre Roosevelt, les Anglais contre Eisenhower etc.
Staline considérait tout simplement que Berlin revenait à l’armée rouge à titre de vengeance pour ce que les Allemands avaient fait subir au peuple russe lors de l’invasion de son territoire. Mais il considérait cela aussi comme une compensation suite aux très lourdes pertes subies par ses armées. Il faut avouer qu'elles ont bien été énormes par rapport à celles de ses alliés. Mais Antony Beevor prouve que cela était aussi dû au fait qu'il était bien moins soucieux de cet aspect du problème que ses alliés. Pour lui, les hommes ne comptaient que bien peu ! Tout était sacrifié à ses objectifs politiques.
Quant au peuple allemand, Antony Beevor nous le décrit comme littéralement terrorisé par l’arrivée des Russes. Il aurait tout fait pour pouvoir se rendre aux Américains. Mais c’était sous estimer l'absence de volonté politique américaine, la volonté de ne pas vouloir heurter Staline ainsi que le refus d’Eisenhower d'exposer ses troupes plus que nécessaire.
Cette ville tombera donc entre les mains des Russes et ce sera véritablement l'enfer pour les civils, surtout les femmes, mais aussi pour les militaires !
Antony Beevor nous montre deux dictateurs face à face. Etonnament, Staline a laissé davantage de liberté à ses maréchaux et généraux dans la conduite des combats qu'Hitler. Ce dernier régenta tout et aligna bourdes sur bourdes ! Au point qu'un de ses généraux ira jusqu’à dire que sans la mainmise d'Hitler ils n’auraient peut-être pas perdu la guerre !
Nous retrouvons celui-ci enfermé dans son blockhaus avec Eva Braun et quelques proches, comme la famille Goebbels et Martin Bormann. Quant à Himmler, il tentait une paix séparée avec les alliés occidentaux, aussitôt rejetée, bien sûr ! Il est d’ailleurs étonnant de voir le sommet de cette hiérarchie allemande espérer, jusqu'au bout, qu'il pourrait y avoir un « après-guerre politique » pour eux !… Ils attendaient cependant le suicide d’Hitler avec impatience, se rendant compte que seul cela pourrait mettre fin aux bombardements de la ville et aux massacres et viols collectifs dans tout le pays. Malheureusement, il faudra plus que cela !
Beevor nous dit aussi que, si les Allemands se sont battus avec autant de rage, c’était surtout suite à la peur des Russes. Cette peur était là en partie due à la propagande constante de Goebbels, déjà ancienne, contre ce peuple. Mais aussi parce que les militaires savaient très bien comment eux-mêmes s'étaient comportés lors de l'invasion de la Russie. Cela n'avait rien eu à voir avec le comportement qu’ils avaient eu dans nos pays de l’Ouest !
J’ai trouvé un plaisir de plus à lire ce livre un peu après « La saga moscovite » d’Axionov, car il m’a permis de vérifier à quel point ce dernier a vraiment respecté l'histoire.
Avec ou sans Axionov, ce livre se lit avec passion tant il est bouleversant et complet. Un très bon livre d’histoire, qui m’a vraiment paru tendre vers un maximum d'objectivité. et avoir essayé d’observer les choses au plus large possible, tant au niveau du terrain que du politique et du militaire.

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N’oublions pas 1945

8 étoiles

Critique de Colen8 (, Inscrite le 9 décembre 2014, 83 ans) - 30 avril 2020

Il y a 75 ans, les derniers mois, les derniers jours, les dernières heures du IIIe Reich sont reconstitués par un ancien officier britannique devenu historien, à partir des archives militaires, celles des services secrets, les témoignages des civils, des officiers, des soldats. Les derniers combattants allemands sont acculés par les offensives soviétiques à l’Est, celles des forces alliées à l’Ouest, toutes animées d’un féroce esprit de vengeance pour les souffrances subies et endurées précédemment.
En février à la conférence de Yalta Staline a su endormir le jugement d’un président américain Roosevelt très affaibli car vivant ses dernières semaines, pour s’octroyer la Pologne en dépit de ses promesses, préfigurant sa mainmise ultérieure sur toute l’Europe de l’Est. Pendant ce temps les armées se positionnent, en franchissant successivement la Vistule puis la ligne Oder-Neisse côté soviétique, tandis qu’à l’Ouest elles progressent au-delà du Rhin pour atteindre l’Elbe le 11 avril.
La dernière offensive dans la semaine du 16 au 23 avril est marquée par la course à qui entreront les premiers à Berlin encore peuplée début avril de 3 millions et quelques d’habitants. Certains dans l’état-major allemand et dans l’entourage proche d’Hitler, conscients de l’effondrement imminent mais redoutant par-dessus tout le bolchevisme ont vite tourné casaque, prêts à s’offrir aux américains sans plus craindre les représailles violentes auxquelles ils s’exposaient. La naïveté évoquée d’Eisenhower abusé une fois de plus par Staline laisse l’avantage à l’armée russe avec les conséquences que l’on sait.
La fin du national-socialisme intervient le 30 avril avec le suicide d’Hitler accompagné d’Eva Braun épousée la veille, dans le bunker aménagé sous la Chancellerie. Sa disparition gardée secrète un temps fera couler beaucoup d’encre avant qu’on ne l’identifie formellement par ses mâchoires. Peu d’entre ses proches le suivront sur cette voie, à l’exception du couple Goebbels et ses enfants. La reddition allemande avec les vainqueurs alliés occidentaux est signée sur l’Elbe le 8 mai, co-signée par le maréchal de Lattre de Tassigny.
Aux atrocités commises par l’offensive allemande sur les territoires russes en 1941 jusqu’au siège de Stalingrad vont répondre celles plus terribles encore de futurs vainqueurs. Elles montrent qu’il ne reste ni barrière ni retenue dans des comportements totalement inhumains à l’égard d’une infinité de victimes, femmes, enfants, civils, blessés, prisonniers coupables de s’être laissé prendre, déserteurs ou soupçonnés de l’être. Les viols collectifs ne se comptent pas qui donneront lieu plus tard à une vague d’avortements et d’abandons d’enfants.
Le récit extrêmement détaillé d’Antony Beevor est très évocateur des stratégies militaires adoptées avec plus ou moins de succès par les forces en présence, en les retraçant au fur et à mesure sur des cartes, sans oublier les bavures de terrain où les troupes se font massacrer par leur propre camp. Que dire du chaos général, de la panique totale frappant des combattants laissés sans vivres ni minutions paralysés par la peur, du sauve-qui-peut suscité par des millions de civils affamés jetés sur les routes pour se faire mitrailler tantôt par les aviateurs, tantôt par les chars.

Pour ne pas oublier ...

7 étoiles

Critique de Lejak (Metz, Inscrit le 24 septembre 2007, 50 ans) - 29 juillet 2009

Antony Beevor est célèbre désormais grâce à STALINGRAD et maintenant LA CHUTE DE BERLIN.
Ce livre foisonne, fourmille de détails, relatés par ceux qui ont fait la guerre, mais aussi ceux qui l'ont subie.
Je le conseille d'abord à ceux qui adorent l'Histoire, celle des grands moments mais aussi des petits évènements qui peuvent tout faire basculer. Le ton sait rester neutre et objectif. Peut-être les actes de viols commis par les troupes soviétiques, aussi horribles soient-ils, reviennent-ils peut-être un peu trop souvent dans la narration ... ?
Mais ce que j'ai apprécié avant tout, c'est de découvrir avec précision des passages historiques souvent mis de côté par la force médiatique d'autres grands évènements comme le Débarquement. Il en va de même pour STALINGRAD, pourtant tournant de la guerre 39-45.

A grand historien, grand Livre !

A mettre entre toutes les mains

10 étoiles

Critique de Math (, Inscrit le 9 août 2007, 42 ans) - 9 août 2007

passionné d'histoire ou non, ce livre plaira à tous. Ce livre m'a bouleversé, plusieurs sentiments se mélangent, le dégoût pour certaines unités nazis, la compassion pour les soldats des deux camps, la tristesse pour les civils et les femmes allemandes en particulier.

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