La retraite sentimentale
de Colette

critiqué par Lobe, le 10 mars 2012
(Vaud - 30 ans)


La note:  étoiles
Douceur.
J'ai lu ce livre voilà un mois et j'ai hésité à en faire une critique; j'ai renoncé en me disant que mes mots seraient trop faibles et inadaptés, mais aujourd'hui je cède. Parce que je m'en souviens encore, que je l'ai feuilleté dans une librairie hier, et que si je peux amener une seule personne à faire de même, je me sentirais "enchaleurée". La narratrice (Claudine, puisque La retraite sentimentale clôt la série des Claudine) vit isolée dans une maison de campagne (dans un lieu que j'ai oublié, ravages du temps & d'une mémoire flottante), loin de celui qu'elle aime. Elle pense et se promène, décrit la nature insolente, parle avec Annie, aux longs cils souvent baissés, qu'émeuvent trop les hommes. Colette impose ses portraits ouatés, l'écoulement du temps et la pertinence des caractères insaisissables, parce trop humains. Ça n'est pas un grand livre, une épopée marquante ou un ébranlement: il n'a d'autres prétentions que de nous extraire pour un temps de l'agitation dure qui fait -pour beaucoup- le quotidien.


"Un froissement doux, un chuchotement monotone, mais expressif, presque syllabé, contre les volets clos, m’éveille progressivement… je reconnais le murmure soyeux de la neige. Déjà la neige ! elle doit tomber en flocons lourds, d’un ciel calme que le vent ne bouleverse point… Vertical et lente, elle aveugle l’aube, elle suffoque les enfants qui vont à l’école et qui la reçoivent nez levé, bouche ouverte, comme je faisais autrefois…
Et la nuit ironique m’a comblée de rêves ensoleillés, puérils, de rêves faciles et vides où il n’y avait que mon enfance, l’été, la chaleur, la soif…"