Lendemains de cendres : Cambodge 1979-1993
de Séra

critiqué par Dirlandaise, le 12 février 2012
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
La fin du régime de Pol Pot
Séra (de son vrai nom Phoussera Ing) est né à Phnom Penh au Cambodge. Dessinateur et scénariste de bande dessinée, il se consacre aussi à la peinture sous le nom de Phoussera. Il émigre en France en 1975 et obtient un diplôme de premier cycle en arts graphiques puis un DEA en arts plastiques. Il est chargé de cours de bande dessinée à l’Université Paris I. Je tire ces informations du site France Culture.

Le thème de cet album est bien sûr le Cambodge de Pol Pot. L’histoire débute en 1978 alors que le régime du dictateur est sur son déclin. Nhek est un jeune homme travaillant dans un camp en pleine jungle. Son frère a été recruté de force par les Khmers rouges et est sur le point de le dénoncer afin de gagner encore plus de confiance de la part de ses supérieurs. Mais les choses tournent différemment et Nhek réussit à échapper à ce piège tendu par son propre frère. Il retourne au camp mais bientôt, les soldats Khmers ordonnent l’évacuation du village car les Vietnamiens envahissent le pays. Nhek fuit avec les autres. Il rencontre sur son chemin une jeune fille blessée dont il prendra soin. La jeune fille guérie, le couple deviendra inséparable et c’est ensemble qu’ils traverseront la jungle pour finalement atteindre la Thaïlande après un mois de souffrances et de grandes privations.

Séra est un illustrateur absolument génial. Ses dessins sont d’une grande beauté, d’une douceur et d’une finesse incomparables. Ils sont admirables et les contempler m’a procuré un grand bonheur. Ses cadrages sont surprenants, variés et toujours bien réalisés. Les teintes sont sombres mais cela contribue à bien rendre l’atmosphère pluvieuse et brumeuse de la jungle cambodgienne. Pour les personnages, ils sont magnifiques. Les gros plans de visages expriment toute la dureté des soldats et le découragement des travailleurs. Le trait est admirable, certains dessins sont de véritables chefs-d’œuvre. La force d’expression des personnages est telle qu’on dirait qu’ils sont vivants et qu’ils nous regardent du fin fond de leur misère. C’est d’une tristesse infinie.

Séra raconte la fin du régime de Pol Pot et l’occupation vietnamienne qui a suivi la chute des Khmers rouges. Le tout est un peu confus et il est bon de connaître un peu cette période pour s’y retrouver aisément. L’album est préfacé par Bernard Kouchner et Séra a ajouté en fin de volume une série de dessins réalisés lors de son retour au pays en 1998.

Un album admirable à tous points de vue.